Il était grand temps que je fasse une critique du film qui m'a réconcilié avec Miyazaki et qui m'a permis de découvrir un autre chef d'oeuvre qu'est Le voyage de Chihiro (même si chronologiquement, j'aurais dû commencer par là)...
Le Château Ambulant, c'est pour moi un coup de coeur comme on en connaît peu. J'ai lancé le DVD, sceptique, ne sachant rien de l'histoire, et n'attendant rien de cet anime - je ne pouvais donc qu'être agréablement surprise. Dès les premières minutes, je suis rentrée dedans avec une facilité déconcertante. D'abord à cause du personnage de Sophie, la jeune fille timide et responsable à laquelle je me suis vite attachée et identifiée. Et puis, évidemment j'ai eu un gros coup de coeur pour Hauru dès sa première apparition.
Le rythme de l'anime est efficace: pas de temps mort, on enchaîne scènes légères et scènes plus prenantes qui donnent un bon souffle, de sorte qu'on ne s'ennuie pas une seconde. La trame est très similaire à celle de Chihiro: une jeune fille, suite à une malédiction, se retrouve éloignée de sa famille, vit plusieurs aventures et est secourue par un jeune homme énigmatique, dont elle finira par tomber progressivement amoureuse avant de réaliser qu'il n'est pas comme les autres et qu'il a besoin de son aide et de tout faire pour le secourir. En ce sens, Le Château Ambulant ressasse un peu l'intrigue de Chihiro, mais comme je l'ai dit, ma vision est biaisée par l'ordre dans lequel je les ai vus.
Là où j'avais trouvé Mononoké incroyablement manichéen, Le Château Ambulant s'acharne à déconstruire ce manichéisme: bien que la trame de fond comporte également une critique de l'industrialisation et un appel à la paix, on n'insiste pas dessus, il n'y a pas de réelle morale. Pas de réel "méchant" non plus: la Sorcière des Landes à qui Sophie doit sa malédiction, apparaît finalement comme un personnage pris à la dérision, jusqu'à ne plus être qu'une petite vieille rabougrie peu effrayante que Sophie elle-même prendra sous son aile. Mme Suliman, sous ses airs de bonne fées, sans être redoutable, n'est pas aussi bienveillante qu'on pourrait le croire. Hauru lui-même apparaît cruellement égoïste et immature (j'étais morte de rire à la scène où sa teinture de cheveux foire) alors que c'est le héros de l'histoire. Ce qui fait de chacun d'eux des personnages incroyablement fouillés. Et comment oublier Calcifer, la boule de feu, Navet, l'épouvantail, Hin, le chien, Marco, le petit garçon? Autant de personnages secondaires et souvent muets et pourtant tellement attachants et drôles!
Quoiqu'il en soit, j'ai été entraînée par ce mélange de poésie, d'humour, d'aventure et de romance.
De poésie, parce que sous couvert d'une réflexion sur la vieillesse, c'est surtout une ode à la paix, aux sentiments, à la magie.
D'humour, et devrais-je dire, de fraîcheur, de légèreté. L'anime n'est pas sombre ni jamais déprimant: et même Sophie, de jeune fille qui entre dans la vie à vieille femme qui n'a plus rien à en attendre, prend sa situation avec énormément de recul, et d'humour, sans se morfondre, au contraire, avec beaucoup de détermination, en tirant parti des avantages de sa condition. Je dois le dire, j'ai énormément ri devant ce visionnage: des premiers instants jusqu'à la magistrale scène de la montée des escaliers qui m'a coupé le souffle, j'ai ressenti une vraie bouffée de bonheur devant ce petit bijou. Attendrie, émue, amusée, sans cesse conquise.
D'aventure, car en vérité l'intrigue mêle plusieurs histoires très prenantes, plus ou moins importantes: du pacte entre Hauru et Calcifer que Sophie s'est engagée à défaire, à la malédiction de cette dernière, en passant par la guerre qui gronde et à laquelle Suliman appelle Hauru à prendre part, et sans oublier des intrigues très secondaires comme celle de Navet, les relations entre personnages sont enchevêtrées, et l'histoire gagne en complexité et en intensité car comprenant plusieurs problèmes à résoudre.
De romance, parce qu'il s'agit bien sûr d'une histoire d'amour qui ne pouvait qu'attendrir mon coeur d'artichaut. ♥ Le dévouement et le courage de Sophie m'ont énormément émue, elle qui n'est qu'un petit bout de femme face à Hauru et pourtant tellement plus forte - l'Amour donne des ailes, comme on dit!
De la même façon, j'ai beaucoup aimé le fait que ce soit souvent grâce à l'Amour qu'elle rajeunit: ainsi la scène où Mme Sulivan lui dit qu'elle est amoureuse, Sophie apparaît de nouveau jeune fille, l'espace d'un instant, et plus l'histoire s'accélère, plus son visage se déride, ses cheveux reprennent leur forme d'antan, jusqu'à la fin...
Visuellement, c'est bien sûr sublime. J'aime beaucoup l'aspect steampunk des décors (le château, les machines volantes) et du charismatique Hauru à l'affreuse Sorcière qui se décompose, tout est très visuel et intense, au point qu'on croirait que tous nos sens sont attaqués. Musicalement, c'est agréable et il y a quelques très bonnes pistes même si ce n'est pas transcendant. Le doublage est également très bon.
Bref, ce fut une vraie bouffée d'air frais, j'ai ri, pleuré, en somme, j'ai vibré devant ce petit bijou que je recommande à tous. Et un 10 bien mérité pour relever sa moyenne.