Majora's Mask, où comment faire un jeu pour drogué dépressif à tendance masochiste.
Il s'agit sans aucun doute du jeu le plus frustrant auquel j'ai joué.
Au début du jeu, vous incarnez un Link puissant et héroïque. Le jeu étant la suite d'Ocarina of Time, vous êtes le héro de Hyrule qui a envoyer bouler le grand méchant Ganondorf.
En toute logique, vous attendez un peu de reconnaissance.
Voilà qu'en traversant une forêt coupée de tout, une sombre bouse d'Ocarina of Time vous vole votre équipement et vous vous retrouvez transformé en un truc inqualifiable, dont les pouvoirs sont
* se servir du polen pour s'envoler (jeu pour drogué, je vous l'avais dit)
* se moucher (je me passe de commentaires...)
Puis vous apprenez que vous avez 3 jours pour sauver le monde, vous atterrissez dans une ville fermée, vous avez encore votre épée mais vous ne pouvez pas la sortir, les gardes refusent de vous laisser sortir car votre épée fait grève et tout le monde vous insulte à vue. Vous avez juste envie de leur rappeler les atouts de votre CV qui déchirent, comme "héro de Hyrule", c'est quand même pas rien et ça mérite au moins qu'on vous respecte.... c'est beau la naïveté: ces gens là n'en ont rien à faire.
Je ne vous gâcherais pas le suspense, mais sachez que frustrations et pétages de cables vous attendent tout au long de cette merveille.
Pourquoi merveille?
Car malgré le sadisme des concepteurs, ou leur sens de l'humour un peu dérangeant, ce jeu demeure une grande réussite immersive.
C'est tout de même rare d'être pris à ce point dans un jeu vidéo qui a vraiment vieillit graphiquement et qui malgré tout arrive à vous plonger dans une ambiance rarement égalée.
Le décors dans lequel vous vous baladez est un mélange de psychédélisme et d'angoisse. Imaginez un cauchemar hallucinatoire que vous pouvez faire après 45 de fièvre... vous n'en êtes pas loin. L'ensemble des personnages que vous rencontrez semblent se morfondre dans une mélancolie générale, bien que peu de gens ont remarqué qu'une lune géante était prête à les écraser.
Au niveau de l'histoire, il s'agit d'une des plus grandes réussites de la saga avec "Link's Awakening". Cette histoire d'une originalité sans pareille vous propose de découvrir plus en profondeurs la richesse des nations préalablement inventées dans Ocarina of Time. Vous découvrez leur histoire à travers des personnages que vous pouvez incarner à volonté et dont vous achevez l'accomplissement de leur quête. De plus, l'histoire ne ce limite pas à sauver le monde. Vous devez également rendre à chaque nation que vous rencontrez la splendeur qu'elles semblent toutes avoir perdues.
De plus, les quêtes secondaires sont bien plus abouties que dans Ocarina of Time et sont vraiment nombreuses, ce qui allonge considérablement la durée de vie du jeu.
L'ambiance est au garde à vous, accentuée par une musique angoissante d'une grande qualité immersive. Il s'agit d'un des meilleurs panels de morceaux que la saga a su nous proposer.
Les personnages que vous rencontrerez, pour la plupart, existent déjà dans Ocarina of Time, mais sous différents noms. Cependant, ils semblent avoir tous perdu leur joie de vivre.
Notons tout de même que les concepteurs de ce jeu devaient avoir Alzheimer étant donné les incohérences remarquables concernant l'histoire:
* Je sais bien que la sorcière est traditionnellement une de vos alliée dans la saga, mais ça n'est pas une raison pour essayer de vous faire oublier que vous êtes sensé avoir déjà réduit en pièces les deux sorcières jumelles qui semblent avoir acquis le pouvoir de résurrection et de bienveillance digne de ce bon vieux Jesus. On dirait que Dieu s'est encore amusé hier soir...
* La fille du ranch, reproduction du personnage de Malon, a l'impression de vous avoir déjà rencontré (et c'est effectivement le cas). Soit on a affaire à une gamine qui transmet ses pensées telle une correspondance épistolaire à son amie de longue date qui a exactement la même tête qu'elle, au point de croire qu'elle vous connait car elle a entendu parler de vous, soit il s'agit du même personnage et c'est tout à fait illogique qu'elle se retrouve à gambader dans un ranch désert à 15000 bornes de son pays natal, avec une grande soeur sortie de nulle part.
* Etant donné que vous passez votre temps à retourner dans le passé et que vous perdez l'ensemble de votre équipement dénombrable (flèches, clés, rubis) mais pas vos objets de quête, inventant ainsi le concept du temps sélectif, je ne vois pas comment une mendiante banquière (autre concept de hippie drogué au crack) peut se souvenir de vous alors que vous êtes sensé avoir réinitialisé le temps un nombre incalculable de fois. Elle se contente de dire "je me souviens de vous", désolé je ne prend pas. De plus, comment peut elle avoir en possession les 200 rubis que vous lui avez donné 2 jours plus tard dans un espace temporel parallèle? Les scénaristes n'ont décidément jamais lu de science fiction.
En plus de la frustration de voir les personnages fétiches de la saga se faire charcuter les uns après les autres, certains étant même envoyé à la morgue depuis des lunes (c'est d'ailleurs étonnant, car vous êtes censés les avoir aidés dans le volet précédent, sachant que contrairement aux autre Kokiris, vous GRANDISSEZ naturellement, donc Ocarina of Time s'est forcément passé il y a moins d'1 an).
En plus de la frustration de devoir répéter les mêmes actions en boucle pour débloquer un objet qui, dans la plupart des cas, ne vous servira à rien. Et oui, le temps est ravageur, tout ce que vous faites est défait quand vous remontez le temps. Même votre progression...
En plus de la frustration de manquer à plusieurs reprises de perdre la partie par manque de temps, pour suivre le délire égoïste d'un personnage insupportable pour qu'il vous remette un objet totalement inutile...
En plus de cette énorme frustration face au nouveau cher et inoubliable temple de l'eau en un temps limité (temple traditionnellement insupportable et LONG, en particulier dans Ocarina of Time)
En plus de nombreux autres frustrations que vous découvrirez par vous mêmes, on vous fait subir l'ultime humiliation de vous proposer le premier boss final qui ne vous attaque pas pendant le 3/4 du combat et qui, en plus de ça, demeure le boss final le plus simple que j'ai affronté dans la saga Zelda. Je n'ai même pas eu le sentiment d'éprouver la moindre difficulté. En plus, c'est quoi cette tête de pokemon??? Un boss final est sensé faire peur à la base, pas rire.
Mais malgré ces (trop) nombreuses frustrations, ce jeu représente de nombreuses heures de plaisir et vous laissera à jamais un souvenir inoubliable.