The vision of Escaflowne fait parti de ces séries qui marquent en bien comme en mal. Mais que ce soit pour l’un ou pour l’autre sa grande force est sa personnalité qui s’affirme même dans ses plus grands défauts. Voilà ce qui en fait une production mémorable et inimitable.
A priori somme toute assez banal, le scénario laisse craindre une énième histoire d’amour d’adolescentes, mais il n’en est rien au final. Enfin, je modère ce que je viens de dire à l’instant, car il y a bien histoires d’amours, mais celles-ci ne sont que l’un des riches aspects de la série. De plus c’est un thème assez bien traité au final, évitant (presque) les prises de têtes.
En fait Escaflowne ne cesse de naviguer entre deux rives. L’une dira-t-on est très terre à terre, assez banale mêlant combats de Mechas somme toute assez classiques dans le style et, histoire de coeur de filles. Mais Escaflowne ne serait pas Escaflowne, s’il n’y avait cette deuxième partie avec ce mélange de mysticisme, de mythologique, de féodalisme et de scènes dramatiques particulièrement prenantes, le tout magnifié par sa musique. Ainsi, le parcours d’Hitomi et consorts au sein de la planète Gaia est parsemé d’éléments, de flash-back, de visions, pas forcements essentiels de prima bord, mais qui s’avèrent former un tout indissociable au déroulement scénaristique très riche, bien plus que ce que l’on peut penser au départ.
C’est ce deuxième aspect qui élève la série au rang des classiques du genre, ou l’ennui ne tient qu’une place très minime dans la trame qui nous est proposée.
Escaflowne est sans nul doute classable dans la série des mechas. Patte Sunrise oblige, (ce studio est « labellisé » Gundams) ceux-ci respecte les codes du genre. Est-ce en mal ou en bien ? Me concernant, je n’apprécie pas véritablement ce style, donc mon cœur penche pour la 1ere réponse. Maintenant, il faut aussi reconnaître pour ma gouverne, qu’ils n’apportent pas grand-chose au développement de l’action et ont un impact assez minime sur le scénario.
A ce propos, je n’ai pas saisi le pourquoi de l’importance de l’Escaflowne, alors qu’il est l’objet de tant de convoitises. A noter que la notion « d’esthétisme » du design des méchas ne s’applique qu’à l’Escaflowne au niveau des armures, les autres mechas bénéficiant d’un traitement somme toute assez banal.
Evoquons maintenant le style. Celui-ci est la grande faiblesse d’Escaflowne sans aucun doute. Bien entendu la série accuse son âge, et finalement quoi de plus normale pour une série vieille de 10 ans. Par contre le style graphique et ce, notamment concernant le charadesign, accuse furieusement le coup assené par des choix artistiques douteux. En effet, que dire des personnages sinon qu’ils sont tout simplement laids. Une laideur accentuée par un choix d’appendice nasale très allongé, et un ensemble de traits formant des visages dénudés de la moindre trace de charisme.
Là encore l’on touche au problème principal d’Escaflowne. Ses personnages ne sont tout simplement pas à l’hauteur du scénario qui leur est proposé.Dans un certains sens je dirais qu’ils sont à part égale force et faiblesse de la série. Tous assez charismatiques, ils sont parfois délaissés scénaristiquement, on aimerait mieux les connaître, connaître leur passé et leur psychologie avec plus de détails. Bien sur ce manque d’information contribue à créer cette aura que j’évoquais plus haut, mais certains auraient vraiment eu à y gagner. Le personnage de Hitomi quant à lui reçoit la bonne note de la série, de part un caractère et des réactions très bien travaillées à ce niveau.
Cela étant l’on ne peut que déplorer ce traitement un peu alambiqué des protagonistes d’Escaflowne, alors que la série offre en de nombreuses occasions la possibilité d’un développement plus conséquent de cet aspect.
Même si l’animation est parfois quelque peu statique, elle peut parfois varier aux antipodes de cet immobilisme. De même les couleurs vieillissantes ternissent un peu la peinture proposée.
Par contre là où Escaflowne surpasse les séries du même genre c’est dans la mise en scènes. Visiblement bien étudiée, avec des cadrages, mais surtout des découpages de scènes étonnamment très percutants, s’intégrant à la perfection à la musique.
Concernant la musique de la série, il est bon de rappeler que celle-ci est composée par l’un des grands noms de la musique Japonaise Yoko Kano. Si je suis plus circonspect quant à l’intérêt de ses productions hors contexte, je dois reconnaître qu’elle excelle dans le mariage Musique – Animé. Yoko retourne à la source de ce que doit être la musique dans l’animation, à savoir non pas un vulgaire accompagnement masquant le vide d’une série, mais bien un acteur à part entière de celle-ci.
Et cette compositrice l’a parfaitement compris. Ses productions envoûtantes transcendent les images à tel point que l’on a parfois l’impression qu’elles deviennent des actrices à part entière de la série, capable d’influencer le déroulement de telles ou telles scènes. Escaflowne, n’échappe pas au génie de Yoko Kano, et nous offre ainsi des moments aux sonorités médiévales d’une rare intensité.
Antérieur à la grande production de Sunrise, Cowboy Bepop, The vision of Escaflowne fait partie des séries majeures des années 90 comme sa benjamine. Toutefois, si elle n’arrive pas à la suivre dans la perfection « animestique », elle n’en demeure pas moins un très bon coup d’essai au final.