GinEiDen est une vieille série qui souffre d'un certain manque d'animation et présente une esthétique qui lui est propre. Le chara-design vieillot et efféminé de certains personnages peut effrayer mais on finit par s’y habituer. L’aventure est longue mais chaque épisode a sa raison d’être et présente un contenu narratif complet. La série aurait quand même gagné en dynamisme, fluidité et en intérêt si elle était parvenue à concentrer l’essentiel de l’intrigue en une cinquantaine d’épisodes. Elle aurait ainsi pu nous épargner les longueurs parfois exagérées d’une discussion politique qui tend souvent à tourner en rond. Je regrette aussi une trop lourde présence du narrateur qui souvent dévoile de manière trop explicite les futures clés de l’intrigue.
Mis à part ces quelques défauts, GinEiDen est une épopée grandiose qui présente le combat de la démocratie contre la dictature. Une grande réflexion politique et historique se pose : quel système est le plus apte à faire régner l’ordre et la justice ? Ce canevas permet à la série d’échapper longtemps à un scénario manichéen en présentant deux parties aux héros charismatiques, à la fois fins stratèges et fervents idéalistes. On voit que la série s’inspire d’un roman. Le scénario est en béton armé et suit de manière chronologique l’ascension au sommet de Reinhard von Lohengramm et la résistance qui se forme autour de Yang Wenli. La série tend au début à alterner les épisodes s’intéressant à l’Alliance et à l’Empire de manière un peu trop mécanique pour donner l’impression d’une histoire qui peine à évoluer et se perd par instant. Le scénario a aussi le défaut de faire mourir ses protagonistes par principe et non par nécessité, comme si chaque personnage était affublé d’une étiquette “mourra” ou “mourra pas” dès le départ. Réalisme ou déterminisme?
GinEiDen, c’est aussi un space opera aux batailles finement élaborées pour peu que l’on s’attarde à comprendre les engrenages stratégiques de l’amirauté. Difficile en revanche de faire des louanges sur la forme. La série date et n’est pas avare en plans fixes et les combats inter-sidéraux ne sont pas des plus reluisants tellement il se trouvent résumés à quelques rayons parallèles esquissés entre des vaisseaux au design sobre et monotone. Les combats à mains armées sont brefs : un coup de hache suffit le plus souvent à déchirer l’ennemi… Ne vous attendez à rien de passionnant à ce niveau. La série manque de fraicheur, vous l’aurez deviné mais reste profondément moderne dans son propos et l’intelligence du scénario esquissé. Société, histoire, politique, religion sont les grandes thématiques qui se fondent dans une fresque ambitieuse et complexe qui ne néglige pas le côté comique et romanesque du divertissement.
La plus longue série d’OAVs s’avère au final une réussite malgré ses défauts. Elle transpire le mythe et la présence de musique classique se fond judicieusement à l’action. Malgré sa longueur et son âge, GinEiDen est une série à ne pas manquer. La longueur permet au fond de s’attacher à un univers et à des figures classes, torturées et ambitieuses pour lesquelles l’honneur est un devoir sacré et la guerre souvent une fin en soi.