Dernier film en date de Hayao Miyazaki, le Château Ambulant m'a un peu déçu.
On retrouve la patte du maître dans des instants de magie ou de beauté grandiose. Marque de fabrique des studios Ghibli, les paysages sont magnifiques, souvent fouillés et les couleurs bien choisies. Si la 3D est présente elle se fait relativement discrète (mais pas toujours, hélas) et on peut admirer le coup de crayon des dessinateurs. L’animation est également irréprochable.
Premier bémol : l'histoire est fouillie et le scénario peu accrocheur : que cherche Sophie au juste, une fois métamorphosée en vieille femme ? Tout le monde s’agite dans tous les sens, brasse de l’air, mais finalement on ne sait pas trop dans quelle direction on avance. J’ai lu le roman dont est inspiré ce film quelques mois après avoir vu ce dernier au cinéma et, si je me souviens bien, l’histoire était plus complexe avec davantage de personnages mais également peu claire et farfouillis.
Il manque à ce film une réelle trame du début jusqu’à la fin : il y a des historiettes qui se croisent ou se superposent mais le patchwork qui en résulte laisse un arrière-goût d’inachevé. Dans la trame de fond, on reconnaît des thèmes chers à Miyazaki comme l’industrialisation à outrance (voir le passage du train qui crache de la vapeur et noie les maisons et les rues) ou la guerre. Miyazaki qui a la passion des engins volants déploie à nouveau toute son imagination pour en concevoir des originaux.
Les personnages principaux sont charismatiques : Sophie, Hauru et ses agissements mystérieux ainsi que Calcifer, mais je leur préfère des personnages tels que Chihiro, Mononoke ou Porco par exemple. Peut-être est-ce dû au fait que Sophie nous apparaît la plupart du temps sous les traits d’une grand-mère, adorable et à l’esprit aiguisé, certes, mais malgré tout moins attachante. Notons également le chien, qui m’a bien plu par les mines qu’il prend. Par contre, les autres personnages ont beaucoup moins de saveur. Les espèces d’hommes latex qui servent de sbires à la Sorcière des Landes, sont, eux, parfaitement ridicules et sans intérêt.
Et le château me direz-vous ? J’avoue que je me demande ce que Miyazaki avait derrière la tête lorsqu’il l’a conçu ainsi. Fait de bric et de broc, il ressemble à un monstre hideux de l’extérieur et à une chaumière à l’intérieur. On peut voir ce château comme une métaphore : son extérieur est un résumé du monde dans lequel vivent les personnages : rassemble des tôles (l’industrie), des maisonnettes, des canons (la guerre), tandis que l’intérieur est nettement plus petit et rustique avec un grand feu qui chauffe en permanence et … un sacré capharnaüm avant que Sophie n’y mette de l’ordre.
Le château serait alors l’inverse de Hauru : l’apparence extérieure de celui-ci est impeccable et pleine de charme mais à l’intérieur il est rongé de souffrances et devient progressivement une bête ailée au grand pouvoir de destruction. Ou bien, je vais chercher trop loin ?
Par contre, l’idée de la porte qui ouvre sur plusieurs environnements selon le choix de la couleur est particulièrement bien trouvée.
La musique, maintenant. La bande originale du Château Ambulant est une de celle qui m’a le moins plu parmi l’ensemble des OST des films de Miyazaki. Quelques morceaux sortent cependant du lot, je pense notamment au passage où Hauru et Sophie sont environnés de bonhommes à tête d’étoile qui tournent autour d’eux en chantant. Même la chanson finale est jolie mais manque de panache. Je préfère largement la BO du Voyage de Chihiro ou du Château dans le Ciel.
Dans la liste des récriminations, je citerai encore un final avec pirouette très contestable (en rapport avec l’épouvantail) et un happy end très hollywoodien, décevant après ce à quoi Miyazaki nous avait habitué.