Coup de cœur de la soirée, KMYB réunit à mes yeux beaucoup de qualités :
Tout d’abord, ce film est une sacrée claque visuelle : chaque plan est un véritable régal pour les yeux. C’est un des plus beaux films de japanime qu’il m’ait été donné de voir à ce jour. Si les personnages ont un design plus classique et un peu moins soigné, il n’en sont pas moins réussis et ont beaucoup de charme.
Musicalement parlant, la majeure partie des pistes entrent dans la catégorie « colle très bien à l’ambiance du film mais parait assez fade écoutée seule ». Cependant, je retiendrai l’ending, chanson à la fois tendre et mélancolique. La chanteuse a de plus une fort jolie voix, ce qui ne gâte rien.
Outre le côté purement spectacle que j’ai décrit jusqu’à présent, KMYB nous offre une histoire originale et bien construite dans un futur à la fois extraordinaire (une tour vertigineuse qui défie les lois de la physique, la théorie des mondes parallèles) et terriblement proche de nous (le Japon présenté ressemble énormément à celui d’aujourd’hui, l’allusion à l’ONU, à la NSA, etc). Makoto Shinkai mêle avec brio rêve, mondes parallèles, guerre et insouciance d’étudiants (avec leurs promesses, leurs amitiés, leurs amours).
J’aimerai insister sur le contexte présenté dans le film : l’île de Hokkaidô a été annexée par un autre pays qui y a érigé une tour immense qui dépasse les nuages et ressemble à un fil ténu rejoignant la terre et le ciel. Le Japon et les Etats-Unis qui ont établi des bases dans l’Archipel déclarent la guerre à l’autre nation. Je trouve cette situation particulièrement riche en symboles. D’abord, le choix de l’île de Hokkaidô : celle-ci était habitée par le peuple des Aïnous et a été annexée par les Japonais pour être rattachée au Japon. On a l’impression ici que les Aïnous (considérés comme des barbares par leurs envahisseurs) se sont rebellés, ont gagné leur indépendance et en dressant cette tour ont montré que leur savoir dépassait celui de ceux prétendument supérieurs, au point de susciter la peur chez ces derniers. De plus, on fait mention dans KMYB des forces américaines au Japon. Or, l’armée américaine a justement une base établie dans l’archipel de Okinawa, cette base suscite encore aujourd’hui une vive polémique et un mécontentement des habitants japonais de l’archipel.
Cette fameuse tour autour de laquelle gravite tout le film paraît ainsi cristalliser à la fois l’angoisse du Japon (perte d’une partie emblématique de son territoire, fait de devenir elle-même une colonie de l’armée américaine et donc perte d’une partie de son identité et de son sentiment national, lequel est très fort habituellement) et l’espoir, le désir des gens (un idéal qu'ils cherchent à atteindre) : une sorte de tour de Babel des temps modernes.
Un film à ne pas manquer.