Une des premières oeuvres de Mamoru Oshii, dessiné de la main du maître Yoshikata Amano (Final Fantasy, Front Mission) laisse forcément présager une oeuvre de qualité. C'est en effet le cas avec l'Oeuf de l'ange, Oshii nous livre la une de ses oeuvres le plus personelles.
A vrai dire l'intrigue reste pour moi un mystère et peut être difficilement décrite, d'autant plus qu'on nage en pleine interprétation biblique (le mythe de l'arche de Noé). Qui est cette jeune femme qui porte l'oeuf ? une représentation de l'humanité ? la métaphore de la vie ?... de même le jeune homme à la croix peut être vu comme le père, le fils où le saint esprit. Cet anime se déroule presque sans parole et laisse un champ d'interprétation très large.
L'utilisation de symboles est ici poussée à son paroxysme et ces derniers mettent en place un climat introspectif profond; le rythme est à l'image de l'oeuvre générale d'Oshii: lent et contemplatif. Ceux qui s'attendent à un film d'action peuvent d'ores et déja oublier, ce film se présente comme la plus jolie mise en image d'interrogations intemporelles: qui suis-je ? qui es tu ?
Graphiquement irréprochable, Tenshi no Tamago est une ôde à la rêverie et au monde des ombres, que ce soit près d'une rivière où des arbres projettent des silouhettes fantaisistes, ou lors d'une chasse au poissons fantomes. La musique est minimaliste, tantôt angoissante, tantôt légère, elle participe entièrement à l'immersion dans l'univers auquel nous sommes conviés.
En définitive, il apparaît dur de noter quelque chose d'aussi abstrait et personnel, la note est proportionelle au pouvoir d'immersion de cet anime. Appel aux amateurs de curiosités et de poésie surréaliste, ce film est fait pour vous.