Le studio Gainax aime fabriquer des séries portant l'analyse et la réflexion à des degrés plus élevés qu'ils ne le paraissent de prima bord. Ce qui fut le cas pour un Evangelion l'est il pour Abenobashi Mahou Shotengai ? Certes oui dans un sens.
Alors premier point à évoquer: le scénario. Certains fustigent son manque de profondeur, ou tout du moins l'absence d'un fil conducteur permettant de légitimer le sens du terme "histoire" pour cette série. D'autres n'y voient qu'un divertissement à prendre au premier sens du terme. Et enfin certains dont moi, estiment que la série cache sous un faciès de série gentillette, un sens caché plus profond, mais et j'insiste sur ce point, déplorent que cet aspect soit mal exploité, trop brouillon, et finalement désavoué par le final qui nous est proposé.
Alors quid de l'histoire? Celle ci nous présente deux jeunes enfants probablement au porte de l'adolescence, qui par le biais d'une situation particulière causée par un pélican et un chat (oui je sais c'est pas bien clair dit comme ça, mais en visionnant vous saisirez ce à quoi je fais allusion) vont se retrouver transposer dans x mondes parallèles, mondes représentant à chaque fois le même lieux (la galerie Abenobashi), et les même personnages côtoyés dans le monde réel, qui là occuperont tous divers rôles sans lien avec la position sociale qui était la leur dans le monde dit réel.
Voilà, a peu de chose prés c'est grosso modo le scénario proposé. Il faut saisir que celui ci est prétexte aux deux objectifs de la série, le premier étant de faire rire, le second faire réfléchir.
Alors qu'en est il de ces objectifs? En quoi Abenobashi est avant tout une série amusante? En ce qui me concerne, j'ai ri, voir beaucoup ri. Parce que le ressort comique d'Abenobashi Mahou Shotengai se situe dans l'exploitation des divers mondes parallèles. Là ou le scénario aurait pu se cantonner à ne nous proposer qu'un comique de situation, il s'aventure dans un procédé qui ici fait mouche à 100%: la parodie.
Il s'agit pour chaque épisode de reprendre les codes scénaristique de certains types de série (Shojo, Heroic Fantasy, Shonen, Mecha...) mais aussi des codes graphiques qu'ils soient issus de différent chara design, ou tout simplement un univers graphique propre à certaines séries. C'est ce qui fait d'Abenobashi une série à ne pas visualiser trop tôt par rapport à d'autre série. En effet les codes, les références sont tellement nombreuses, qu'il faut avoir une bonne expérience en la matière, pour pouvoir toutes les saisir. En ce qui me concerne, je pense que j'en ai certainement loupé une grande partie, ce qui est fort dommage tellement ce point est important dans cette série. Pèle Mêle j' y ai reconnu des références faites à Hamtaro, DBZ, les Pierre a feu, Scoobidoo, Gundam, et bien d'autre. De plus la série ne s'arrête pas aux frontières de la jap-animation, mais va bien au delà, empruntant même certains codes, certaines scènes ou traits de personnage à de nombreux film outre Atlantique oui bien encore de jeux vidéos. C'est un régal de chercher à chaque fois à quoi peut faire allusion telle ou telle scène.
Alors par contre reconnaissons le, tous les épisodes ne sont pas égaux, certains étant plus anecdotique, mais au final se noyant assez bien dans les 13 épisodes proposés. Un autre des points forts tient dans l'exploitation de certains personnages, même si paradoxalement l'un des gros point faible de la série s'avère concerner certains d'entre eux, j'y reviendrais un peu plus loin.
Nos deux héros sont pour ma part bien en phase avec leur caractère, et utilise bien les codes de la parodie. Arumi ressemble beaucoup à la femme forte qui cogne quand elle s'énerve... pas besoin de chercher bien loin ce type de personnage dans d'autre série, vu qu'il y est presque systématiquement présent. Sasshi lui a tout de l'obsédé notoire précoce, mais également tout du pré-adolescent, voir de l'adolescent qui ne veut pas grandir (ça vous rappel pas des personnages de Gainax, ça?). Bref, entre la fille adulte et le garçon qui ne veut surtout pas le devenir, l'on obtient un cocktail détonnant et tirant avec force sur le registre de la comédie. Et figurez vous que c'est efficace !
