Critique de l'anime Beck

» par El Nounourso le
16 Juin 2008
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Beck, c’est avant tout l’histoire d’un groupe de rock, de sa formation à la gloire internationale. La narration a choisi de se focaliser tout particulièrement sur le jeune Koyuki, futur chanteur et guitariste de Beck. On suit ses premiers pas à la guitare, ses efforts pour se payer son propre instrument, le stress de son premier live, ses débuts à la composition, etc. Au départ timide, maltraité à l’école et sans réelle passion, Koyuki va subir une vraie métamorphose au contact des autres membres de Beck.

Bien que le réalisme ne soit pas toujours au rendez-vous, les péripéties du groupe tiennent parfaitement en haleine le spectateur. Confronté à la concurrence, victime des producteurs de maisons de disques, en proie à des difficultés financières et à des engueulades régulières, Beck mène une existence pour le moins rock’n’roll, la drogue et le sexe en moins. Chaque membre du groupe est doté d’une personnalité marquée voire extrême, et tous sont attachants, notamment grâce aux très bons doublages. Le leader guitariste Ryuusuke a un charisme fou, cultivant un mélange de détachement total, d’humour cynique et d’impulsivité. Le chanteur hip hop Chiba ne peut pas s’exprimer sans brailler comme un diable, tandis que de bassiste affiche un calme déconcertant en toute circonstance, ou presque. Quant au batteur Saku, c’est le meilleur ami et confident de Koyoki. Une belle équipe !

En marge du monde des concerts et des répétitions, la série ne se prive pas de développer des passages plus classiques se déroulant dans le cadre scolaire, comme une compétition de natation, ou sur le lieu de travail à mi-temps de certains personnages. Dans l’entourage du groupe, certains protagonistes jouent un rôle important et souvent bien développé, je pense par exemple à Saitou, pervers notoire et prof de guitare de Koyuki, ainsi qu’à Maho, petite sœur de Ryuusuke. Un lien très fort va bien évidemment se tisser entre elle et Koyuki, avec son lot d’espoir, de bonheur et de déceptions. En clair, la série bénéficie d’une grande richesse aux niveaux de ses personnages, c’est une de ses principales qualités.

L’autre élément déterminant reste la musique en elle-même. Personnellement, j’ai plutôt aimé le groupe Dying Breed et le style de Beck, alternant ballades rock et éléments fusion à la Rage against the machine. Bon, c’est clair qu’il faut supporter l’accent à deux francs de Koyuki lorsque c’est lui qui chante, mais on s’y fait. Sinon, le nombre réduit de morceaux (3 ou 4, toujours joués par petits bouts qui plus est) finit par lasser, malgré le fait que le double épisode du festival apporte un peu de variété. Dommage aussi qu’on n’entende pas plus Maho, elle a une très belle voix. A propos des instruments, un vrai effort de modélisation a été fait : les grattes ont vraiment la classe, de la Les Paul à la Telecaster, et en plus elles sonnent ! Le son de la basse de Taira déboite bien lui aussi, donnant un maximum de patate aux rythmiques. Petit coup de coeur pour Moon on the Water, une très belle ballade.

Venons-en à ce qui fâche vraiment : la réalisation. Premièrement, le chara-design est bien raté. Un changement d’angle de vue déforme complètement les visages, déjà pas terribles à l’origine. Un beau gâchis de ce côté-là. Deuxièmement, l’animation est pourrie, et c’est d'autant moins pardonnable pour un anime musical. En effet, les mouvements de lèvres et de doigtés des guitaristes ne sont pas absolument synchro avec le son, en plus d’être saccadés. Même les déplacements les plus simples choquent par leur laideur et leur manque de fluidité. Ces deux défauts nuisent vraiment au plaisir qu’on a à regarder cette série par ailleurs très réussie, malgré un rythme assez bizarre (les génériques de fin semblent tomber n'importe quand, sans le moindre souci de structurer les épisodes). Dernier truc foiré : les voix des animaux - Beck le chien et Page le perroquet - sont visiblement doublées par des humains. Ridicule.

J’ai quand même beaucoup apprécié cet anime, inventif, drôle et poignant. Le monde de la musique est décrit sans la moindre concession, on frôle parfois la caricature mais qu’importe, on prend notre pied au son de guitares saturées. La destinée incroyable de Beck mérite bien qu’on ferme les yeux sur ses (gros) défauts d’ordre technique.

Verdict :7/10
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A propos de l'auteur

El Nounourso, inscrit depuis le 01/11/2007.
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