Prenant place dans un univers ressemblant à l’Europe des 2 guerres mondiales, on suit ici l’évolution d’un conflit opposant le petit pays de Gallia (l’équivalent de la France), riche en ressources minières à un puissant empire situé à l’est (pour l’Allemagne), le tout sous le regard d’un autre empire situé à l’ouest (les Etats Unis d’Amérique…). On s’intéresse plus particulièrement au destin de la 7ème escouade de la milice, constituée aussi bien de vétérans que de bleusailles, avec à sa tête un jeune officier qui ne paie pas de mine (il est plus biologiste que militaire), mais parviendra néanmoins à mener tout ce petit monde dans des missions diverses et dangereuses (pour ne pas dire suicidaires) avec un succès surprenant et un taux de pertes au combat relativement bas.
C’est l’un des points qui m’a posé problème durant la première moitié de cet anime. Même en admettant le fait que l’atout de ce groupe soit un tank totalement inédit, perfectionné, piloté et entretenu par une mécanicienne de génie, on ne me fera jamais gober qu’un groupe d’une vingtaine d’hommes puisse arriver à triompher si aisément (presque la fleur au fusil) là où tout un escadron de chars échouerait normalement. Cela devient encore moins crédible si en plus les troupes impériales sont menées par un vieux briscard considéré comme le meilleur (et le plus impitoyable) stratège de sa génération. Qu’il se fasse avoir comme un bleu une première fois passe encore, mais deux fois de suite, je crie au scandale.
Passée cette première moitié et son ambiance un peu « vive la vie, vive la joie ! » (il y a quand même quelques passages terribles), les évènements prennent une tournure plus dramatique et « réaliste » (quand on aborde les pertes). Mais là encore, je dirais qu’on passe d’un extrême à l’autre : après les troupes intouchables (côté Gallien), place à l’hécatombe et aux pertes massives des deux côtés, notamment avec la surenchère de puissance dans les « armes » employées (les fameuses Valkyries).
La fin de l’anime me laisse un goût amer de non fini, avec pléthore d’éléments abordés dans l’histoire qui ne trouvent finalement pas de réponses. Qu’en est-il des tentatives infructueuses de l’empire de l’ouest de tenter de s’allier avec Gallia pour faire face à leur ennemi commun et au passage mettre la main sur le prodigieuses ressources du petit pays ? Quid de la lutte de pouvoir pour l’accès au trône de l’empire de l’est entre Maximilien et son demi-frère, héritier légitime du trône ?
Même si la conclusion apporte une réponse assez brutale à ces questions (il y en a d’autres), j’aurais apprécié que la mise en scène et le déroulement du scénario les mettent un peu plus en avant et permettent de les développer davantage (quitte à faire 2 saisons).
Et je ne parle pas non plus des multiples personnages secondaires qui n’apparaissent que le temps d’un épisode ou d’une séquence et disparaissent par la suite (la journaliste, le prince héritier et les nobles de l’est, le conseiller de la reine de Gallia…).
Puisqu’on est là, parlons maintenant des personnages (enfin, ceux qu’on suit de manière régulière tout au long du conflit). Les membres de la 7ème disposent chacun d’un caractère bien défini et plutôt réussi. Le contact de ces personnalités variées entraîne inévitablement des oppositions (notamment vis à vis des Darcsens qui ne sont pas sans rappeler le peuple Juif opprimé et décimé durant la guerre de 39-45), ou une attirance forte (qu’elle soit d’ordre sentimental ou non). Tout au long des épisodes, on peut suivre l’évolution des comportements entre protagonistes, au fil des coups durs et drames que chacun vivent (ont vécu) dans leurs vie civile ou sur le champ de bataille. Je regrette cependant que le char possédé par l’escouade disparaisse peu à peu. Alors qu’il est dans la première moitié un élément essentiel qui fait avancer la troupe, il s’efface lentement devant les nouvelles stratégie et dans mon souvenir, il me semble qu’il ne participe même pas à la bataille finale où seule l’infanterie joue un vrai rôle. Même regret pour la mascotte : un petit cochon tout mignon qui aurait gagné à apparaître davantage, ne serait-ce que pour détendre un peu l’ambiance quand l’histoire devient trop lourde.
