Hanamaru Youchien – Un avenir doré
Après un Shikabane Hime qu’on qualifiera d’en demi-teinte pour être sévère, on était impatient de voir de quel acabit serait fait leur nouvelle production pour la collection hiver 2010 avec leur adaptation Hanamaru Kindergarten. Je l’avoue : la découverte du pitch de cette nouvelle série m’avait laissé pour le moins dubitatif. Le staff qui ne sort pas de nulle part aurait pu (aurait du) me mettre la puce à l’oreille mais je craignais soit une comédie pour les plus jeunes soit un fan-service trop exagéré comme le fait souvent Gainax qui, pour ce sujet, m’aurait mis mal à l’aise. Homme de peu de foi que j’étais ! J’avais oublié que même dans ces heures « les plus sombres » le studio avait su prouver sa maîtrise en matière de comédie sur un Abenobashi par exemple.
Mais j’en vois deux-trois dans le fond qui ont hiberné ces derniers mois, voire qui sortent tout juste de leur grotte et qui, dans un grognement, se demandent bien de quoi je parle. Hanamaru Kindergarten est une adaptation d’un manga de Yuto qui raconte les péripéties de trois gamines à leur rentrée à la maternelle : l’énergique Anzu, la studieuse Hiiragi et la timide Koume. Leur professeur, le jeune Tsuchida qui débute dans le métier, aura fort à faire pour essayer de surveiller ce trio inséparable, surtout quand Anzu a décidé de jeter son dévolu sur lui et s’est mise en tête de l’épouser ! Heureusement, Tsuchida pourra compter sur sa collègue plus expérimentée Yamamoto pour l’aider dans sa tâche ; si seulement elle était moins naïve et se rendait compte des assauts d’attention qu’il essaye de lui témoigner…
J’avoue faire partie de la caste des vieux cons qui ont rapidement tendance à regarder de haut la comédie et à minorer ce genre, quand bien même – je vous rassure – j’en regarde régulièrement. Aussi Hanamaru Kindergarten ne déclenchait-il pas chez moi un enthousiasme délirant. Bien, au contraire, comme je vous le disais plus haut, j’avais plutôt tendance à craindre ce qu’elle allait nous offrir comme humour. Mais Gainax n’avait heureusement pas les mêmes préjugés sur la comédie et a réuni un staff expérimenté pour mener à bien cette adaptation. Si on retrouve le directeur de la photographie Toyonori YAMADA et le directeur artistique Hiroki MATSUMOTO qui ont déjà œuvré, entre autres, sur Shikabane Hime l’an dernier, ce sont surtout la présence de Yuichiro OGURO (saisons 2 et 3 de Sayonara Zetsubou Sensei) au scénario et de Seiji MIZUSHIMA (Fullmetal Alchemist, Gundam 00) à la réalisation qui témoignent de l’ambition du studio Gainax sur ce nouveau projet.
La griffe technique, comme on pouvait s’en douter, reste assez simple. Ce n’est de toute façon pas le genre qui demande un soin formidable au décor, à l’animation ou encore à la proportion des personnages. Le travail du chara-designer Mai OTSUKA (Shakugan no Shana) est cependant à souligner pour les bonnes bouilles des gamins (je suis surtout fan de Hiiragi). L’ambiance générale de la série est franchement réussie : chaleureuse et très colorée, elle offre un cadre assez mignon. Si la musique n’est pas inoubliable (encore une fois, le genre ne le demande pas), le générique d’ouverture assez entraînant et ceux de fins spécifiques pour chaque épisode et interprétés par les différents doubleurs de la série qui sont autant de clins d’œil variés sont à souligner. Le travail des doubleurs, quoiqu’un peu caricatural par endroit (on ne secoue pas la tête dans le coin et on évite les sourires narquois, je sais que l’effet est voulu) met en relief les différents protagonistes et participe indéniablement à l’attachement aux personnages.
