Faut-il espérer quelque chose de Squaresoft maintenant que la boîte a fusionné avec Enix ? Faut-il croire que l'agrandissement des infrastructures de cet éditeur nous apportera des oeuvres plus valables et plus inspirées ? A voir cette OAV particulièrement minable, la réponse est non.
Square Enix est représentatif de cette crise des studios et des éditeurs de jeux vidéo au Japon : Ghibli, Gonzo, Production I.G, Gainax, tous tentent de se repositionner sur le marché, en trouvant du sang neuf, en allant vers le fan service, ou en essayant d'atteindre de nouveaux médias.
Cette alliance de Square Enix avec les vieux de chez Madhouse est une baudruche pleine d'urine, suspendue au plafond, prête à crever sur les fans levant encore les yeux au ciel la bouche grande ouverte, croyant que l'âge d'or du jeu vidéo et de l'animation japonaise est enfin là.
L'urine pique les yeux, c'est ce qu'on constate après avoir suivi pendant 25 mn la sous-intrigue la moins excitante de l'excellent Final Fantasy VII. La question est la suivante : quel intérêt à suivre les aventures du soldat Cloud, alors qu'il est accompagné par des personnages n'ayant aucun impact sur le scénario du jeu, et dont on se moque, sachant qu'en 25 mn il sera impossible de nous faire avaler que Midgar puisse être autre chose que la ville des héros que nous avons dirigé dans FF VII ?
L'histoire est indigente, l'animation correcte, les couleurs évoquent une morgue au soleil couchant, la mise en scène est laide, et les angles de caméras foireux, mal placés exprès pour ne pas avoir à créer de scénario original (on ne voit pas grand-chose, c'est au spectateur de deviner), bref, "Last Order" tente de façon éhontée de tirer parti de la franchise la plus rentable de l'histoire de Squaresoft, sans parvenir à renouveler la magie du jeu.
Cette OAV est le reflet d'une terrible manie qui infecte toute l'industrie de l'audio-visuel à l'heure acteulle. Ce besoin physique, cette envie de faire des "prequels" à tout bout de champs, de voir ce qu'il y avait avant, de retourner aux origines, parfois pour le meilleur, c'est vrai, mais souvent pour le pire, tout cela nous révèle à quel point le milieu est en crise. Incapable d'innover, de trouver de nouveaux talents, les producteurs et scénaristes sont obligés de dépouiller les cadavres de leurs vieilles franchises, misant tout sur la nostalgie du fan qui lui-même n'en peut plus de nager dans un océan de merdes mal fagottées.
Last Order n'est pas un dessin animé, c'est l'un des nombreux symptômes montrant que le renouveau de l'industrie n'a pas eu lieu...