Un peu de douceur dans ce monde de brutes, voilà qui résume, à mon sens, ce petit bijou de poésie qu'est Marble Chocolate. Le monde serait triste sans le regard des artistes.
Un homme dirigé uniquement par le cerveau est un pur technicien et que demande-t-on à la technique dans un animé? Un excellent cadrage, un beau jeu de lumière, un chara-design spécifique, des décors cohérents jouant sur les couleurs primaires, des dialogues respectant un script, etc.
Tout est calculé au détail près pour un rendu impeccable. La technique est nécessaire pour son efficacité, sa précision, sa cohésion et effectivement de ce point de vue Marble Chocolate est une réussite. Malheureusement notre champ de vision ne capte qu'une partie du travail immense fourni. Prenons par exemple le rougissement si typique des personnages de shojo, la couleur rouge est bien sûr utilisée mais comment est le rendu au final? Est-ce que l'animateur/ice utilise un rouge cardinal, cramoisi, pourpre, carmin, écarlate, vermillon, turc, cinabre, éosine, opéra, bordeaux?
De même que pour les OP et ED, si on analyse froidement tout ne serait qu'une succession de do, ré, mi, fa, sol, la, si , do d'une partition musicale. Les paroles une avalanche de mots qui se suivent.
La technique c'est bien mais c'est trop rationnel et trop froid ! Or il faut un « plus » pour la réussite d'un animé et ce « plus » sera dicté par le cœur, berceau des sentiments. Quoi de plus naturel dans le cas de Marble Chocolate de parler...d'amour, sujet ô combien éternel.
Les auteurs de Marble Chocolate ont choisi le genre comédie romantique pour nous raconter l'aventure classique d'un couple. Elle se partage en 2 OAV qui contera dans un premier temps le point de vue de «il» puis dans un deuxième temps celui de «elle».
Comment est notre héros? Le cliché typique du jeune homme adorable mais affreusement timide, incapable de dire les 3 mots magiques qui font frémir beaucoup de cœurs.
Comment est notre héroïne? Le cliché typique de la jeune femme douce mais qui finit par s'impatienter d'entendre ces 3 mots magiques.
Leur point commun : la peur d'avouer ses sentiments
C'est là qu'intervient la touche magique de l'artiste mû par son cœur. D'un scénario assez banal, cette quotidienneté devient extraordinaire. Les 2 OAV se complètent merveilleusement lors des moments clés, les coïncidences tombent vraiment à point. Tout ce qui était technique «s'efface» pour laisser place à une aura de tendresse et de délicatesse aidée par le ton pastel des couleurs. La musique émotionne par sa musicalité et ses paroles qui sonnent très juste (notamment l'ED de Yuta). Le doublage est bon comme d'habitude.
Il serait injuste d'omettre un personnage essentiel sans qui l'alchimie n'existerait pas : le mini-âne. C'est en fait l'élément déclencheur qui met en pétard toute rationalité du récit, sans lui nos amoureux comme personnages auraient été fades. Le mini-âne n'apporte pas qu'une touche comique, il concourt à la saveur de Marble Chocolate contrairement à 2 autres protagonistes s'inscrivant dans le schéma des casse-pieds. C'est d'ailleurs un des reproches qui va faire baisser la note finale.
Tout comme la vision de l'amour de Yuta et Chizuru, obstruée par des expériences négatives. L'amour est-il seulement synonyme de souffrance? Par son évanescence, l'amour reste un mystère. On ne sait jamais quand il arrive et quand il part tant il surprend, il est vraiment dommage de montrer qu'une part de la dualité.
En conclusion, j'ajouterai que visionner Marble Chocolate c'est comme découvrir l'âme d'un poète et rien que pour ça je remercie toute expression artistique de ces personnes qui vivent en harmonie en alliant premièrement les exigences du coeur avec ensuite celles de la tête. Au final tout est question d'équilibre le tout étant chapeautée par l'âme...
La note est plutôt 7,75