C - Control - satisfait ou remboursé

» Critique de l'anime C - Control par Deluxe Fan le
26 Juin 2011
C - Control - Screenshot #1

Vous avez sûrement un jour déjà écouté un politicien parler d'économie. Et vous vous êtes sûrement un jour déjà dit: «Putain, je comprends que dalle, mais c'est pas grave, ça a l'air drôlement intelligent ce qu'il/elle raconte». Dans ces cas-là, vous fermez votre télé/radio, et vous vous mettez devant un bon anime japonais, parce que c'est simple, c’est votre élément, ça ne vous prend pas la tête.
Mais cela ne marche pas avec tous les animes. En effet, C-The Money of soul and possibility control est à peu près un aussi gros mindfuck que le programme économique d'un intervenant politique.

Pourtant, C-The money of soul and possibility control proposait un pitch prometteur; métaphoriser le monde de la finance avec des combats se déroulant dans un monde parallèle et interconnecté au nôtre. Ce pitch avait au moins deux points forts; d'une part, le sujet n'est pas extrêmement courant en japanime. D'autre part, il n'existe pas je pense de sujet aussi brûlant d'actualité que la crise économique. Produit par la studio Tatsunoko, diffusé dans la case NoitaminA du printemps 2011, C-The money of soul and possibility control avait l'air d'une entreprise solide sur ses fondations. Sa faillite d'en fut que plus brutale...

C - Control - Screenshot #2Le problème principal de la série st son manque de vision. Il n'y a pas de fil directeur, de sujet exploité à fond. C-The money of soul and possiblility control emprunte à droite et à gauche, sans se soucier de la cohérence de l'ensemble. Si on y ajoute à cela le format épisodique de onze épisodes de vingt-cinq minutes, ici inadapté, on commence à entrevoir les failles de la série.

Ainsi, l'histoire commence de manière somme toute assez classique: le protagoniste Kimimaro Yoga, sans famille, sans attaches, sans personnalité, sans but, sans particularité, va nous servir d’interface pour entrer dans l'univers. En effet, il va se retrouver affilié à un monde parallèle où des personnes hypothèquent leur futur pour donner naissance à des avatars, grâce auxquels ils vont se battre entre eux pour remporter des devises spéciales, échangeables contre de la monnaie sonnante et trébuchante dans le monde réel.
Dès le départ, la série donne le ton en assommant le spectateur de sa terminologie spécifique. «Asset», «Entrepreneur», «Midas money», «Mezzoflation», «Deal», «Quartier des Finances», etc. Un vocable de circonstances qui nous prépare à la suite, les combats. Ceux-ci font vraiment penser à des affrontement de jeux vidéos, comme Persona ou même Pokémon. Les personnages utilisent leurs Asset qui possèdent trois attaques, sachant que le montant payé détermine la puissance de l'attaque... Un concept intéressant, qui offre des combats riches en action et en effets spéciaux. La subtilité étant que les résultats des combats dans le monde parallèle affecte le monde réel. Le protagoniste qui sert ici de caméra va donc nous permettre de constater les dégâts, et ainsi abreuver la série en propos relatifs à l'argent, sa valeur, son origine, l'amour, l'amitié, le bonheur, la vie, et patati et patata.

C - Control - Screenshot #3Jusque là, ça marche. La sauce prend, on veut en savoir plus sur cet univers, on veut connaître ses secrets, on veut approfondir les personnages et connaître leur motivations.

