Legend of Galactif Heroes, ou encore LOGH ou GinEiDen pour les intimes, fait figure d'icône dans la sphère otaque : une série de pas moins de 110 épisodes uniquement distribuée en DVD et inédite en dehors du Japon. Une fresque fantastique, un saga SF gigantesque, un space opera aux proportions galactiques. Des batailles qui voient s'affronter plusieurs dizaines de millions d'hommes, des centaines de milliers de vaisseaux sur plusieurs millions de kilomètres carrés et qui changent radicalement les civilisations de plusieurs dizaines de milliards de personnes. "Démesureé" n'a jamais aussi bien qualifié une série pour le petit écran.
Il a fallu près de 10 ans et une liste longue comme le bras d'animateurs pour venir à bout de cette série donc il est difficile de juger la qualité graphique mais LOGH a très bien survécu à la patine du temps. Après avoir eu un temps du mal avec le chara-design, je me suis pris à l'aimer : voilà des visages qui ressemblent à quelque chose, bien proportionnés et expressifs tout en restant réalistes. L'animation oscille entre le moche et le fantastique, c'est notamment le cas lors des combats spatiaux, absolument épiques. La synchronisation labiale a souvent un train de retard mais on a droit en contrepartie à un mécha-design de folie, mention spéciale aux vaisseaux de l'empire qui éclate de toute leur beauté (surtout les porte-étendards en fait) par rapport à ceux de l'Alliance plus classique quoiqu'incarnant à merveille l'expression "engins de mort".
Et que dire de la musique, entendre les canons de la musique classique sur les champs de bataille où chaque vaisseaux de plusieurs milliers de tonnes en sont réduits à des points sur l'horizon... épique encore une fois ! La J-Pop peut retourner au bac à sable quand d'autres jouent dans la cour des grands.
Si je devais ne retenir que deux points du scénario de LOGH ce serait certainement les batailles et l'opposition idéologique entre l'autocratie et la démocratie. Et ces deux points sont viscéralement incarnés par les deux opposants majeurs du conflit : Reinhard von Lohengramm et Yang Wen Li. Chacun des deux est un stratège de génie. Reinhard est le dictateur détestable par son idéologie mais son charisme dément nous attire comme un aimant. Yang représente le "gentil" mais les choses ne sont pas si simples et sa faiblesse politique (obligatoire dans l'idéal démocratique) nous font presque regretter sa droiture. Mais les autres personnages ne sont pas en reste : entre le trouble Reuental ou le machiavélique Oberstein du côté de l'Empire ou bien l'homme à poigne Schenkopp et le vieux de la vieille Bucock du côté de l'Alliance pour ne citer que ceux-là... Et croyez-moi, les personnages importants, à plusieurs facettes, se comptent par dizaines.
Que ce soit au cœur des batailles, lors des discours politiques, des attentats ou des magouilles, vous n'êtes plus spectateur, vous VIVEZ l'Histoire. Je ne compte plus les fois où j'ai hurlé, de joie ou de rage, que j'ai eu la larme à l'œil, que j'ai ressenti ce mélange de répulsion et de fascination, que j'ai fait le salut militaire, que j'ai insulté, que j'ai eu la larme à l'oeil ou que j'ai éclaté de rire. GinEiDen a des défauts ? Très certainement, c'est le prix d'exposer son flanc sur plus de 36h de vidéo. Il se complait dans son propre jus quitte à tourner en rond ? Devant la qualité de l'aventure et notre plaisir, on ne va pas s'en plaindre, au contraire même devant le sentiment de manque à la fin de la séance.
GinEiDen ne respecte peut-être pas certaines des règles de la Hard SF mais il n'a pas à rougir devant le cycle de Fondation d'Isaac Asimov ou L'Aube de la Nuit de Peter F. Hamilton. Une série qui se vit comme un voyage initiatique et l'une des meilleurs aventures qui m'ait jamais offert la japanimation. Et je commence à cumuler les kilomètres au compteur. Merci GinEiDen et à tous ceux que m'ont poussé à passer mes nuits et mes jours devant ce chef d'œuvre.