Les antagonistes de l’est sont tout aussi réussis (il s’agit essentiellement de généraux et d’officiers) : alors qu’on pourrait les voir comme de simples mégalomanes avides de victoires et succès militaires dans un premier temps, ils se révèlent finalement moins lisses au fur et à mesure qu’on découvre leurs motivations, leur passé et les raisons qui font qu’ils n’ont pas vraiment d’autre choix que de mener cette foutue guerre pour espérer survivre dans un monde empli de traîtrises et complots. Les plus importants possèdent globalement le physique teutonique auquel on s’attend vu le contexte et l’univers décrit. Je me souviens d’ailleurs d’un débat sur la fascination des Japonais pour le IIIème Reich juste au moment où je visionnais les premiers épisodes, en voici la preuve flagrante.
Mais hélas encore une fois, je trouve que la plupart ne jouent pas un rôle à leur mesure, et au risque de spoiler, je vous annonce que tous connaîtront un destin tragique, certains n’ayant presque fait que de la figuration. En tout cas, on ne peut pas dire que j’ai vu une influence réelle sur le scénario, j’ai plutôt eu l’impression de voir des pions manipulés par les scénaristes et jetés aux oubliettes sans aucune reconnaissance une fois leur tâche accomplie (pourtant, certains comme le vieux vétéran jouent leur rôle de grand méchant mégalomane, sadique et dénué de pitié avec brio).
D’un côté comme de l’autre, aucun personnage ne laisse indifférent et on finit par s’y attacher d’une manière ou d’une autre. Les seuls que je n’ai jamais pu saquer et que j’ai été bien content de voir disparaître sont finalement les généraux Galliens (Damon je te hais). Un peu comme les anciens officiers Français ils se soucient peu des pertes de leurs assauts et de l’état de leurs soldats, ne remettent jamais en cause leurs jugements (militaires ou moraux) et les bases de leur stratégie foireuses (et pourtant il y en a une sacré couche), sont prêts à tout pour s’attirer toute la gloire des victoires chèrement acquises par d’autres quitte à envoyer les gars de la 7ème en première ligne, en espérant qu’ils n’en reviennent pas… La liste de tous les éléments qui les rendent méprisables est encore longue, mais pour moi ce sont véritablement les boulets et salopards de l’histoire.
Techniquement, c’est du bon boulot : cette Europe fictive du début du vingtième siècle est bien réalisée, même si sa représentation est un peu trop rurale à mon goût : on ne voit pas vraiment des paysages industriels et d’usines ce serait plutôt de l’artisanal, pourtant, il faut bien de sacrées installations pour équiper les soldats et produire le nombre conséquent de chars qui apparaissent (et disparaissent ^^) à l’écran… Ceux-ci possèdent un look plutôt bien rendu qui rappelle parfaitement les Panzers et autres chars des deux guerres mondiales, tout en rajoutant une petite touche nippone (comprenez qu’il y a des tourelles un peu partout et que certains modèles ont des dimensions gargantuesques peu crédibles…).
En début de série, il m’avait également semblé retrouver le style graphique du jeu original (d’après les screenshots de JV.com), mais plus on avançait, plus ces textures d’apparence crayonnée disparaissaient pour laisser place à une réalisation plus conventionnelle.
En conclusion cet anime (malgré pas mal de défaut dans sa gestion du scénario et de certains personnages) reste pour moi un petit coup de cœur. N’ayant jamais pu jouer au jeu éponyme sur PS3, je ne peux que difficilement comparer les deux, ni même juger si l’histoire n’est qu’un prétexte à remettre les protagonistes dans une histoire inédite ou reste fidèle (pour les grandes lignes) dans l’ensemble.
Je lui mets un 7,5/10 amplement mérité.