Du Manga Building à Animeland : l’enfer a-t-il fait salle comble ? (Angoulême 2009)
Angoulême est maintenant terminé, le manga s’en est bien sorti avec un prix du patrimoine pour Opération Mort de Mizuki, la BD en général se porte très bien (et Blutch aussi !) il est temps maintenant de faire un bilan. Il nous a paru mitigé, un peu à l’image de l’état du manga en France. Le Manga Building est d’ailleurs représentatif de cette situation, où le décevant peut côtoyer le très bon. Nous souhaiterions ici mettre les choses au clair : il n’est pas question de cracher dans la soupe ou de s’enfermer dans l’attitude un peu hautaine du fan autiste, au contraire. Nous souhaiterions développer notre vision de personnes inexpérimentées en la matière, parce qu’après tout c’est aussi à des gens comme nous que s’adresse ce type de festival. Et peut-être qu’une certaine forme d’impolitesse a des vertus salutaires, quand elle n’est pas mesquine.
Première réaction à la sortie du Manga Building : la concentration d’adolescents dépasse très largement celle que nous avons pu voir ailleurs dans la ville (sauf à l’hôtel de ville à l’heure du repas, évidemment). A perte de vue, des classes, des accompagnateurs épuisés, des groupes effondrés sur les marches, des parents accompagnant une horde d’enfants, des hordes d’enfants escortant leurs parents, des gothic lolitas, des jeunes gars sortis tout droit d’un clip de J-pop, du visual key et des sacs Death Note, des tonnes de peluches Mokona, des faux ongles, des perruques, des frous-frous, un ou deux petit(s) groupe(s) de jeunes adultes, bref, il faudrait que Rabelais ressuscite pour narrer la chose avec plus de talent. Une fois la première crise d’angoisse passée, nous pénétrons dans le saint des saints ; les marchands du temple ont compris les attentes d’un certain public : à croire que c’est le Death Note Building. Par peur de finir crucifiés, nous ne disons rien, et nous regardons rapidement les stands, pour nous apercevoir que certains vendeurs avaient pourtant bien tenté de mettre en valeur les œuvres des invités ou de proposer une sélection visant aussi un public plus restreint. Ils sont eux-mêmes aux prises avec un groupe de gremlins, et le temps de descendre au sous-sol, nous entendons une pauvre commerçante exténuée dire faiblement à deux collégiens prêts à s’entretuer pour un volume de Bleach : « vous pouvez vous taper si vous le voulez, mais pas avec les livres. » Arrivés au sous-sol, nous respirons un peu plus. Nous sommes tout de suite un peu déçus parce que les lieux ont l’air à première vue assez étroits. Deux salles sont consacrées aux rencontres et projections (une petite et une grande), une très grande salle est consacrée à l’exposition Mizuki, une partie du hall présente de belles œuvres de Hirata, un mur est consacré aux artworks de Miyazaki pour Ponyo, et une toute petite salle présente quelques dessins de Kawakami. Bref, nous condamnons un peu rapidement le Manga Building en nous disant qu’il évoque plus les Polly Pocket de notre enfance que la « configuration évocatrice des immeubles du quartier Akihabara à Tôkyô » (citation extraite du programme). Précisons que nous ne sommes jamais allés à Akihabara. Mais nous sommes mal élevés. Et donc impolis.
