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Sailor Moon : la tête dans la Lune et les pieds sur Terre !

» Critique du manga Sailor Moon par Maddilly le
21 Février 2014
Sailor Moon - Screenshot #1

Bishoujo Senshi Sailor Moon, tous les anciens petits enfants (n'ayez pas honte, c'est d'la bonne) connaissent plus ou moins l'anime qui a trop tendance à vite être catalogué au rang de magical girl superficiel. Et pourtant, tout quidam qui s'intéresse au genre sait bien que ce n'est qu'une apparence. Dans ma "critique" (oui, ce terme est à prendre avec des pincettes tout de même), je vous propose de faire un petit tour de cette œuvre à travers le manga qui mérite, si pas qu'on le lise et l'apprécie (après tout chacun ses goûts), au moins qu'on s'y intéresse et qu'on le considère à sa juste valeur.

Le contexte francophone : Glénat vs Pika

Tout d'abord publié aux éditions Glénat dans les années 90, Bishoujo Senshi Sailor Moon est dévoilé au public francophone dans un contexte peu favorable aux productions japonaises. Néanmoins, la traduction reste plus ou moins fidèle à l'esprit de l’œuvre, tout en incluant quelques éléments de l'anime qui était déjà connu, notamment dans les prénoms des personnages. Les couvertures des premiers tomes sont inversées mais elles suivent ensuite fidèlement l'ordre du manga original, tandis que le sens de lecture a été occidentalisé. Enfin, les histoires bonus sont inclues à la fin de certains tomes.
Pour les 20 ans de la série, une réédition a vu le jour chez Kodansha. La version francophone est publiée chez Pika Éditions en 2012 et se veut plus fidèle à l'original que Glénat au niveau du format (sens de lecture japonais, couvertures, prénoms, illustrations couleurs incrustées, etc). Cependant, les notes de l'auteur ont été remplacées par des dessins (dans la réédition de Kodansha aussi, Pika ne fait que copier), ce qui est assez dommage. La traduction semble comporter quelques défauts, mais ils sont minimes et relèvent surtout d'un langage parfois trop soutenu pour des adolescentes décontractées. Quant à la qualité impression-papier, c'est tout à fait recevable. Dernière chose : des planches ont été retouchées par l'auteure dans la réédition.
Pour ceux qui voudraient se procurer les tomes de la série, sachez que vous n'avez pas trop le choix puisque Glénat n'édite plus Sailor Moon. Vous pouvez les trouver en occasion au pire (à un prix assez déraisonnable), mais vous pouvez aussi opter sans souci pour l'édition de Pika.

Sailor Moon - Screenshot #2L'auteure en quelques mots

Naoko Takeuchi est née en 1967 dans la préfecture de Yamanishi. Avant de se décider pour une carrière de mangaka, elle a fait des études en pharmacie et a commencé à travailler dans ce domaine. Elle est mariée depuis 1999 à Yoshihiro Togashi et les deux tourtereaux se font de temps en temps des petits clin d’œil dans leurs œuvres respectives.
Il se dit un peu partout qu'elle a mis beaucoup d'elle-même dans Bishoujo Senshi Sailor Moon, de son savoir à certains de ses traits de caractères, en passant par ses hobbys et ses lieux familiers.

L’œuvre en elle-même

Le scénario s'inspire des connaissances personnelles de Naoko Takeuchi, c'est-à-dire culture nippone, astronomie et minéralogie avec un brin de mysticisme. Tout cela se retrouve aussi bien dans les noms des personnages que dans les différentes tournures de l'intrigue. De plus, Bishoujo Senshi Sailor Moon mixe les codes des magical girl et sentai (ce trait est beaucoup plus exploité dans l'anime). C'est un savant mélange de ces deux genres sur bien des aspects. Au niveau des graphismes, Naoko Takeuchi dit elle-même qu'elle s'inspire du style de Leiji Matsumoto en ce qui concerne les personnages féminins. Elles sont raffinées, sensuelles et ont de longues et belles jambes. Elle cite également Kimiko Uehara comme inspiratrice car elle apprécie énormément le travail de cette mangaka.
Outre les influences citées au-dessus, Naoko Takeuchi a son propre style, très raffiné et très doux. Elle aime dessiner de jolies femmes et cela se sent dans ses diverses illustrations. Les grands yeux sont très typés shoujo mais pourtant ils donnent de la profondeur au regard : ce sont bien souvent des expressions joyeuses, pétillantes, décidées et matures qui s'affichent sur le visage des héroïnes. L'auteure est aussi une amatrice de mode et elle s'en inspire beaucoup pour habiller ses personnages. Je bave en particulier sur les robes magnifiques qu'elle arrive toujours à pondre. Elle pense jusqu'au petit détail pour donner un résultat très élégant, sans trop de trop froufou ni de simplicité.

