Indéniablement, Free! s’est imposé comme le blockbuster animé de l’été 2013. Éclipsant tout le reste de la production le temps de sa diffusion, la dernière série du studio Kyoto Animation a une nouvelle fois forcé l’attention de l’otakusphère qui en a fait son sujet de discussion proéminent ; buzz qui s’est traduit par un succès commercial d’ores et déjà remarquable.
La série est issue de la nouvelle méthode de production de KyoAni, qui se détourne des adaptations de mangas ou de romans venus de l’extérieur pour produire ses propres concepts, que le studio sélectionne grâce à un concours interne à sa maison d’édition de romans. En l’espèce, il s’agit du light novel High Speed de Kôji Ôji qui fut retenu par le studio comme base de sa nouvelle série. Kyoani avait d’ailleurs réalisé un petit court animé pour promouvoir le projet, qui annonçait la couleur ; une série ayant pour sujet la natation, et mettant en scène de jeunes hommes aux muscles saillants. Ce simple teaser a conduit à une shitstorm épique, les plus loyaux fans de KyoAni ne supportant pas que leur studio favori choisisse de s’adresser à un public discret mais désormais essentiel dans l’industrie de la japanime : les filles.
Ainsi que ce soit pour de bonnes ou de mauvaises raisons, Free! était forcé d’avoir les regards braqués sur lui ; après ce formidable coup de com’ le studio n’avait plus qu’à ramasser la mise sans même se forcer. Et pourtant, le studio reste fidèle à ses standards de qualité et sert un produit de qualité très honorable, et sans doute la meilleure production du studio depuis Hyouka.
Free! raconte l’histoire de trois lycéens liés par un passé commun. Haru, Makoto et Nagisa faisaient partie d’une équipe de natation au collège et avaient même gagné un tournoi de relais quatre nages avec leur ami Rin. Mais ce dernier finit par quitter le Japon pour poursuivre son parcours à l’étranger, mettant fin au groupe de potes.
L’élément déclencheur est le retour de Rin au Japon, qui retrouve Haru et le bat en duel à la nage. Devenu distant et arrogant, Rin quitte ses trois anciens amis et intègre un prestigieux lycée sportif. Mais les trois autres n’en restent pas là et décident de fonder un club de nage dans leur propre école, afin peut-être de retrouver Rin en compétition. Pour le remplacer, ils recruteront Rei, un transfuge du club d’athlétisme, et Gou, la propre sœur de Rin. Tous ces personnages partiront de zéro pour tenter de rejoindre leur rival dans la piscine.
Vous avez peut-être haussé un sourcil à l’énoncé du mot "club", ce qui se comprend sachant que cela fait plusieurs années que KyoAni fait son business grâce aux clubs de toutes sortes, qu’ils aient pour objet la muisque, la littérature ou les extra-terrestres. Les plus moqueurs sont allés jusqu’à dire que la série se contentait de resservir la même soupe en changeant simplement le sexe des personnages ; et même si cette affirmation trouve un fond de vérité dans la mesure ou KyoAni ne se démarque pas d’une formule qu’ils ont eux-mêmes perfectionné, elle réduit l’intérêt de la série qui offre plus que du simple slice-of-nothing.
D’un point de vue technique, Free! envoie balader la quasi-totalité de la concurrence. Cela semble acquis compte tenu du pedigree du studio, mais l’animation comme le design et la qualité de production sont devenus des facteurs déterminants lorsqu’il s’agit de sélectionner parmi les dizaines de séries qui sortent chaque saison et dont la plupart sont des productions low-cost qui ne servent qu’à exister. Je dirais même que le fait que malgré la quantité de studios et de séries aucun ne soit capable de tenir tête à KyoAni après toutes ces années en dit long sur l’état de délabrement de cette industrie.
Free! a pour thème le sport et ne ment pas sur la marchandise, l’essentiel du récit reposant en effet sur la natation. Les séries de sport ont tendance à m’ennuyer personnellement, s’agissant souvent de shônen fleuves dont les enjeux mettent trente ans à se construire et dont les personnages sont généralement fades. Free! évite ces écueils grâce à son format court de treize épisodes qui oblige l’histoire à avancer et ne permet pas vraiment de meubler avec du vide. Les personnages sont bien campés et répondent tous à un stéréotype des séries pour filles avec le brun ténébreux (que l’on qualifiera plutôt d’autiste ici), le rouquin flamboyant, le gendre idéal, le genki boy et l’intellectuel. Le fan-service est éclatant dans les premiers épisodes mais on passe vite outre, la série restant fidèle à la tradition de KyoAni de ne jamais tomber dans le racolage même s’il s’agit ici de leur série la plus sexualisée en date. Le drama forcé en agacera certains mais il donne un socle qui se substitue à l’habituel nekkestu, d’autant que cette bromance trouve le juste milieu entre contenter le public cible sans dégoûter les autres.
En bref, Free! est une réussite de plus à mettre au crédit du studio le plus hype de l’industrie, qui suit son bonhomme de chemin envers et contre tous et avec un succès commercial qui pour le moment ne se dément pas. Une série dont l’intérêt se situe peut-être plus sur ce que l’on en dit que sur ce qu’elle-même raconte, et qui tend le bâton pour se faire battre avec son sous-texte à peine voilé, mais dont l’exécution propre et sans bavure rend assez attachante malgré son opportunisme.
Les plus
- Animation excellente, forcément
- Rythme carré et mise en scène juste
- Personnages marrants dans leurs stéréotypes
- Rin et ses crises d'ado
Les moins
- Quelques scènes lourdes
- Musique ratée
- la même chose avec des filles et du subtext yuri, j'aurais mis 10, juré.