Nous pénétrons dans l’espace consacré à l’exposition Mizuki : énormément de monde, c’est un peu difficile de se faire une idée au premier abord tant les gens se bousculent, du coup nous décidons que nous y retournerons plus tard. Nous sortons, regardons les quelques très belles œuvres de Hirata qui trônent dans le hall, avant de contempler les dessins de Miyazaki sur le mur d’en face. La salle consacrée à Kawakami nous déçoit un peu comparée au reste. La moitié de notre groupe décide de s’effondrer sur les marches du Manga Building, côtoyant ainsi la jeunesse. Nous nous sentons terriblement vieux. Un groupe de jeunes adultes arrive à ce moment et nous regarde avec dédain. Abandonnant le Manga Building, nous allons jeter un œil ailleurs : un chouette documentaire sur Spiegelman, Baru à l’espace de la sélection officielle, Mezzo se plaignant avec humour de l’absence de contre-culture en France, et des adultes partout, des professionnels arborant comme nous des cartes « professionnelles » (à ceci près que eux le sont – parfois – vraiment), des journalistes étrangers, et des superstars de la BD internationale partout, des Azzarello, des Manara. Bref, pour exagérer, les gremlins ont disparu, les Joe Dante sont partout. Nous décidons malgré tout de retourner au Manga Building, parce que Murata y est, et que nous voulons le voir. Le débat est un peu lent, le tempo est mal ajusté, nous pestons un peu de voir que les questions tombent à plat, que Murata répond à côté de la plaque, et que Vatine ne parvient pas à créer de réel contact avec le microscopique Japonais, si ce n’est qu’il parvient à s’assurer de passer la fin de l’après-midi avec lui (grand moment de jalousie pour nous)… Mais bon, on ne sait pas trop qui blâmer, c’était un rendez-vous manqué, malgré toutes les bonnes intentions. La salle était à moitié vide… Pareil lors de la performance graphique, une heure plus tard. Où étaient donc les dizaines de fans que nous pensions trouver ?
Le lendemain, enfin. Le jour tant attendu est arrivé : nous avons affûtés nos couteaux afin de laminer efficacement les intervenants du débat intitulé « la critique manga est-elle nulle ? ». Déjà, ça commence mal : à peine arrivés dans la salle, nous trouvons des publicités sur les fauteuils pour nous convaincre de nous abonner à Animeland et à Japan LifeStyle. Le débat commence, puis se termine. Notre opinion a radicalement changé : jusqu’à présent, nous doutions des capacités de ces « professionnels », mais les entendre parler nous a simplement soulagés. Ils ont de la culture, ils ne connaissent pas que les mangas, et en plus ils reconnaissent qu’ils rament. La présence de Christophe Quillien avait aussi ceci de rassurant qu’il n’écrit pas que sur les mangas, et qu’il est membre de l’ACBD : c’est une caution qui était importante. A peine le temps de demander à Hervé Brient de nous donner un numéro de Manga 10 000 Images et d’échanger deux mots avec Nicolas Penedo, que la salle se voyait de nouveau envahie par une troupe de gremlins en tenue de cosplay. Effarés, nous ouvrons le programme pour voir la cause de cette nouvelle infestation : projection de Soul Eater (épisodes 1 et 2). Nous fuyons. Bizarrement les salles deviennent respirables. Nous sommes encore surpris d’avoir vu des personnes que nous jugions crânement être incompétentes s’exprimer dans un registre soutenu. Pensifs, nous pénétrons de nouveau dans l’enfer des yokai, et nous observons la scénographie de l’exposition Mizuki : certes, il y a relativement peu d’originaux, mais le nombre de choses à voir est impressionnant, les textes sont nombreux et instructifs, l’atelier au milieu de la salle est bien pensé et nous sommes surpris d’y trouver un ou deux Gizmo appliqué(s) à reproduire ce qui pourrait ressembler au père de Kitaro, ou à un test de Rorschach. Des épisodes des diverses séries de Kitaro le repoussant sont projetés, malheureusement nous n’avons pas le temps de les regarder. Nous poursuivons et tombons sur de très belles œuvres classiques de Hiroshige mises en parallèle avec des dessins de Mizuki. La scénographie tire vraiment bien partie de la configuration de bâtiment, sachant qu’il ne s’agit pas vraiment d’un musée, très loin de là. Il en va de même pour les œuvres de Hirata exposées dans le hall : la place paraît un peu infamante, mais le mur incurvé permet d’avoir un bon coup d’œil de l’ensemble. La salle consacrée à Kawakami manque quand même encore d’intérêt, pas assez de choses à voir peut-être, trop de vide, malgré un ou deux documents intéressants. Nous passons devant les marchands du temple et nous sortons.
