Un des éléments déterminants de la qualité d'un récit est à mon sens la gestion de l'élément perturbateur. Zankyou no Terror fait le choix d’opérer un important changement d'orientation dans son récit. Le statut des personnages change rapidement, et le début très classique trouve en cet élément perturbateur, son second souffle. L'animé passe alors dans sa phase d’exposition, et se détache peu à peu de la structure établie au départ.
La première partie, bien que divertissante, peine à surprendre et repose finalement sur des ficelles bien connues du thriller. On retrouve donc le classique jeu du chat et de la souris, et le désormais célèbre "détective surdoué qui comprend comment que le méchant il réfléchit". Le schéma est ici classique mais pas déplaisant pour autant.C'est l'arrivée de Five - un personnage insupportable et au chara design improbable - qui marque le début de la seconde partie de l'animé. Les rôles sont alors redistribués et l’intérêt relancé. On déplorera tout de même la mollesse de certaines confrontations, dont une partie d'échec grandeur nature aussi ennuyeuse que dispensable, et le manque cruel de charisme de Five (en partie dû au développement quasi-nul dont jouit le personnage). Mais heureusement pour Zankyou no Terror, son intérêt réside ailleurs.
Derrière ses allures de thriller apocalyptique, Zankyou no terror tente en réalité dresser un portrait du japon actuel, de son rapport au nucléaire et des relations diplomatiques d’après guerre. Loin du préchi-précha habituel, on a droit a une véritable confrontation entre la génération qui refuse d'oublier et celle qui a été forcée à se souvenir, jusqu'à un final à la fois pessimiste et porteur d'espoir. Malheureusement, le nombre limité d'épisodes a eu pour conséquence une cruelle négligence des trois personnages principaux, ce qui est un comble quand on sait que leur évolution à mi-parcours constitue un des enjeux principaux du récit. Le cas le plus flagrant étant celui de Lisa, qui se révèle être un protagoniste tristement plat et qui aurait pu, si plus développé et avait bénéficié de plus d'interactions avec Nine et Twelve, justifier de manière cohérente l'évolution de nos deux têtes principales.
Fort d'une bande son incroyable et d'un final réussi, mais néanmoins handicapé par son format trop court, Zankyou no terror déçoit un peu. Les interactions entre les personnages sont sous-exploitées, et on peine a retrouver le coté viscéral et effréné propre au genre thriller. Mais là ou l'anime se démarque c'est par la force de son message , et la manière dont celui ci est délivré. La conclusion ne fait pas dans la demi mesure, et la morale de l'histoire est aussi douloureuse que réaliste.