Critique de l'anime Le Château Ambulant

» par Ariane le
21 Janvier 2010
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Après Le voyage de Chihiro, qui représente, à mon sens, le pinacle de l'art de Myazaki et des Studios Ghibli, je dois dire que les films suivants ont été des déceptions, surtout scénaristiques.

Au niveau de la qualité de l'animation et de la réalisation, les Studios Ghibli nous offre, avec Le Château ambulant, un magnifique spectacle, tout aussi haut en couleur que Le Voyage de Chihiro. Le travail sur les expressions faciales et la gestuelle de Sophie est particulièrement raffiné. Howl est tout en grâce et en ambigüité. La terrible Sorcière des Landes est monstrueuse à souhait et donne l'impression de littéralement se liquéfier au point de suinter à travers l'écran. C'est donc du grand art en terme d'animation.

Par contre, le scénario présente des lacunes qui rendent une bonne partie du film incompréhensible. Pourtant, l'histoire commence plutôt bien, puisqu'il s'agit d'un des très rares films d'animation à présenter une héroïne de 80 ans. En effet, les films qui mettent la vieillesse et ce qu'elle peut avoir d'héroïque, à l'honneur, se comptent probablement sur les doigts d'une main, dans toute l'histoire du cinéma (et de la télévision d'ailleurs). En général, le 3ème âge n'est représenté que comme une déchéance et une descente accélérée vers la tombe. Si le vieillissement soudain de Sophie, une jeune femme de 18 ans, qui se transforme en l'espace d'une nuit en une vieille dame de 80 ans, nous est d'abord présenté comme une malédiction (ce qui est le cas, puisqu'elle est victime d'un mauvais sort que lui a jeté la Sorcière des Landes), très rapidement, on nous montre les bons côtés du grand âge, notamment le fait de ne plus devoir prouver quoi que ce soit et donc la possibilité d'une certaine impertinence retrouvée. Même si Sophie n'arrive plus à se mouvoir avec autant d'agilité et de légèreté qu'auparavant, elle se découvre un courage, une endurance et une espièglerie qu'elle n'osait pas révéler en tant que jeune femme, trop timide et effrayée par le monde. D'ailleurs, le sort ne sera jamais complètement levé, parce qu'elle finit par s'accommoder de sa nouvelle situation. Le suivi de cette adaptation de Sophie à sa condition de vieille femme et son acceptation du fait que sa vie a été raccourcie en une nuit de plusieurs décennie constitue donc le point fort de ce film.

Par contre, on ne comprend qu'avec beaucoup de difficulté l'histoire de Howl et strictement rien au contexte de guerre dans lequel les protagonistes évoluent. Le film s'ouvre sur des scènes de guerre entre deux pays, mais on ne saura jamais lesquels, ni même les raisons de ce conflit. On comprend que tous les sorciers du pays sont recrutés pour se battre au côté de l'armée, que Howl refuse cet embrigadement, mais on ne nous dit jamais pour quelles raisons, et utilise ses pouvoirs pour se cacher, échappant ainsi à la "conscription", en quelques sortes. La partie concernant son affrontement avec Suleiman, la sorcière "en chef" du pays, qui sert aussi semble-t-il, de conseillère du roi, est incompréhensible, dans la mesure où l'on ne saisit ni le pourquoi ni le comment de ces scènes. Finalement, à la conclusion du film, lorsque le prince de l'autre pays est libéré du sort qui l'avait transformé en épouvantail à tête de navet (on ne sait ni par qui, ni pourquoi), Suleiman décide de mettre fin au conflit, sans expliquer pourquoi, ni même comment elle compte s'y prendre pour ramener la paix entre les deux nations ennemies, dont on ne sait toujours pas pourquoi elles ont déclenché cette guerre. L'histoire apparaît alors totalement abracadabrante.

Bref, on sent que l'histoire originale telle que racontée dans le roman dont est tiré le film est assez complexe et probablement difficile à adapter dans un film de 2h30. On a l'impression que les scénaristes ont décidé de l'aborder sous un angle particulier, l'histoire de Sophie et de son adaptation progressive à sa nouvelle condition de vieille femme, ainsi que son impact sur Howl, mais qu'ils n'ont pas su comment l'ancrer au cadre général du récit, qui est apparemment une histoire de guerre. Du coup, on reste vraiment sur sa faim.

J'ai remarqué le même problème avec le film suivant des Studios Ghibli, Les Contes de Terremer. Ayant vu tous leurs films, j'en suis venue à la conclusion que lorsqu'ils sont auteurs de l'histoire et la maîtrisent entièrement, les films qu'ils en tirent sont de vrais petits bijoux. C'est notamment le cas du tout dernier Ghibli, Ponyo sur la Falaise. Dans le cas où ils essayent d'adapter un roman, une nouvelle ou même un manga (dans le cas de Nausicaa de la Vallée du Vent), ils rencontrent tout de suite de gros problèmes au niveau scénaristique.

Verdict :7/10
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A propos de l'auteur

Ariane, inscrit depuis le 20/01/2010.
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