L’humour de la série repose particulièrement sur le décalage des personnages. Ainsi, dire qu’Anzu est énergique et qu’elle a une certaine propension à déformer à affabuler serait un bel euphémisme : elle est complètement dingue. Entre elle et sa mère, je plains honnêtement le père/mari. Koume est son exacte opposée mais son rôle de peureuse/timide la condamne un peu à jouer les pots de fleurs. Son poste de contrepoint devait être rempli mais j’avoue avoir du mal à la supporter et avoir des envies de la bâillonner à chacune de ses apparitions à l’écran. Disons pour faire court (et ça ne surprendra pas ceux qui commencent à me connaître) que ce n’est pas vraiment le genre de personnage dont je suis fan. En revanche, Hiiragi (surnommée plus simplement Hii-chan) est bien mieux réussie à mes yeux ; d’autant plus que la nostalgie me pousse à me reconnaître en partie en elle. Sa culture déjà livresque fait, encore plus que pour Anzu, contraste avec sa bizarrerie. Elle a notamment pour habitude de se déguiser ; ses passages en costumes d’animaux sont autant de moments délirants qui rappellent à notre bon souvenir une certaine Chiyo d’Azumanga Daioh.
Les autres élèves apparaissent de façon épisodique au détour d’une histoire : tantôt le premier amour de Koume, tantôt le rival de Hiiragi, etc. Mais ils sont, c’est le cas de le dire, très épisodiques. Les adultes sont eux aussi plus dans l’ombre. Sakura, la mère d’Anzu n’est jamais que la copie carbone de sa fille (ou plutôt l’inverse) et Yamamoto est trop effacée pour sortir de son rôle de professeur belle et gentille. Tsuchida en revanche est un ressort plus comique que ce soit dans ses côtés encore gamins, sa maladresse, ses tentatives désespérées pour essayer de séduire sa jolie collègue et sa relation particulière avec Anzu. Dans l’ensemble, Hanamaru Kindergarten bénéficie du syndrome de groupe pour les comédies : dans le lot, il y a forcément un personnage auquel vous pourrez vous attacher voire vous identifier.
Saupoudrez le ton d’une narration bien rythmée – chaque épisode est constituée de deux petites histoires parfois sans continuité – et d’un humour qui sait se renouveler autour des quiproquos, du détournement de clichés et d’un dosage mesuré du fan-service comme sait le faire Gainax et vous obtiendrez là un très bon divertissement et peut-être l’une des plus belles séries de cet hiver 2010. J’ignore le rythme d’adaptation mais à raison de sept volumes déjà parus, je suppose qu’il y a encore suffisamment de matériel à traiter et de la place pour une suite si un succès mérité accompagne la diffusion.
4 commentaires
>ce sont surtout la présence de Yuichiro OGURO [...] au scénario et de Seiji MIZUSHIMA [...]
>à la réalisation qui témoignent de l’ambition du studio Gainax sur ce nouveau projet.
Ça témoigne surtout du fait que la série est une commande de Squix et que la Gainax s'est vue imposée du staff extérieur.
Je ne savais pas qu'une partie du staff avait été imposée. C'est toujours dommage mais je trouve intéressant ce qu'un Seiji MIZUSHIMA peut faire sur de la comédie même s'il l'avait montré en partie sur FMA (et on peut considérer toute la saison 2 de Gundam 00 comme une vaste blague mais c'est un autre débat).
En revanche, tu fais bien de préciser pour la découverte (même si certains étaient déjà connus) de certains animateurs/réalisateurs. Je crois que j'y penserai surtout a posteriori.
Hanamaru est le seul animé de la vague moe que je regarde cette saison. J'avais quelques appréhensions vis à vis du pilote de peur que nous ne tombions dans un pseudo Kodomo ni Jikan - like. Heureusement, on est vite sorti de ses sentiers battus pour se retrouver avec un produit frais, doux à l'esprit bon enfant voire même reposant qui pose toujours un sourire sur mes lèvres (et accessoirement quelques rires). C'est un très bon divertissement pour l'instant et comme Tetho l'évoque, l'animé pourrait gagner encore en qualité s'il ne se focalisait pas grandement sur les manigances d'Anzu envers Tsuchi.
Autrement, j'ai trouvé certaines réflexions de nos héroïnes assez précoces, voire inappropriées compte tenu de leur âge. Peut-être me suis-je trop focalisé sur ces point de manière pragmatique...
En dehors des clins d'œil qu'elle affiche vers d'autres animés, j'ai aussi trouvé que la série jouissait de très beaux graphismes et décors qui m'ont donné l'impression d'avoir des dessins faits à la main avec des crayons de couleurs ou des feutres. Enfin les génériques, et en particulier ceux de la fin (coup de cœur pour le 7ème), sont très bien élaborés et vraiment plaisants à regarder.
Une comédie à caractère familial qui ne marquera peut-être pas. Néanmoins, elle vaut son pesant de divertissement qui est plus qu'honorable.
"Pa-Pa Pa-Pa panda neko..."