Une théorie du droit à l'image servant l'application de l'effet papillon

» Critique de l'anime Photokano par Kanapeach le
05 Janvier 2014

Photokano, cette série sous-estimée, lâchée et même oubliée d’une année 2013 riche en grosses productions (Diabolik Lovers, Hiiro no Kakera...). Devant une telle injustice je ne pouvais rester silencieux, c’était un devoir que de rétablir la vérité et rappeler au public trop vite parti toutes les qualités d’une série qui n’a pas fini de faire rêver. Jugez plutôt.

En partant sur le même postulat qu’une série que l’on qualifiera tous ici de maîtresse, le bien nommé « Amagami SS », Photokano en reprend les meilleurs éléments tout en apportant une véritable touche d’originalité bienvenue et bien pensée. C’est-à-dire que vous prenez un mixeur, vous y mettez Amagami SS et Amagami SS + (rimant avec « deux fois plus de plaisir »), rajoutez un appareil photo et le tour est joué. Franchement, si ça ne donne pas envie, je ne comprends plus.

Je parlais des meilleurs éléments, à commencer par le casting. Le personnage principal, théoricien contemporain à la fibre artistique insoupçonnée, maniant son Reflex mieux que le commun des touristes japonais venus passer une semaine à Paris, est à lui seul une ode à la fondamentalité de la garantie des droits inscrite aujourd’hui dans les textes les plus importants en termes de hiérarchie du droit de nos sociétés. Misant sur la typologie des droits et des libertés actuelles (à savoir les libertés physiques, intellectuelles et sociétales), il nous offre une représentation animée des problèmes accablant l’ordre actuel au moyen de la photographie. A savoir la taille des boobs, la coupe de cheveux et la longueur des jupes des lycéennes. Car se pose à lui un dilemme. Usant de sa fantastique capacité à attirer la gent féminine, nous voilà au cœur d’un problème idéologique où ce héros des temps modernes va devoir choisir entre 6 ou 7 jeunes vierges en recherche de l’amûr.

La problématique est de taille, chacune de ces muses d’un épisode proposant leur propre atout : voix mélodieuse sonnant à mes oreilles de la même manière que la partie screamo d’une chanson de Chomp Chomp Attack, obus mammaires supplantant les plus belles poitrines de la création, capacité à sauter avec grâce le salto arrière piqué sur une composition de Beethoven. Des atouts de taille mêlés parfois à un profond sentimentalisme que notre compagnon masculin ne peut nier. Comment rejeter cette amie d’enfance idole du lycée n’ayant souhaité qu’attirer le regard lubrique de ce même héros ? Comment accepter ce rapprochement involontaire et proscrit par des lois peut être trop restrictives en matière d’inceste ?

Photokano ce n’est pas cette simple série grossièrement qualifiée de harem par des spectateurs qui se sont limités à un visionnage sans double pensée philosophique nécessaire à l’appréhension complète de la complexité apportée par ces 12 épisodes. Auquel cas ils auraient mentionné cet inlassable retour à une case départ et le choix d’une autre fille à chaque retour. C’est l’application concrète de la théorie de l‘effet papillon, une simple phrase de plus avec l’une de ces 6 déesses à l’esprit bienpensant et c’est tout un avenir qui se voit basculer. Le message est là, Photokano est une mise en garde à l’espèce humaine qui ne prend pas le temps de réfléchir aux répercussions d’une action ou d’une non-action à l’apparence usuelle, il réalise une forme d’universalité et pose les jalons des droits de tous les hommes qui sont égaux en dignité dans leurs choix. Sans oublier le message évident que j'évoquais plus tôt à propos des différents droits, droit à la vie privée notamment incarné par le droit à l'image et la reproduction de photographies nécessairement consenties.

Outrepassant des limites budgétaires empêchant la mise en exergue d’un chara-design léché, d’une animation dynamique, d’un générique entraînant, d’un doublage prenant, d’une histoire construite, de musiques retentissantes, l’œuvre que je vous décris ici atteint un nouveau seuil d’appréciation qualitative. Finie l’heure des qualificatifs, venu est le temps du simple ébahissement devant un génie qui dépasse l’entendement général.

Remerciant mon maître de conférence de Théorie générale des libertés fondamentales sans lequel je n’aurais peut-être pas pu saisir l’ampleur d’un visionnage ayant définitivement bouleversé ma conception de l’animation japonaise, je tenais à saluer les efforts de ce studio à l’avenir prometteur. A n’en pas douter une expérience enrichissante.

Non je déconne.

Verdict :3/10
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A propos de l'auteur

Kanapeach, inscrit depuis le 10/08/2011.
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