
Avant toute chose, je tiens à préciser que je n'ai pas encore eu l'occasion de visionner la série des Higurashi. Qu'Umineko soit moins bon ou pas que son aîné, il n'y aura donc aucune comparaison ici.
Umineko no Naku Koro Ni est un anime compliqué à regarder. Pas pour le scénario, de fait, puisque une fois qu'on a compris comment ça marchait, ça roule plutôt bien - et aussi que l'anime n'adapte pas la partie la plus difficile de l'intrigue. Non, il est compliqué, parce qu'il nécessite d'être ouvert d'esprit et de comprendre que dans tout ce que vous verrez, entendrez et comprendrez, il vous faudra retenir cette notion importante : tout est une question de point de vue. Prenez Umineko sous cinquante angles différents, vous aurez cinquante histoires différentes.
L'histoire, parlons-en. Un premier arc introductif nous dévoile la famille Uroshimiya, de riches gens qui n'ont pas grand chose à faire de leur vie à part se battre pour le futur héritage et le titre de chef que va bientôt céder leur grand-père mourant. Mais ledit grand-père, Kinzo, qui n'aime déjà pas ses descendants avides, est aussi obsédé par la résurrection d'une sorcière qu'il a aimé jadis, au point d'offrir tout ce beau monde en sacrifice lors d'une longue et sanglante cérémonie pour ramener sa bien aimée, la fameuse Béatrice. Le jeu est lancé : ou le clan parvient à résoudre une épitaphe qui les menera à une réserve d'or cachée, et gagnent la partie, ou ils échouent et meurent tous les uns après les autres.
Malheureusement pour eux, ils vont avoir tendance à oublier cette épitaphe et se concentrer sur les meurtres. Des chambres closes, humainement infaisables, et donc bien évidemment réalisées par une sorcière.
C'est là que le héros, Battler, intervient. Lui ne croit pas du tout en la magie et persiste à offrir une réponse logique à chaque événement, ce qui va grandement intéresser Béatrice, au point qu'elle lui propose un jeu. Et c'est là que ça se complique un peu.
A partir du deuxième arc, nous avons deux mondes : le monde "virtuel" si l'on peut dire, reconstitution des événements de Rokenjima, qui relance indéfinimment la même histoire, à quelques variantes près; et le monde où Battler et Béatrice observent et s'affrontent. Le but étant pour Béatrice de forcer Battler à reconnaitre son existence, et pour Battler de la renier.
En parlant de Battler, je crois que les gens comprennent en général plutôt mal le personnage. S'il semble évident qu'il déclare la guerre à Béatrice parce qu'il ne croit pas en la magie, lui-même, face à des boucles temporelles, des mondes parallèles, des résurections et des combats de sorcières, est bien obligé d'admettre que c'est un phénomène magique. On le note à sa façon de s'exprimer, qui change au fil des épisodes : de "ça n'existe pas" il va plus vers un "comment prouver que ça n'a jamais existé". Deux preuves. la première, c'est que Béatrice ne s'avoue pas vaincue quand Battler trouve un coupable humain aux meurtres, mais quand il a prouvé qu'ils sont humainement faisables. Au final, donner un nom sur un responsable autre que Béatrice est très secondaire. Secundo, Battler ne cherchera jamais à nier l'existence de Virgilia, Berknastel, ou toutes les autres sorcières qu'il pourra rencontrer, sans parler de tous les démons et autres "outils" qui s'invitent dans la partie. L'affrontement concerne uniquement les agissements de Béatrice.
Ce qui est malheureux, c'est que l'anime n'adaptant pas la totalité de l'oeuvre, nous sommes en tant que spectateur difficilement capable d'interpréter les choses sous une vision autre que "tout ça c'est magique" ce qui donne notamment l'impression que Battler est un idiot de première qui s'entête à combattre une évidence incontestable.
Des autres personnages, je ne parlerai que de Béatrice pour la simple et bonne raison que 1) c'est l'ennemi principal et 2 ) aussi sympathiques que soient les autres figurants, si on a pas au moins un des deux entre elle et Battler, on s'ennuie ( oui, je sais, ça fait deux raisons ). Béatrice ( en fait Béato-Béatrice, Béatrice étant un titre que possèderont Eva et Ange par la suite ) est un antagoniste très particulier : est-elle une folle sadique et dangereusement maligne, une enfant gâtée qui ne cherche qu'à s'amuser ou une femme qui s'est un peu trop égarée en cherchant à combattre l'ennui ? Encore une fois, à chacun de juger si elle joue la comédie en permanence, et si oui dans quel sens.
Un protagoniste haut en couleurs et difficile à cerner, et qui finalement est bien difficile à détester.
Sur la forme, Umineko n'est pas mal fichu, le seul chara design véritablement raté étant celui de Battler, qui entre d'immondes yeux bleus globuleux et une chevelure à la teinte absolument atroce n'a vraiment pas été gâté. Pour le reste, c'est pas forcément magnifique mais ça passe (même s'il est regrettable de ne pas avoir conservé celui du visual novel). Les couleurs sont en revanche fadasses et pas belles pour un sou. L'animation n'est pas trop mauvaise et la censure en mosaique ne vous cachera aucun détail des meurtres sanglants.
Sur le plan musical, nous avons droit au même opening sur les vingt-six épisodes, pas regrettable car magnifique. Dommage qu'il en soit de même pour l'ending qui lui est à vomir. Les osts sont assez proches de la bande son originale et collent donc bien à la série.
Mon seul réel regret est le manque d'ambiance. La tension, l'angoisse, le suspense, rien n'a été retranscrit (ou très peu) ce qui diminue tout l'impact que peuvent avoir certaines scènes. Umineko ne mérite pas son tag d'horreur : il n'y a rien d'effrayant dedans. Sur ce point, je ne saurais que conseiller la version manga.
En parlant de scènes, si les thèmes plus ou moins dérangeants ( cannibalisme, maltraitance, etc ) sont conservés, force est d'avouer que certains passages véritablement choquants se sont vus modifiés ou adoucis. De même, des moments destinés à bien approfondir la psychologie d'un personnage sont passées vitesse grand V. Triste quand on sait que le tag "psychologique" est très important dans Umineko.
Malgré ça, l'anime n'est pas à mettre dans toutes les mains, comme dit plus haut pour les thèmes abordés, et parce que les meurtres ne sont pas toujours beaux à voir.
Umineko se termine sur l'Episode 4, pas forcément le meilleur ( Ange ne vaudra jamais son frère en personnage principal ) et à moins d'une hypothétique saison 2, nous ne verrons jamais en anime les quatre derniers arcs - et les plus importants, évidemment - de la série. De quoi laisser sur sa faim, sans parler du fait que ne pas pouvoir comprendre ce qu'on a regardé pendant 20+ épisodes est des plus frustrants.
Les plus
- Original
- Des personnages attachants
- De bonnes osts
Les moins
- Fail d'ambiance
- N'adapte pas entièrement l'oeuvre, ce qui est encore plus regrettable que d'habitude.