Wakfu- The French Touch

L’univers de Wakfu se compose avant tout d’un mmo à succès visant un jeune public. Le succès appelant à diversifier cet univers et les films et séries World of Warcraft tardant à sortir le studio Ankama c’est naturellement dit qu’il y avait la un filon à exploiter. Chose faite avec deux saisons de Wakfu et une cinquantaine d’épisodes.

La série comme le mmo vise avant tout les 10-14 ans mais comme c’est quand même 100% français (cocorico quoi !) donc je me suis dit que ça pouvait mériter un coup d’œil, sceptique certes car je n’ai jamais touché à ce mmo, mais un coup d’œil quand même.

L’histoire nous raconte donc les aventures de Yugo qui, contrairement à ce que raconte le générique, n’est pas un héros malgré lui - loin de la - et de son groupe de compagnons. Yugo, 12 ans, se découvre le pouvoir de se téléporter via des portails, il est le cliché typique du jeune garçon héroïque qui se découvre des pouvoirs extraordinaires et part à l’aventure. Il a bien sûr un objectif concret qu’il perd rapidement de vu pour aider la veuve et l’orphelin en chemin. Il est accompagné d’Amalia, une sorte de dryade et un cliché de princesse emmerdante cherchant l’aventure, de Tristepin, un cliché de jeune chevalier aventureux et idiot qui possède une épée renfermant un démon incontrôlable et de Ruel Stroud un cliché de vieux chercheur d’or radin et avide.

Alors que les clichés s’empilent arrive le personnage d’Eva, une elfe guerrière/archère qui sert de garde du corps à la princesse. Aussi habile au combat qu’astucieuse elle sort souvent le groupe des mauvais pas tout en leur sortant des répliques assassines. Elle est la bouffée d’air frais dans ce ramassis de stéréotypes.

Le scénario de la première saison tourne autour des manipulations d’un sorcier fou, Nox, voulant faire mumuse avec un artefact surpuissant afin de remonter le temps. Problème, cela fera disparaitre le monde que connaissent les héros et eux avec. Le méchant est plutôt bien développé et, contrairement à certains des héros, échappe à la caricature. Par exemple on comprend qu’il est fou non pas parce qu’il rigole bêtement tout seul en parlant de ses plans trop démoniaques, mais parce qu’il cherche à se justifier et par la même nous expose toute l’aberration de son résonnement, sa perte progressive d’humanité et de contact avec la réalité.

Nox cherchent donc à remonter le temps pour empêcher la mort de sa famille et pouvoir reprendre le cours de sa vie avec elle. Mais contrairement à la plupart des personnages de fiction voulant remonter le temps, Nox ne désire pas se téléporter à une autre époque pour changer le cours des événements. En effet empêcher la mort de sa femme et de ses enfants ne permettra qu’à cet autre Nox du passé de vivre en paix. Tandis que notre Nox est guidé par un but profondément égoïste, reprendre le cours de SA vie et non pas améliorer celle d’un autre lui-même. Pour cela il doit donc ramener l’ensemble du monde à un état antérieur et pas juste se déplacer dans le temps. Une action qui demande une quantité astronomique de magie, magie qu’il va donc voler aux être vivants, génocidant ainsi forêts, peuples et espèces sans le moindre scrupule car, selon sa logique, s’il remonte le cours du temps tout cela n’aura pas eu lieu. Il refuse donc le droit de vivre aux autres sous prétexte que bientôt ils cesseront d’exister si son plan marche. Par bien des cotés, Nox est le personnage le plus marquant de Wakfu.

Malgré les blagues lourdaudes et des épisodes bouche-trous l’histoire et surtout sa conclusion épique et sombre se révèle plus mature que ce à quoi l’on pouvait s’attendre et les personnages finalement assez attachant.

La deuxième saison attaque fort avec trois épisodes centrés sur l’elfette Eva qui passe en mode badass lors d’une quête solitaire. Suivi d’une histoire de trahison de complot et surtout d’une invasion démoniaque dotée de la mise en scène la plus épique sans doute de la série.
En parlant des démons ils sont appelés des shushus et ils viennent d’une autre dimension, la shucrute.… hé ouai fallait oser. Mention spéciale au seigneur des démons et à ses répliques souvent hilarantes.

Dans cette seconde saison, le délire est plus présent mais aussi plus assumé et mieux intégré au sérieux de la trame principale. Les méchants sont en revanche un peu en deçà de la première saison avec un roi démon incarnant fidèlement la violence et la destruction mais sans développement. Et un autre sorcier fou faisant penser à un Nox au rabais avec une histoire un peu trop similaire même si ce n’est pas la perte d’être chère qui l’a conduit à la folie mais l’immortalité et le trop plein de souvenir qui en découle. Cela mène tout de même à quelques réflexions intéressantes et d’ailleurs dans l’univers de Wakfu le mal semble être systématiquement synonyme de folie, de désordre mental aggravé sauf pour les démons chez qui il est juste naturel. Le mal ne serait donc pas inhérent à la nature humaine ? ^^

Avec son design coloré son animation plutôt dynamique et la bonne humeur de ses personnages Wakfu est une agréable surprise, un divertissement assumé qui s’essaye même au drame et s’autorise à mêler délire et sérieux dans son histoire, pas toujours avec brio d’ailleurs, mais qui reste toujours de qualité. Donc 8 car se fut une très agréable surprise.