Spirale est une expérience unique dans l’univers du manga. Jamais aucun récit n’est parvenu aussi magistralement à me plonger dans un si profond malaise. Une ambiance sordide et oppressante où le surnaturel contraste bizarrement avec un chara-design et des décors sobres et réalistes. Junji Itô nous offre quelques improvisations autour d’un motif particulier : la spirale. Un récit maîtrisé, poignant et furieusement original.
Spirale vous retourne les tripes croyez-moi. Jamais une œuvre nippone n’a réussi à ce point à m’impressionner, il faut dire qu’ils n’ont pas la même conception de l’horreur que nous et que souvent ça tombe à plat. Mais ici le mangaka fait tellement marcher son imagination que l’on sort de l’expérience indubitablement surpris et choqués. On assiste dans les deux premiers volumes à quelques expressions de la malédiction de la spirale qui ronge le village aux côtés de Kirie, une jeune fille qui vit plutôt bien l’horreur environnante. Le troisième plonge le village dans une ambiance apocalyptique et montre les conséquences de la malédiction sur le comportement des hommes en société.
Des corps entortillés à l’extrême qui vous scrute avec un regard de fou, des escargots gigantesques fruits d’une certaine métamorphose, des nouveaux nés retournant à l’utérus, il faut vraiment supporter l’horreur quasiment grotesque que nous présentent les planches du manga mais si on s’accroche, c’est une expérience jouissive et angoissante qui s’offre au lecteur. Une lecture qui procure des sensations bizarres à l’estomac et qui passe l’envie de manger des escargots grillés à jamais...
C’est un peu dans le même genre que Le village d’Hinamizawa : un village, une malédiction mais une atmosphère beaucoup plus inquiétante et surtout l’impossibilité d’échapper à la spirale dont le centre ne lâche jamais sa proie une fois celle-ci attrapée.