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Berserk - Ce monstre qui est né de l'Homme.

» Critique du manga Berserk par GTZ le
28 Juin 2011

Pour un public averti. Cette critique sera complété une fois le manga terminé, si l'auteur ne meurt pas avant.

Berserk, le manga ultime, si ma conscience ne m'arrêtait pas je dirais juste : "lisez le c'est le meilleur".

Rien qu'avec cette introduction je perds déjà toute ma crédibilité. Dommage, on n’est pas loin de la réalité.
Ce manga commencé en 1989 sera toujours pour moi une référence. En quoi me direz-vous ? Déjà dans la construction de son histoire. Après tout ce temps, le récit tient la route et aucune incohérence ne pointe du nez. Quel manga me citerez vous peut se targuer d'avoir la même constance sur une telle longévité ?

Peu il est vrai.

Mais la véritable raison de mon amour pour ce manga est l'ensemble et non pas le crédit accumulé.

Ce manga contrairement à ce qui peut être lu en surface est une ode à l'homme. Guts, Le héro, malgré un passif difficile, une destiné insurmontable, tel une sorte de héros shakespearien, rampe, court, traîne, se débat mais se relève toujours face à un destin inéluctable. Guts est une apologie de l'homme, sa douleur, sa force, opposé à un idéal teinté d'horreur. L'humain dans son plus humble support se débat contre une destiné écrite par les dieux. Et la bête veille attendant que son humanité soit brisée.

Berserk, sous couvert d'une violence extrême, va ressortir de la lie de l'humanité ce qu'il y a de meilleur en l'homme.
Berserk, de par sa technique, va entraîner le lecteur au travers de son univers, identifiable et cohérent, dans une spirale de haine, de violence et de colère que seul l’Humain peut combattre.

Berserk, c'est l'histoire de l'humain. Je m'enflamme, mais laissez-moi développer avant de me remettre ma camisole, car sous dehors d'horreur inacceptable, un être se débat, lutte face à l'impossible, l'écrit et l'arrêté. Il détruit par sa haine et sa violence un monde construit quitte à se perdre lui-même dans cette colère. Et là n'est encore que le début.

Car ce manga c'est aussi une épopée, Homère aurait rêvé de l'écrire, confrontant mythe et réalité historique. Berserk est un manga qui nous fait non pas seulement voyager, mais aussi nous souvenir.

Il fut un temps, moyenâgeux, où la vie était rude, et seul le fort survivait. Que devenait le faible ?

Berserk c'est aussi cette réalité, dans ce monde d'obscurantisme que peut espérer l'homme à part se faire dominer ? Une destiné préconstruite lui ait offerte pour justifier ce monde de souffrance perpétuelle. D'autres se battent, veulent vivre leur rêve, et finissent par transcender leur être pour y accéder mais pour devenir quoi ? Une horreur bien plus forte que ce que le conscient humain peut imaginer. L'horreur de Berserk est Loftcraftienne (à lire, flipper sa mère avec un bouquin est largement possible). On dit que tout ce que les auteurs ont pu imaginer l'homme l'a déjà fait. Ce manga n'en prend que plus de poids.

Car à travers différents évènements, ce manga parlera d'un passé sombre et ténébreux, l'inquisition, le fanatisme religieux, la manipulation de masse, la guerre. Que peut faire un homme seul contre le monde entier ?

Berserk porte bien son nom.

Et le tout est complet, car deux histoires sont véritablement à suivre. Sans rentrer dans les détails, elles décrivent en mon sens ce qu'il peut y avoir de pire et de meilleur en l'homme. Cette montée en puissance, jalousie, consécration, peine, ambition, rêve, tout se mêle dans un ensemble qui nous horrifie et nous sublime.

Car Berserk, et oui je le répète, c’est aussi une histoire de rêve. Quand notre rêve nous échappe, que peut-on sacrifier pour le voir revenir ? Que reste-t-il à un homme déposséder de ses rêves ? Que va-t-il être amener à accomplir pour les retrouver ? C’est aussi l’histoire d’un rêve trop puissant qui pour survivre se devait d’absorber les autres rêves.

Si encore le manga était vilain je ne m'en porterais pas autant garant. Mais Kentaro Miura (Dieu), depuis le premier tome, a développé un trait et un découpage d'exception. Ce manga est un plaisir visuel. Les planches crayonnées sont délectables. Le trait est maitrisé et soigné. Les nombreuses doubles planchent ont un impact palpable. Le tout est travaillé et peaufiné, on voyage, on est prit d'effroi, c’est beau nom de dieu ! Son découpage durant les moments d'action est référence. Les cases suivent la lame de Guts, nous imprégnant de l’impact de chaque coup porté pour ne jamais s’arrêter. La danse de l’épée est là ! Les affrontements sont épiques, non le mot est trop faibles, ils sont homérique ! La construction de ces moments forts, avec la tension montante, comme le passage de la Tour des Châtiments, sont palpitants. Damned ! Une montée en pression constante, attendant que la bombe explose. Le tout fournit de divers personnages secondaires, d’une véritable vie environnant l’action présente, évoluant dans un univers taillés dans le diamant. La montée des marches, et les affrontements incessants, cette poursuite effrénée, ce passage est proche de la perfection dans sa mise en place. La construction de son récit est école. Le tout est cohérent de bout en bout, la relecture du tout est un plaisir.

Je ne peux être véritablement objectif quand je parle de ce manga. Même pas terminé je m’empresse d’en donner un avis. Car de tout l'ensemble il n'y a rien à jeter.

Oui c'est violent, oui c'est choquant, oui il y a de la crasserie, oui ça dégouline d'horreur, mais Berserk est ainsi, description violente d'une époque violente. Et l'aspect fantastique n'en prend que plus d'ampleur par rapport à la cohérence générale. Elle en devient terrifiante. Improbable, elle choque amenant cette destiné implacable contre laquelle se bat le héros dans son quotidien.

C'est un affrontement contre le monde que mène Guts. Un affrontement contre le tout, contre lui même. Et oui c'est dégueulasse, oui c'est parfois insupportable, mais dans tout ça reste un espoir. Il y a quelqu'un qui est toujours debout. Quelqu'un qui jamais ne flanchera, qu'il doive traîner à même le sol, à quatre patte, ramper, détruire sa raison, il sera là face à la causalité, face à l'inéluctable. Il est le Berserk, et ses aventures je me dois de continuer à les lire.

13/10
En cours

Verdict :10/10
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A propos de l'auteur

GTZ, inscrit depuis le 09/06/2010.
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