Plus le temps passe, plus je me rends compte que je suis difficile concernant les animes. Je n'aime pas les histoires de romance, je n'aime pas les catégories «tranches de vie» et l'aspect poétique / contemplatif de certaines œuvres, mais j'ai bien apprécié Aku no Hana.
Adorant le cinéma «live», ce sont les aspects du septième art que j'ai pu déceler dans cet anime qui m'ont sans nul doute aidée à apprécier les épisodes. Je prends l'exemple d'une scène faite à base de plusieurs time-lapses assez rapprochés, une autre où l'on assiste à une même action depuis une demi-douzaine d'angles de caméra différents, ou bien encore de longues suites de plan qui peuvent s'assimiler tout simplement à des plans séquences. Évidemment, tout cela est en lien avec l'utilisation de la rotoscopie. J'ai découvert la rotoscopie avec le très bon film A Scanner Darkly (Substance Mort) avec, entre autres, Keanu Reeves, qui est une adaptation du livre de mon adoré Philip K. Dick. Cela faisait alors bien longtemps que je n'avais pas vu d’œuvres faites de cette façon là, et jamais en anime.
Cette technique apporte une fraîcheur et un détail qui fait de cet anime un anime réaliste, en plus de l'histoire. Ma première réaction devant l'anime fut: «Les personnages, qui sont japonais, ressemblent à des japonais!». Et mine de rien, ce n'est vraiment pas courant dans les animes, où les visages ne sont pas typiquement asiatiques, au même titre que leurs coupes ou couleurs de cheveux par exemple. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas écrit, les japonais peuvent avoir les cheveux verts ou bleus, mais j'ose espérer que ce n'est pas une généralité et qu'Aku no Hana est plus représentatif de cette généralité que d'autres séries d'animation.
L'anime joue sur différents tableaux, il est parfois très énergique et à d'autres moments plutôt contemplatif, où de longues minutes peuvent s'écouler sans qu'une seule parole ne soit dite. J'ai essayé d'apprécier ces phases poétiques dans un premier temps, puis je me suis tout de même ennuyée devant trop de moments de calme. Je n'ai rien contre eux, car ils permettent d'accentuer les sentiments du moment, mais il faut toutefois faire attention à ne pas trop en abuser, aussi bien en termes de nombre que de longueur.
La rotoscopie mise à part, j'ai aimé l'aspect réaliste traité par l'anime. Certains passages frôlent tout de même le grand n'importe quoi, mais ils peuvent s'expliquer de par le côté «crise d'adolescence» des protagonistes. A l'inverse, j'ai été déçue par la fin en queue de poisson (je n'ai pas lu le manga). L'anime est conscient de ses travers en mettant «Fin de la première partie», mais il n'aurait pas été du luxe d'apporter une fin de saison un peu plus marquée que celle délivrée ici.
Somme toute, Aku no Hana est un bon anime, qui surprend de par son originalité et les techniques cinématographiques utilisées. J'aurais préféré à certains moments des scènes plus pêchues, moins mélancoliques à outrance, des êtres trop torturés, même si cela reste, dans la limite du tolérable, excusé par le sujet global. Les personnalités des protagonistes sont franches et bien traitées. Cela permet de s'attacher à tel ou tel personnage selon ses propres affinités et de bénéficier d'une meilleure immersion dans l'histoire.