Cependant, nos deux héros dans leur périple vont devoir côtoyer les mêmes personnages. Et c'est certainement là que le bas blesse concernant Abenobashi Mahou Shotengai. Si la majeur partie d'entre eux n'évoque même pas un quelconque intérêt, d'autres, plus présents agacent, mais alors là agacent fortement. Il s'agit en majeur partie du trio Soeur de Sasshi, Travesti, MunéMuné. Ce trio incarne avec force le Fan service. Or dans une série dont l'essence même se trouve être la parodie, comment ne pas inclure le fan service qui voit être utilisé presque dans chacune des productions nippones actuellement. Conséquence cet aspect se taille une bonne part de la série, pour soit notre plus grand plaisir, soit notre plus grand déplaisir. Me concernant c’est évidemment la deuxième partie qui prédomine, même si je dois avouer que la quête du slip m’a bien rire.
L’autre grand problème concerne l’histoire. Comment en effet ne pas dire qu’elle est tirée par les cheveux. Cette histoire de lien, la présence de MunéMuné-gros seins pour les intimes- à chaque épisode, la présence de ce mystérieux homme au cheveux bleus, cette histoire de ying et de yang... Je pourrais détailler plus en profondeur, mais cela serait inutile, tellement l’intérêt en serait inexistant.
Par contre, le concept du scénario est plus profond, et comme je le disais tout au début inexploité à sa bonne valeur. Cette histoire d’enfant rêveurs qui préfèrent affronter x mondes imaginaires plutôt que d’affronter les cruelles réalité d’un monde lui bien réels, tout cela fait en effet curieusement penser au concept d’Otaku, ou tout simplement à la critique de ces jeunes qui se murent dans un monde imaginaire, et qui se coupe de a réalité. Tout un symbole quand on connaît l’âge de ceux-ci et qu’on le compare a celui de nos deux héros, avec un énorme décalage dans l’age. Cette série porte une critique violente de ces vieux adolescents qui ne se comporteraient même pas plus courageusement que de jeunes enfant. Bref je vais sans doute un peu trop loin dans l’analyse, mais cela me semble un aspect intéressant de cette série.
Alors, la question que je me pose est celle-ci. Si tel était le but d’Abenobashi Mahou Shotengai, pourquoi donc offrir une telle fin ? Celle-ci allant finalement à l’encontre même des questions posées antérieurement, alors qu’une fin moins happy end eut semblée plus que normal. J’avoue ne pas avoir bien saisi le concept, et je reconnais facilement avoir été déçu par l’épilogue proposé.
Concernant les aspects plus techniques, il faut reconnaître qu’un travail de qualité à été fait sur d’Abenobashi Mahou Shotengai. Chaque univers proposé, chaque monde parallèle reprend de façon très efficace les codes graphiques de ses référence. C’est ainsi que le design, l’animation, ou le comportement de nos jeunes protagoniste s’en verra affecté. L’animation est fluide bien travaillée, rien à redire sur ce point. Concernant le doublage, il est assez délirant pour les héros et pour certains personnage comme le père d’Arumi par exemple, et plus anecdotique pour d’autre. Enfin, la bande son est correct, collant bien avec l’ambiance de la série. On lui reprochera simplement un trop faible nombre de pistes a proposer rendant ainsi l’ensemble un peu trop répétitif.
Conclusion, ça fait rire, c’est intelligemment construit, mais le scénario est trop faible trop basique pour faire de cette série une « grande » série. Mon cœur a longtemps oscillé entre 7 et 8. Toutefois la fin est trop « facile » pour lui donner la note plus élevé. Ca sera donc un 7. Mais un bon sept.