Quand l'animation se veut réalité

Aku no Hana a fait beaucoup parler d'elle avant et depuis sa première diffusion, notamment pour son esthétique assez particulière. D'ores et déjà, la série divise et entraîne sur la toile de nombreux échanges virulents.

Outre cette capacité à déchaîner les débats, Aku no Hana possède un certain nombre de qualités.
Tout d'abord, on sent un gros effort de cohérence dans la mise en place du projet autour de l'idée de réalisme. Que ce soit au niveau visuel (rotoscopie, décors) ou dans le traitement social de l'intrigue, on sent en permanence une volonté de coller au plus près à la réalité. Si cette démarche n'est pas toujours couronnée de succès, elle n'en est pas moins louable.
Dans la même idée, le scénario ne tombe que très rarement dans les clichés habituels. On évitera notamment quelques facilités d'écritures, comme par exemple les flashback expliquant les actions d'un personnage par un traumatisme lié à l'enfance.
Autre point positif, l'ambiance lourde et oppressante mise en place par Hiroshi Nagahama, tellement réussie qu'elle atteint parfois les limites du supportable. Que ce soit par le "cadrage" ou l'atmosphère sonore, on est à de nombreuses reprises plongés dans l'angoisse du protagoniste ce qui nous permet de comprendre ses actions en faisant l'économie de grands discours. Le plus bel exemple de cette narration muette est la (déjà) fameuse scène du saccage de la salle de classe, sans aucun dialogue et dans laquelle les actions du premier rôle féminin (Nakamura) prennent tout leur sens.
Pour finir avec les qualités de la série, Aku no Hana signifie Les Fleurs du Mal ce qui est bien sûr en référence au célèbre recueil de Charles Beaudelaire. Si le titre s'explique en premier lieu par la fascination du personnage principal pour le poète français, la série pousse la référence plus en avant. En effet, on assiste dans cet anime à la recherche d'une certaine beauté dans la folie et la perversion, mais mieux encore, on en vient à apprécier les qualités d'une série qui nous procure une certaine souffrance, et en cela Aku no Hana rend un parfait hommage à son modèle.

Mais la série n'est pas une réussite totale et comporte plusieurs défauts, à commencer par son parti pris esthétique.
En effet, si l'effort de réalisme est appréciable, on le voit trop. Que ce soit le rendu de la rotoscopie ou le décalage entre décors et personnages, les effets de style sautent littéralement au visage et annulent l'immersion dans certaines scènes poignantes (comme la longue marche de l'épisode huit).
Autre défaut de Aku no Hana, le rythme parfois vraiment trop long.
Evidemment, l'intrigue ne se prête pas à un succession de scènes courtes et dynamiques mais la série abuse souvent de longs instants silencieux qui ont pour principal défaut d'annuler (encore une fois) l'immersion et qui ressemblent à s'y méprendre à du meublage intempestif.
Dernier gros défaut de l'anime, sa "conclusion". En fait, la série suis assez fidèlement le manga original qui est en cours d'écriture, elle ne peut donc pas se permettre une conclusion définitive (surtout qu'une deuxième saison est manifestement dans les cartons), mais cela n'explique (ne pardonne) pas le choix de l'épisode final.
En effet, plutôt que de reprendre l'un des nombreux passages forts du manga pour faire monter le suspens et donner envie de poursuivre avec le visionnage d'une seconde saison, la dernière scène de l'épisode treize n'est rien de plus qu'un trailer pour une suite hypothétique qui relègue les douze épisodes précédents au rang d'introduction, et qui laisse tout de même un mauvais gout de "tout ça pour ça". C'est bien dommage.

Bref, Aku no Hana est globalement une bonne série, pleine d'ambition, mais qui ne parvient pas à dépasser le stade des bonnes intentions.