Alors, Ubel Blatt, qu'en dire... Déjà, que j'ai adoré ce manga. C'est un seinen dans un univers de fantasy bien travaillé, avec pas mal d'action de qualité, plein de petits défauts qui sont rattrapés par des qualités finalement un peu inespérées.
Concernant le graphisme, rapidement : il est plutôt bon, les dessins sont sympas et certaines scènes où Koïnzell nous montre tout son art sont vraiment magnifiques. Les cases sont rarement vides et les décors sont réussis. Bon, ce n'est pas non plus parfait : je pense notamment aux scènes d'actions qui s'avèrent parfois plutôt confuses.
Les personnages, ensuite. Koïnzell est excellent, tant sur le point de vue du chara design que de son passé et de son ambivalence. On en reparlera avec le scénario.
Les autres personnages sont assez inégaux. Quelques-uns sont très bien (Guéranpen par exemple, mais aussi Ato qui devient de plus en plus intéressante au fil du récit), d'autres nettement moins (Peepi a été d'une inutilité désespérante, jusqu'à maintenant...). Heureusement, les 7 héros font partie des "bons".
On en vient donc au scénario. Il m'a vraiment bluffé, car sous ses apparences d'histoire classique et ultra-linéaire, il cache des subtilités très bien menées. En une ligne : Koïnzell veut se venger des 7 Héros qui lui ont volé sa gloire et trahit l'Empire. OK. Donc l'histoire, c'est "Koïnzell avance, tue un héros, va dans le comté voisin, tue un héros, etc". Sauf que plus il avance, et plus la tension qui pèse sur ses épaules s'alourdit.
Car si les premiers qu'il tue sont de pures ordures, d'autres ont, en revanche, tendance à regretter leurs actes passés, et ont passé 20 ans à se montrer bons et généreux envers leur peuple. Ajoutez à ça que leurs hommes ne sont pas forcément à l'image de leur seigneurs, ils peuvent être de braves guerriers dévoués, auquel cas Koïnzell est particulièrement réticent à l'idée de les attaquer... Tout ça nous laisse entrevoir, par exemples dans les scènes de dialogue avec Elsaria, le mode de pensée de Mr. Vengeance, et sa tristesse qui vous touchera si vous avez apprécié un tant soit peu le personnage.
Greffez à celà des histoires secondaires finement amenées, comme celle d'Ikfès, et vous obtenez un résultat vraiment à la hauteur.
Pour finir, j'aimerais parler des scènes d'ecchi, relativement présentes dans le manga, et qui sont assez polémiques. Je voudrais nuancer un peu ces critiques.
De telles scènes peuvent avoir en gros deux vocations :
- augmenter l'ambiance "dark" de la série en proposant un surcroît de réalisme sordide
- augmenter l'intensité d'une action avec une dimension érotique plus ou moins artistique
Dans le premier cas, ça marche plutôt bien et ça instaure l'ambiance de dépravation liée à certains personnages. Je pense par exemple au Kfer du tome 0, et de manière générale aux pillages et à ce genre de moments où le sexe est une sorte de conséquence de la violence. Certaines utilisations de l'ecchi sont quand même totalement déplacées, comme la confrontation entre Koïnzell et la Güustav du tome 0, c'est juste n'importe quoi ¯\(o_°)/¯
Dans le second cas, plus rare... Autant on a des trucs déplacés, une fois de plus dans le tome 0 principalement ; autant, il y a une scène magnifique qui, pour le coup, utilise l'ecchi avec une puissance incroyable. Je veux parler de la "transformation" d'Ato, qui est pour moi un moment vraiment magnifique et qui pardonne à lui seul tous les autres écarts.
Pour conclure sur ce point : oui, il y a un peu trop d'ecchi, mais surtout, il ne faut pas s'arrêter à ça. Ce n'est pas du tout le point principal, et le tome 0 en particulier est vraiment peu représentatif de la suite.
Voilà, nous y sommes. Au final, Ubel Blatt est un bon manga, parfois très bon même, pourvu de quelques petits défauts gênants, mais qui a à côté toutes sortes de points forts qui valent vraiment le détour.