Intrigué par le nombre de critiques très positives à propos de cet anime et étant moi même pianiste et passionné par la musique, j'étais obligé d'y jeter un œil, ce que j'ai fait. Your Lie In April est un anime centré sur le personnage de Arima, un pianiste qui n'arrive plus à jouer depuis la mort de sa mère tyrannique l'ayant poussé à l'excellence au piano, qui retrouve sa passion en rencontrant Kawori, une violoniste excentrique pour qui la musique représente la liberté, y compris de s'éloigner de l'intention de l'auteur des morceaux.
Réalisé par le studio A1-Picture qui commence à avoir du flair ces derniers temps, en s'appropriant des oeuvres dont le succès était certain avant même de démarrer (Sword Art Online, Silver Spoon), Your Lie In April est un anime en deux temps, deux mouvements, centrés sur deux angoisses différentes d'Arima et sur deux personnages importants: La mère à peine évoquée, dont le visage est constamment masqué et Kawori ensuite.
A mon sens, le premier mouvement de l'anime se rapproche de la perfection. Cependant, le second mouvement sent un peu trop le réchauffé et m'a laissé un goût amer ensuite.
Entrons dans le vif du sujet
Le Scénario:
D'un côté, la trame n'est pas très développée, il se passe relativement peu d’événements, mais cela permet d'entrer plus en détail dans la psychologie des personnages qui est maîtrisée due à la richesse de ces derniers. Ainsi, ce manque de développement n'est pas à reprocher à l'oeuvre... jusqu'au second arc en tout cas. Car c'est lorsque l'on connait les personnages par cœur et que l'on n'a plus rien à découvrir chez eux que ce défaut majeur ressort. L'anime se met soudainement à n'avoir plus rien à dire. Pire, il se tire une balle dans le pied en annonçant la fin de la série une dizaine d'épisodes avant, enlevant tout impact à cette dernière. Je passerai sur le côté réchauffé et beaucoup trop édité pour être original de cette seconde moitié de scénario.
Cruellement inégal, puissant dans la première partie, vide dans la seconde.
1.5/3
Le rythme:
En revanche, l'anime est admirablement rythmé. Etant passionné par la musique, les scènes musicales en particulier ont été un enchantement. La réalisation dynamique et l'alternance entre rapidité et lenteur suit à la lettre la partition ainsi que l'état d'esprit des personnages qui jouent. Cette précision émotionnelle tient vraiment du génie. L'anime nous fait danser, chanter, pleurer, rire, nous angoisse, nous émerveille, simplement par son rythme.
3/3
L'ambiance:
La légèreté de la tranche de vie mêlée à la profondeur des personnages et les nombreuses scènes d'introspection nous immerge dans un constant clair-obscur. La proximité entre Arima et le spectateur étant grande, la moindre de ses émotions est ressentie par le spectateur et notre vision évolue à travers lui. Le rôle de la musique classique a évidemment son importance pour construire cette ambiance difficilement descriptible tellement elle est changeante. C'est une autre des réussites de cet anime.
3/3
Les Personnages:
Arima est tout simplement génial. Ils ont su créer un concept de personnage crédible avec sa propre histoire. Le métronome humain, la machine dénuée de sentiments, dans l'ombre de sa mère atroce qui pourtant est la seule personne qu'il connaisse étant éloigné de son amie d'enfance. La mort de cette dernière le prive de tout contact humain. Arima démarre l'anime comme un robot rongé par le désespoir et incapable de s'ouvrir aux autres. Son évolution est maîtrisée avec doigté et finesse, il est selon moi le meilleur personnage de l'anime et un des meilleurs du genre.
La mère d'Arima est également une grande réussite. La manière dont elle hante ce dernier, dont la hantise est accentuée par une réalisation impeccable: le parti pris de ne jamais montrer son visage et de ne jamais la cadrer entièrement est grandiose. Elle ne parait pas humaine, elle inspire l'angoisse et renforce l'immersion dans la tête d'Arima.
Kawori est très intéressante au début, excentrique, ayant une vision de la musique très proche de la mienne selon laquelle l'interprète doit se réapproprier une oeuvre pour qu'elle prenne du sens, avec un constant désir de liberté. Cependant, passé quelques épisodes, on en a vite fait le tour. Ce personnage n'a aucune évolution. Etant donné son potentiel, c'est vraiment dommage.
Concernant les personnages secondaires, c'est assez mitigé. D'un côté, les deux pianistes en rivalité avec Arima sont de très bon personnages, avec une approche propre de la musique, une réelle évolution et un soin apporté à leur caractère, autant les amis et camarades de classes d'Arima sont un peu passés à la trappe et leurs moments de lumières ne leur sers pas étant donné qu'ils sont trop vides et deviennent rapidement obsolètes. Le play boy de la série étant l'exemple de ce pourquoi ces personnages sont ratés. Il n'a aucun caractère, aucun charisme.
2/3
L'animation
La réalisation de l'anime est grandiose. Très fluide, très dynamique, les scènes musicales sont une merveille. Etant pianiste, j'étais surpris de constater que pour une fois, les doigts des musiciens jouent les vraies notes et ne se contentent pas d'appuyer au hasard sur les touches.
La seconde partie en revanche souffre des même problèmes que j'avais évoqué dans ma critique de Silver Spoon, une facilité, une utilisation trop nombreuses de plans fixes. Quand on a été immergé dans la musique pendant douze épisodes, voir une scène musicale uniquement en plans fixes est très frustrant.
Excellente au départ mais inégale par la suite, un potentiel gâché, c'est assez frustrant.
Saluant tout de même la virtuosité de la première partie, je lui donne une bonne note.
2/3
Les musiques:
D'un côté, les musiques classiques appuyant l'ambiance de la série sont choisies avec précision en fonction de l'atmosphère de l'anime et du ressenti d'Arima. L'interprétation des artistes est également très réussie. Je remercie l'anime de s'ouvrir sur une excellente pièce: Moonlight Sonata de Beethoven
D'un autre côté, lorsque la musique a une telle importance dans un anime, avoir des opening/ending aussi médiocres est un sacrilège.
1.5/2
Ressenti personnel
La série selon moi regorge de qualités mais s'essouffle au bout de 12 épisodes et les défauts qui apparaissent ruinent le visionnage. Un démarrage en trombe, beaucoup de potentiel, mais tout semble s'échapper ensuite vers un final trop attendu qui perd toute efficacité.
Comme je l'ai dit, la première partie de l'anime est pratiquement sans défaut. Mais la seconde ne m'a vraiment pas plu, j'avait peut être placé la barre trop haut en raison du départ maîtrisé et de ma passion pour la musique. En conclusion, je conseillerai tout de même cet anime, mais uniquement pour sa première partie parfaite. La seconde ayant tout de même certaines qualités, je donnerais une bonne note concernant mon ressenti
2/3
Your Lie In April: 15/20