A rabbit is fine too.

Trois lignes de synopsis et on sait déjà à quoi on a affaire. Doubt est un thriller qui utilise un concept très classique : un jeu macabre à huis-clos, durant lequel les quelques victimes désignées hésiteront entre confiance ("Nous devons rester tous ensemble si nous voulons survivre") et méfiance ("Le loup est l'un d'entre nous ! C'est toi, Fay, c'est ça ?"). Les personnages auront d'ailleurs les réactions typiques de ce genre de fiction, commettront les erreurs typiques, etc.

En gros, Doubt n'invente rien, mais reprend une recette à succès. Heureusement, c'est assez bien fichu : le style et la mise en scène collent très bien à l'ambiance flippante recherchée. Les quelques charcutages ne sont ni trop gores, ni trop édulcorés. En 4 tomes, les personnages sont aussi développés qu'on pourrait le vouloir : les explications sur leur passé et les flashback sont satisfaisants. A défaut d'être franchement originaux ou surprenants, ils restent logiques.

Pour ce qui est du scénario dans sa globalité, en revanche, c'est plus mitigé. Parce qu'au final, je crois que le format de 4 tomes nuit à Doubt. Le jeu ne fonctionne pas si bien que ça, car il y a trop peu de personnages : ils ne sont que cinq ou six au départ, et entre les morts et ceux qui ont un alibi, vous finirez par avoir l'impression que tout le monde est innocent. Ce qui veut dire que l'explication finale va forcément sortir du chapeau... et c'est bien le cas. Alors oui, la fin est bien trouvée, elle m'a d'ailleurs beaucoup plu ; mais elle est totalement indevinable. C'est un défaut et pas des moindres : pour un thriller de ce type, n'importe qui a envie de trouver par lui-même le meurtrier ; là, c'est impossible. C'est pour ça que quelques personnages et tomes en plus n'auraient pas fait de mal : tout simplement pour que les premiers morts puissent être des gens sans importance au lieu de personnages capitaux, histoire d'avoir plus de suspects et d'indices.

Doubt c'est ça : un pitch de base sans originalité, une ambiance excellente, un bon développement et une fin à la fois frustrante parce qu'elle prend de court, et bluffante parce qu'elle est sacrément classe... Tant pis. J'en garderai un assez bon souvenir, au final.