Doubt, premier manga de Yoshiki Tonogai publié de façon mensuel, nous raconte comment un simple jeu sur téléphone peut être utilisé pour un véritable cauchemar en huis clos. Synopsis à l’origine du succès mondiale que sont ces 4 tomes mais en est-il bon pour autant ? Pas vraiment malheureusement…
Le manga propose dès le départ de très grandes qualités qui lui donnent un aspect irréprochable, ce, jusqu’à la catastrophe. En effet, tous les ingrédients sont là pour faire du manga un thriller exceptionnel.
Un des premiers points fort du manga que l’on peut voir dès la couverture, c’est le dessin. Il est d’une très grande qualité et est à l’origine de toute la dimension réaliste de l’œuvre. On a donc le droit à un univers dépeint de façon glauque et morbide avec des jeux de contrastes prenants qui crédibilisent l'histoire. Les personnages sont tout aussi bien réussis, surtout les expressions de visages qui renforcent grandement l’idée principale du manga : le doute. C’est ce phénomène, omniprésent lors de la lecture, qui est renforcé par la performance artistique de l’auteur et par son découpage. Qui lui confère une intensité particulière qui nous rend totalement accro au suspens poignant qui découle de l’œuvre. Cette pâte artistique nous fait dévorer avec impatiente chaque page du manga.
Le scénario (jusqu’à la fin du troisième tome) est maîtrisé avec brio. Il est très dense et propose un enchainement rapide des évènements. Les 4 tomes se dévorent d’une traite très facilement sans être ennuyer, du moins jusqu’à certains évènements. Le gore, présent assez discrètement, intervient justement pour crédibiliser un peu plus les évènements, ce qui rend le déroulement encore plus haletant.
Tout ça rend la majorité de l’œuvre, un vrai bonheur de lecture. Entre maîtrise du scénario et dessin particulièrement bon et réaliste, le thriller est réussi. Mais vient le désastre, l’apocalypse, le chaos… L’œuvre si bien construite se fait fracasser en mille morceaux dans la dernière partie du manga. Comment ?
Et bien très facilement. Mr Tonogai a décidé qu’il serait plus intéressant de donner des raisons stupides et sans aucun fondement aux meurtres. Pour après, faire passer le réalisme dans l’irréalisme, créant un bassin de confusion inexplicable. Ce qui fait perdre à l’œuvre tout ce qui lui faisait honneur, le suspens, les personnages, le réalisme. Tout part en fumé. Sans parler du flashback qui vient nous inventer des points de scénario, pour rendre la fin un minimum crédible. Puisque de toute manière elle n’aurait pas été possible sans celui-ci.
C’est donc avec mépris qu’on finit de lire les derniers chapitres qui nous offrent des révélations, de plus en plus stupides dans le contexte de l’histoire. Le calvaire n’est heureusement pas trop long, il signe ainsi son glas au rabat des dernières pages. Doubt est un manga à lire au moins une fois en attendant le prochain « Judge ».