Je m’embête tellement à trouver des titres accrocheurs que je pompe chez nos poètes. Cela peut devenir un concept, notez, maintenant que je suis motivé à parler des séries qui m’ont marqué chaque saison. Nagi no Asukara a soufflé le chaud comme le froid sans jamais me lasser. La série m’a plus enthousiasmé en raison de ses tons aquatiques que des états d’âme des gamins qui en constituent le casting. Malgré tout, l’intrigue s’est avérée plutôt sympathique et les émotions touchent parfois très juste.
Dans un monde où une partie de la population habite dans les fonds marins, surplombée de nuages de poissons et entourée de vase verdoyante, un schisme sépare ceux qui ont été élus par le dieu de la mer et ceux qui demeurent à la surface. Deux civilisations qui conservent d’étroits contacts malgré leurs différences et leurs traditions.
L’école de Shioshishio étant désertée, quatre jeunes adolescents, Hikari, Manaka, Chisaki et Kaname, se voient contraints de nager chaque jour depuis leur village du fond de la mer jusqu’à la surface pour se mêler aux élèves de la ville. Ils auront du mal à s’adapter à leur nouvel entourage. Leurs yeux d’un bleu profond et leur uniforme trahissent facilement une origine qui les tient à l’égard et attire les brimades de leurs camarades… A l’exception d’un seul : Tsumugu, un jeune homme attiré depuis toujours par l’océan et ses mystères.
Les premiers épisodes mettent en avant une sorte de pamphlet contre la ségrégation. On sent dans ce merveilleux petit monde de fortes hostilités entre les gens de la mer et ceux de la surface. Hostilités nourries de manière bilatérales : ceux de la surface sont en quelque sorte jaloux de ces gens qui peuvent vivre tant sur terre qu’au fond de l’océan tandis que ces derniers gardent leur distance car ils craignent de perdre leur pouvoir si les unions entre les deux peuples venaient à se généraliser.
C’est contre ce climat de défiance que luttent nos jeunes gens entre vent et tempête, essayant au mieux de réunir deux populations face aux dangers qui la menacent. Hikari et ses amis font preuve d’une tolérance et d’une ouverture d’esprit qui fait défaut à leurs aînés. Si les premiers contacts avec leurs camarades s’avèrent houleux de prime abord, leur amitié avec Tsumugu symbolise un premier rapprochement prometteur qui laisse espérer de meilleurs lendemains.
Nagi no Asukara s’inspire de quelques légendes folkloriques. Celle d’Ojoshi-sama est au centre du récit, illustrée à la façon d’un livre d’images. Elle raconte que le dieu de la mer aurait un jour enlevé une humaine à l’homme qu’elle aimait à la surface. L’univers construit autour de cette légende s’avère complexe et incohérent. On a parfois du mal à comprendre comment fonctionne ce petit monde, sur quel équilibre instable il est fondé et à quelles lois il répond. Nos jeunes héros croient en la légende et souhaitent faire revivre une tradition destinée à apaiser la colère du dieu en lui "sacrifiant" une réplique d’Ojoshi-sama lors d’une cérémonie…
Le récit rappelle aussi celui de la Petite Sirène d’Andersen dont il pompe les grandes thématiques. A défaut de queue, Hikari et ses amis possèdent une enveloppe corporelle spéciale, l’Ena, qu’ils doivent régulièrement tremper dans l’eau pour ne pas dépérir à la surface. Eux aussi vivront quelques amours après être montés à la surface…
Nagi no Asukara se distingue très vite par les nombreuses et complexes relations que le récit met en avant. Parler de triangle amoureux serait bien trop simpliste en l’occurrence. C’est plutôt un gigantesque et inextricable cercle qui nous est servi tellement les sentiments s’ enchevêtrent. La série prend alors des senteurs de guimauve et de praline parfois insoutenables. Nos jeunes adolescents privilégient une pudeur longtemps désespérante avant que les déclarations ne tombent comme un cheveux dans la soupe.
Quand deux âmes souhaitent s’unir en dépit du tabou créé par l’union de deux races différentes, la romance prend des airs de Roméo et Juliette. Comprenez qu’il y a beaucoup de drames mis en scène au fil des 26 épisodes et des sentiments souvent très bien décrits pour dresser un panégyrique de l’amour pur et véritable qui rattache les êtres et surpasse toutes les différences. On aurait juste souhaité que ce soit traité de manière plus subtile chez des personnages moins immatures.
Je reviens finalement à ce qui m’a enchanté dès les premiers épisodes : les magnifiques paysages aquatiques de Shioshishio, cette cité utopique épargnée par la pollution et le bruit des autos. Ses habitants ont d’ailleurs la chance de pouvoir s’y déplacer à la nage et jamais leurs vêtements ne semblent détrempés! J’ai été charmé par ces tableaux d’un fond marin jonché de resplendissante verdure , où il n’est pas rare de croiser un banc de poissons en plein "vol". Les indigènes ont aussi leur charme avec leurs yeux bleus propres à leur race et leurs douces traditions.
Au final, Nagi no Asukara est une série qui peut vous envoûter grâce à l’univers qu’elle met en scène, aux grands thèmes qu’elle développe et aux amours qui rythment le tout.