En général, la seule évocation du nom de Shinkai Makoto laisse entrevoir les bons points et les défauts auxquels on sera confronté au moment du visionnage du film concerné. La tour au-delà des nuages ne contredit pas la règle et hérite d'un travail énorme sur de nombreux points, contrebalancé par un rythme assez mou.
La première chose qui frappe, et ça a déjà été évoqué dans les précédentes critiques, c'est l'aspect graphique en général. Ce film est une succession de plans, de décors d'extérieur et même d'intérieur à couper le souffle. Chaque image mériterai sa place en tant que fond d'écran, bref on en prend plein la vue partout, tout le temps et ce genre de production fait clairement partie de celles qui m'ont le plus bluffées. Reste pourtant un constat, celui que tout est un peu trop statique, la vie qui se dégage des images ne vient en aucun cas des mouvements, l'animation est quasi inexistante, mais uniquement des couleurs, et ce manque de mouvement est un premier pas vers une certaine lenteur. Pour ce qui est du reste, on a le droit à un chara-design pas forcément recherché, on est dans une logique de normalité dans les habits comme les visages, mais qui fait son office, c'est tout ce qu'on lui demandait et ça ne fait qu'apporter en réalisme à l'ensemble.
Côté scénaristique, deux temps sont à distinguer. Un premier, assez poétique où l'on suit l'aventure de nos 3 amis, certes assez commune, mais qui nous permet de nous familiariser et même de nous attacher à eux. Un trio qui porte en grande partie l'intérêt général de la production. Cette partie, présentée comme le calme avant la tempête par la voix-off qui n'a de cesse de faire l'interlude entre différentes scènes, est de loin celle qui m'a le plus touchée. La seconde partie présente un contexte bien loin de l'ambiance apaisée de la première avec le développement de l'intrigue qui est finalement assez sympa même si l'on a du mal à bien comprendre le mystère qui entoure la fameuse tour qui omnubile tant notre personnage principal. Un second acte plus rythmé donc, mais étrangement le moment qui m'a le moins intéressé peut être du fait qu'il tranchait un peu trop radicalement avec l'introduction, mais aussi parce qu'on est dans un véritable flou scénaristique jusqu'à un moment assez éloigné par rapport à la durée totale du film.
Reste la bande sonore. Tantôt sublime (thèmes chantés), tantôt renforçant l'ambiance déjà instaurée par les images, aucune erreur, aucune faute de goût n'est à signaler. Aussi les musiques permettent-elles de conserver un minimum l'intérêt de celui qui regarde le film. Car oui, le principal défaut de La tour au-delà des nuages réside dans le fait que ça n'avance décidément pas assez vite. C'est mou, certaines scènes auraient mérité d'être raccourcies, parfois même supprimées, afin d'atteindre un format un peu plus en adéquation avec l'histoire contée. Et cette lourdeur constante est renforcée par un manque de dialogue entre les protagonistes, les blancs sont trop nombreux, trop longs, et il n'y a pas pire pour perdre son client.
En définitive, la note est assez difficile à attribuer. Doté d'une esthétique des plus réussies, d'une bande son orgasmique et de personnages attachants, tous ces points positifs sont immédiatement neutralisés par une mollesse trop importante. Du coup je mets 6.5 car en dessous reviendrait à une note injuste, mais au dessus signifierai que j'ai bien apprécié le film, alors que ce dernier m'a lâché après seulement 1 heure (sur quasiment 2), mais n'allez pas croire que je ne l'ai pas fini pour autant.