Ghost hound ou comment faire un anime ultra addictif en réduisant le rythme au minimum !
Tout dans Ghost Hound prédispose à l'ennui. Des histoires de fantôme dans une ville de montagne japonaise avec des gosses pour héros. Ben raté. Pourquoi ?
Graphiquement c'est très très classique. Voire trop. Mais ce n'est pas le but de l'anime et ça ne change pas grand chose à son appréciation.
Pour commencer le cadre. Tout dans ce village de montagne isolé est utilisé pour participer à l'intrigue. Le côté oppressant de ce cadre renforce le malaise qui vous prend du début à la fin. Entre les longs trajets, le besoin de prendre le bus pour aller à l'hôpital le plus proche. Bref on se dit que si y a un évènement un peu dangereux, on mettra des jours à être au courant...
Bon. Maintenant le côté psychologique. Je parlais du sentiment d'oppression. Dès le premier épisode, les visions de Taro, l'univers dans lequel il vit (sa maison, l'école, les quelques personnes qui l'entourent) on se sent à l'étroit. On se sent pas à sa place. On veut comprendre on voudrait pouvoir respirer. Et comment font-ils ça ? Par l'utilisation extraordinaire de la bande-son. Peu de musique, que des bruits se prêtant toujours à l'action. L'impossibilité de comprendre les propos de la soeur nous frustre autant qu'elle frustre Taro. Bref et cela fonctionne pour chacun des trois héros principaux de l'histoire. Cela passe aussi par l'instrumentalisation des silences. Comme le dit Eolf, on peut passer passer plusieurs minutes sans rien d'autres que des images fixes et des sons. On se sent pas ennuyé, on se sent envahie par divers sentiments. On aurait envie de casser l'écran pas pour que ça avance mais pour que ça s'arrête !!! J'ai particulièrement apprécié les séquences où on voit différents personnages en train de déprimer et où par succession d'images et de sons de plusieurs secondes ont comprend l'objet de leur déprime et le sentiment que cela exerce sur eux.
A cela il faut rajouter une prouesse. Un peu à l'image de Baccano! et de sa trame narrative, Ghost Hound et son univers sonore et visuel permettent de valoriser un scénario dont les tenants et les aboutissants ne sont pas extraordinaires. Les rasions du décès de la soeur de Taro et tout ce que cela implique ne sont finalement pas surnaturels ni jamais vu. Mais la manière dont on y est amené, l'incursion dans la psyché des personnages est telle qu'on comprend leur réaction même les plus violentes. Bref tout s'imbrique de manière logique sauf qu'en plus on se sent concerné. On est plus spectateur...Enfin c'est la sensation que j'ai eu.
beaucoup de thème sont abordés. Le télescopage entre physique quantique et shamanisme peut sembler tiré par les cheveux mais cela s'appuie sur des travaux réels. Pour ceux que ça intéresse, les discussions entre les deux docteurs à plusieurs moments de l'anime sont très intéressantes et documentées. Même si le concept d'ordre impliqué (implicate order) de D.Bohm est un peu simplifié pour les besoins de l'anime, cela reste sérieux et honnête. Le perte d'un enfant est très bien abordée via la mère de Taro. Le thème des sectes aussi mais plus tard dans l'anime. Et enfin le trafic d'organes et les recherches sur le clonage et l'embryon humain via Dai Nippon Bio...
La fin peut sembler facile mais elle est logique. Puisque l'histoire n'avait rien de si extraordinaire la fin non plus. On reste sur des inconnues (Quelle influence a ce village sur le cerveau ? Qui est le vieil homme de la montagne ?) mais on est pas frustré. Le but de l'anime ne se révèle pas être l'histoire en elle-même mais les différentes réflexions abordées au cours de la série.
Les reproches : c'est très lent, c'est pas très beau, les personnages donnent parfois envie de leur taper dessus tellement ils sont niais (notamment Taro dans la vie de tous les jours), sans parler de ceux qui servent à rien...Mais chacun d'entre eux se révèle dans les moments de réflexion : mention spéciale au personnage de Makoto qui évolue vraiment tout au long de l'anime.
Bref on pourrait s'ennuyer énormément si on accroche pas avec les thèmes abordées...J'ai encore envie de faire le rapport avec Serial Experiments Lain même si ici on est à un degré moindre. Beaucoup de points communs entre les deux.
Bref on est à 100 lieues de l'histoire de fantômes classique. Par contre, fans absolus d'action ou réfractaires au retournement de cerveau, passez votre chemin !
On est pas au niveau de Lain mais quand même. Bref une très bonne note pour un anime qui m'a marqué même si il n'est pas forcément incontournable, puisque quand même faut aimer ça...