Tout cela est soutenu par une réalisation de haute volée, variée et ambitieuse. La façon dont est mis en scène le Quartier des Finances me plaît beaucoup, dans un ton baroque et surchargé, mêlant motifs antiques, classiques, et ultra-modernes. Avec force couleurs criardes et sur-utilisation de l'outil numérique, les décors de C-The money of soul and possibility control attirent l’œil et, tel un Madoka, donnent une identité à la direction artistique de la série. De même, la mise en scène est bourrée de bonnes petites idées comme le split-screen fréquent ou les modifications de voix selon que l'on passe d'un monde à l'autre. Le chara-design est lui aussi de qualité, sauf pour le personnage principal qui a la tête d'un portrait de Picasso. Les personnages portent tous des costumes qui les rendent vite identifiables, comme Masasaki qui ressmble à M. Wonka, ou Mikuni qui a l'air de tout sauf d'un magnat de la finance. Mention spéciale pour le personnage de Satô, la représentante gourmande et sexy du Fond Monétaire International (on comprend mieux l'ambiance qui règne au FMI...). Les Asset sont plutôt beaux, très différents les uns des autres. Mysu, l'Asset de Kimimaro, remporte bien sûr tous les suffrages. L'animation est fluide, comme le montrent les nombreuses scènes d'actions. Gros coup de cœur pour la musique, étonnamment bien réussie, que ce soit la BGM ou les génériques, superbes, notamment «♫ RPG» par School food Punishment en guise d'ending.

C - Control - Screenshot #4Mais aussi beau soit-il, C-the money of soul and possibilty control ne cesse de plonger au fil des épisodes. Les combats sont de plus en plus courts et ont moins d'impact. Je me souviens notamment d'un combat très important contre un personnage sur lequel on avait passé du temps (Sennoza) qui ne durait finalement que quelques secondes, le temps que le héros rassemble sa détermination pour one-shot son adversaire... De même, l'embryon de romance avec le personnage de Hanabi est tué dans l’œuf, rendant ce personnage parfaitement inutile, donc encombrant. Le passé de Mikuni est dûment expliqué, mais celui de Kimimaro (qui est censé être le protagoniste je le rappelle) reste flou et aucun relief n'est donné à ce personnage - il devient même de plus en plus passif.

Le coup de grâce arrive lorsque la série s'embarque dans son climax, qui se résume à un bon gros WTF des familles. Je défie quiconque de comprendre les derniers épisodes en un seul visionnage. Comme je peux pas spoiler, je ne vais pas vous raconter, ce qui est d'autant mieux vu que je n'ai rien compris. Les événement s’enchaînent de manière de plus en plus rapide et de moins en moins logique; les incohérences s'accumulent et strictement aucune explication n'est donnée, faute de temps. La fin est une sorte de trip apocalyptico-economico-shônenico-evangelionesque, abusé et ridicule, qui laisse le spectateur désabusé, seul avec son mal de crâne.

Évidemment, le propos de la série subit le contrecoup de cette précipitation, tant et si bien que la réflexion sur la valeur de l'argent se transforme en «Viendez ma bande, on va sauver le monde en pétant sa gueule au salaud en costard, comme dans le générique de début !». D'ailleurs, même en y réfléchissant, je n'ai pas saisi quelle était la divergence fondamentale entre la vision de Mikuni et celle de Kimimaro. C'est sûr, Mikuni il a la classe lui, mais en dehors de ça...

C-The money of soul and possibility control est la preuve que les bonnes idées, un beau visuel, une musique agréable et deux-trois sakuga dans le dernier épisode ne suffisent pas à faire un bon anime. La narration, la façon dont on raconte l'histoire est importante aussi. Car même s'il se passait des choses à l'écran, je n'ai pas compté le nombre de fois où je me suis ennuyé devant C-The money of soul and possibility control, fatigué de ce scénario sans queue ni tête, des ces dialogues absurdes d'incohérence, des retournement de situations sortis de nulle part.
Cela dit, je ne peux nier l'excellence technique et artistique de l'anime, qui aura fait que je n'ai pas perdu mon temps. Mais je reste avec un goût amer dans la bouche.
Le goût du gâchis. 6,5/10

Les plus
- Concept original et d'actualité
- Direction artistique et mise en scène inventive
- Excellente musique

Les moins
- Trop ambitieux pour seulement onze épisodes
- Le scénario part en vrille dans la seconde moitié
- Les personnages sont gâchés

Verdict :6/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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