Sailor Moon - Screenshot #3Pour ce qui est de l'illustration, Sailor Moon s'en sort donc plutôt bien. En ce qui concerne le mouvement, la lecture du manga est fluide mais parfois l'enchainement des cases est assez brutal. Le point fort, ce sont les dialogues et les poses, mais c'est moins évident au niveau des combats. Ces derniers restent très... éthérés. De mon point de vue, ça passe bien et ça s'inscrit en parallèle avec le but de la série qui est de montrer l'évolution de jeunes filles, pas leurs diverses façons d'écraser leurs ennemis... mais c'est sûr que les amateurs de combats bien chorégraphiés et intenses risquent d'être déçus. Enfin, quoi qu'on en dise, Sailor Moon c'est violent et gore... c'est-à-dire que le trait de Naoko Takeuchi épouse mieux les courbes féminines que les pointillés des corps calcinés ou déchiquetés en morceaux, du coup ça enjolive le tout en apparence. Les faits n'en sont pas moins atroces.

Je reviens un peu sur la maturité de ce manga, qui se retrouve dans les personnages et surtout leur comportement. Un élément important que l'on ne retrouve pas dans l'anime, c'est la vision du futur. Chacune a un but dans la vie, un rêve précis à réaliser. Elles cherchent à s'accomplir et savent bien de quoi sera faite leur vie, elles se battent pour assurer leur futur en quelque sorte. Elles sont déjà un peu adultes et leurs parents sont très peu présents, voire déjà décédés ou inconnus du lecteur.
Au fil de la lecture, on a très vite l'impression qu'il y a une séparation entre les personnages féminins et masculins. Pourtant, en apparence très démarquée, la frontière des genres n'est en réalité pas si claire que ça. Il s'agit plutôt d'inversions des rôles, comme dans le cas de Mamoru, par exemple : celui-ci est relégué au même rang que la fille qui soutient son chéri depuis les gradins dans les séries sportives ; il se fait aussi souvent enlever et manipuler par l'ennemi. C'est le prince à sauver, en somme. Quant aux diverses protagonistes, elles ont des traits de caractère aussi bien stéréotypés féminins que masculins. En plus de ce jeu sur les genres, Naoko Takeuchi déjoue le cliché de l'amitié biaisée entre filles. Les héroïnes sont liées entre elles par un très fort sentiment d'amitié. Elles sont naturelles, elles se disputent pour des broutilles et parfois même pour des garçons (ça arrive plus souvent dans l'anime que dans le manga), mais elles restent solidement attachées l'une à l'autre, d'un lien aussi intense qu'entre les nakama des shonen habituels. Mais tout en basant ses personnages sur des idées stéréotypées, Naoko Takeuchi sait mettre en valeur la force de ses guerrières et le pouvoir des beaux sentiments.

Sailor Moon - Screenshot #4Du papier au petit écran

La comparaison est inévitable vu la plus grande visibilité de l'anime dans le monde. On se doute bien qu'entre 18 tomes (12 pour la réédition) et 200 épisodes, des différences se sont insérées entre les deux supports. Les trois plus grands points sur lesquels le manga diverge de l'anime sont le développement des ennemis, la mise en scène et la maturité des personnages.
En effet, la plupart des ennemis sont vite expédiés dans le manga et n'ont même pas droit à un background. Les monstres sont effrayants au début, mais deviennent assez vite grotesques dans l'anime, avec des schémas de combat répétitifs et les répliques rituelles hérités des sentai. L'anime est aussi légèrement plus WTF, avec des héroïnes plus superficielles et plus espiègles (Usagi et Rei ne se chamaillent pas sans arrêt dans le manga, par exemple). Le manga compte beaucoup plus de sailor senshi et d'animaux protecteurs à formes humaines. Etc...

Au niveau de l'intrigue, tous les arcs sont adaptés (et développés ) mais des ennemis ont été rajoutés entre le Dark Kingdom et la Lune Noire (épisodes 47 à 59). Des éléments ont été modifiés, rajoutés ou supprimés, mais je pense qu'il n'est pas vraiment nécessaire d'entrer dans le détail ici. Sachez seulement que, dans l'ensemble, le manga et l'anime comportent des ambiances et des éléments différents tout en gardant certains troncs communs. Aborder l'un ou l'autre, ou l'un avant l'autre, ce n'est qu'une question de feeling personnel.

Quand on a connu l'anime avant le manga, on ne peut pas s'empêcher d'avoir quelques regrets au niveau des ennemis. Certains d'entre eux faisaient preuve d'un esprit moins manichéen et les voir simplement de passage dans le manga fait un peu de peine. Par exemple, pour moi, les quatre généraux du Dark Kingdom ainsi que le Trio Amazone sont des ennemis fort intéressants dans l'anime, voire attachants.
Autres que les ennemis, il y a certains personnages qui n'apparaissent que dans le manga et qui manquent aussi de développement. Parfois, certaines apparitions arrivent comme un cheveu sur la soupe pour s'en aller ou se faire tuer peu de temps après. Je pense notamment à Phobos et Déimos humaines et aussi à Léthé et Mnémosyne qui étaient prometteuses mais qui n'ont servi que le temps de quelques cases.
En dehors de ces quelques regrets, je ne pense pas qu'un support est mieux que l'autre. La préférence dépend des goûts et des attentes de chaque personne. Dans mon cas, j'ai apprécié les deux. Le manga apporte une autre vision des choses et il est toujours intéressant de voir l'anime et le manga en relation complémentaire.

J'espère avoir pu titiller votre intérêt ou vous ouvrir de nouveaux horizons si vous êtes réfractaire à l’œuvre. En tout cas, merci pour votre lecture !

Verdict :9/10
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A propos de l'auteur

Maddilly, inscrit depuis le 02/05/2013.
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