M Zéro aborde la magie de manière assez différente par rapport à ce qui se fait habituellement dans le monde du manga.

L'idée de stocker les sorts dans des cartes de rangs (et donc de capacité et puissance) différents, un peu à la manière d'une carte téléphonique se vidant peu à peu après chaque utilisation, est particulièrement plaisante et assure une certaine diversité dans les utilisations qu'en font les différents personnages, pour s'accorder avec leurs différents caractères. Comme on le voit régulièrement dans les différents cours, l'important étant simplement de parvenir à utiliser la magie pour réaliser les exercices demandés, chacun doit trouver la stratégie qui lui convient le mieux (ainsi qu'aux possibilités offertes par sa carte). Ainsi pour un cours de déplacement de pierre, les élèves auront une liberté totale: préfèreront-ils soulever celle-ci en la poussant par le dessous ou en la tirant par le dessus, à moins qu'ils ne préfèrent la rendre plus légère que l'air ou encore la soulèvent à l'aide de créatures invoquées.

Cette diversité introduit donc un côté stratégique supplémentaire dans les fréquents défis en équipe organisés par l'école, où chacun devra user de ses talents au mieux pour interagir avec ses camarades.

C'est là qu'intervient Taiga, n'ayant aucun talent en magie, il se voit néanmoins inscrit suite à une série improbable (pas tant que ça finalement) d'évènements et les autres élèves le voient comme un surdoué. Pas facile alors de donner le change, quand tous les yeux sont braqués sur soi, tout en sachant que si son secret venait à être découvert, sa mémoire serait automatiquement effacée et lui renvoyé de l'école; impensable pour le jeune homme qui est littéralement tombé amoureux d'une de ses nouvelles camarades.

Mais Taiga, loin de certains clichés et malgré son côté bagarreur se révèle plein de ressources intellectuelles et parvient à se montrer un véritable génie lorsqu'il s'agit de déjouer les coups tordus que lui tendent aussi bien les professeurs que les élèves. Loin des classiques, il apprend finalement rapidement que ses poings (bien que dévastateurs) lui serviront moins que sa tête.

Les adeptes de surenchère dans les techniques et sorts peuvent aller voir ailleurs... Ici, tout est affaire de stratégie et de gestion efficace des pouvoirs de chacun (avec en plus une petite dose de hasard et de chance) ce qui permet des situations et surprises intéressantes pour le lecteur.

Hormis Taiga, les autres élèves, même s'ils sont bien traités restent quand même assez cliché. On aura donc l'héroïne au grand cœur un peu nunuche, la bastonneuse, l'introvertie, la camarade incapable d'avouer ses sentiments, la brute et le génie arrogant, sans oublier le pervers de service ou le père un peu trop possessif...

Les véritables surprises en termes de personnages sont à chercher dans l'entourage direct du héros (qui se ressemble s'assemble, pas vrai?), à commencer par sa "grande" sœur au physique infantile, adepte du karaté et particulièrement violente si on l'embête avec son problème de croissance.

Mais ma préférée reste Lucy, une mandragore qui ne révèle sa véritable apparence qu'à une poignée de protagonistes. Véritablement, c'est elle qui représente très vite le soutien le plus important pour Taiga, que ce soit dans le domaine de la magie ou dans ses relations avec d'autres personnages. C'est également chez elle que les sentiments pour le héros sont les plus forts et les plus sincères. Dommage que lui, bien qu'appréciant sa compagnie, ne semble pas la voir autrement qu'une amie fidèle, d'autant que sa relation avec l'élue de son cœur n'avance pas vraiment.

J'en viens d'ailleurs au défaut le plus grand de cette œuvre: comme dans sa précédente production (Pretty Face), alors que la recette avait bien prise, l'auteur nous a balancé une conclusion qui n'en est pas vraiment une, en laissant en suspens un bon nombre de questions. La série avait encore un gros potentiel et l'impression qui ressort est que très vite, après un départ sur les chapeaux de roue, il a eu peur de ne plus avoir assez d'imagination et a préféré la terminer de manière convenable plutôt que de s'embourber dans un scénario sans charme. De son propre aveux, la série aurait du se terminer bien plus tôt (au tome 6), mais seulement une dizaine de tome, ça fait quand même tâche.

En conclusion, c'est un manga qui partait sous de bons auspices mais dont la fin brutale gâche tout le potentiel. Dommage, pour moi c'est une mini déception.