Rainbow est un seinen comme il en faudrait davantage. Il réussit à combiner vérité historique, plongée en enfer et réalisation de ces rêves. A la fois historique, à la fois sombre et triste et à la fois porteur d’un message d’entraide et d’espoir.
Adepte de la vie en rose, de l’optimisme et de la joie de vivre ce manga n’est donc pas pour vous.

Rainbow prend place dans un Japon meurtri par la guerre, économiquement en grande difficulté et rongé par la corruption. Pour rajouter au pathos, nous suivons un groupe de jeunes délinquants incarcérés dans une prison pour mineurs.

L’histoire avance au gré du destin qui semble s’être ligué contre ce groupe de jeunes n’ayant pas vraiment mérité d’aller en prison. Entre des détenus violents, un maton sadique et le peu de perspective d’avenir à leur sortie de prison ... Rarement des personnages auront autant souffert dans un manga tout en offrant une vision d’un monde qui fut une réalité.

La façon dont les personnages se tirent de toutes ces situations ne tient de plus pas à un deux ex machina quelconque mais bel et bien à leurs efforts, leurs convictions et leurs sacrifices.
La transformation de ces adolescents perdus devenus délinquants en hommes, des vrais, s’effectue de façon réaliste et cohérente.

L’auteur agrémente chaque fin de chapitre par une petite phrase, reprenant les thèmes sous-jacents de celui-ci (très souvent l’amitié à vrai dire) et si toutes seules certaines phrases sont un peu niaises, elles sont après la majorité des volumes porteuses d’un grand sens et émouvante.

Le dessin, un peu brutal et tout en nuance de sombre colle parfaitement à l’ambiance et au design réaliste des personnages. Juste parfait pour un tel seinen.

Le seul défaut pourrait être un schéma légèrement récurrent dans les différentes parties de l’œuvre, cela se pardonnant facilement au vu de la vingtaine de volumes et de la fresque temporelle s’étendant sur une dizaine d’années.
De plus, l’auteur prend le parti d’opposer des personnages fondamentalement bons (pas dans le sens de shonen, ils doutent, hésitent et font des conneries) à un monde définitivement mauvais, donnant à l’œuvre un petit côté manichéen.
Mais le tout est tellement émouvant que l’on pardonne volontiers ces petites facilités prises.

Une des perles de ce que j’appellerais le seinen émotionnel