Juste le temps de manger un sandwich et d’aller au CIBDI assister à la rencontre autour de Melinda Gebbie (Lost Girls). La séance dure près de deux heures, certains d’entre nous doivent partir pour ne pas rater la performance de Kawakami. Globalement, nous sommes perplexes : l’accueil réservé à Melinda Gebbie est classieux, la taille et le confort de la salle sont parfaits ; nous sommes un peu énervés de voir que les entretiens avec les personnes présentées au CIBDI bénéficient d’une traduction simultanée grâce à un casque que l’on nous remet gracieusement à l’entrée de la salle. Celle-ci reste d’ailleurs à moitié vide. L’affluence varie pas mal ici aussi (Daniel Clowes, l’auteur de Ghost World, a fait salle comble). Pouquoi donc Range Murata n’a-t-il pas bénéficié de ce type de système ? Et quid de Hirata, et de Kawakami ? Pourquoi n’applique-t-on pas à une langue que peu de personnes maîtrisent le même traitement qu’à une langue plus connue ? Pourquoi la section manga du festival doit-elle trouver sa place dans un immeuble un peu déprimant, alors que d’autres types de BD bénéficient d’espaces mieux agencés ? Le Manga Building est pourtant tout aussi peuplé que les autres endroits, peut-être même plus. Il y aurait donc deux poids, deux mesures ? On a le sentiment que le manga est un peu le dernier venu à Angoulême, et qu’on l’a casé où on pouvait. Bien entendu, nous nous doutons que trouver de la place ne se fait pas facilement, mais on ne peut s’empêcher de toujours désirer ce qu’il y a de mieux.
D’un autre côté, il faut bien dire que le Manga Building, si grouillant d’activité lorsqu’il n’y a pas de quelconque projection (Bleach, Soul Eater, le public est ciblé, il faut assurer la rentabilité aussi), ne fait pas salle comble lors des rencontres, même pour une personnalité comme Murata, trop inconnue du grand public et trop pointue pour les gremlins qui ne semblent pas vraiment soucieux de dévorer la liste des équipes techniques ayant œuvré sur les chefs-d’œuvre qu’ils admirent parfois avec raison. Signe des temps, le débat sur la critique, malgré sa promesse éditoriale rébarbative, a rempli la salle, mais peut-être était-ce à cause du jour de programmation (samedi, Murata était « programmé » le vendredi surtout). Quoi qu’il en soit le public semblait soucieux de voir comment se situaient les professionnels de la critique du manga dans le paysage journalistique.
Nous parlons sûrement à la légère, mais, pour reprendre les propos de M. Brient, cette « critique de fans » doit avant tout être interprétée comme le désir d’être instruits, en dépit des réalités du marché qui obligent probablement une revue comme Animeland à niveler tout ce qu’elle entreprend. Où est, à l’heure actuelle, le support qui nous permettra de nous repérer en tant que « fans », de nous instruire au point que nous puissions à notre tour travailler à normaliser le manga au lieu de peupler le web de superlatifs sans valeurs ? Le travail pédagogique, au sens noble du terme, n’est pas effectué proprement. Il ne peut pas l’être non plus, il n’est pas viable, l’épisode du Virus Manga le prouve. Pourtant, à voir une exposition comme celle proposée sur Mizuki, il est évident que quelque part, des gens savent quelque chose, et qu’ils seraient capables de proposer des travaux exigeants (ils l’ont même déjà fait ailleurs, mais il faut savoir le trouver). Et curieusement, ce sont peut-être ces mêmes personnes qui nourrissent, bien malgré elles, le climat d’inculture qui règne dans le milieu du manga, alors même que la France bénéficie d’un catalogue très développé et de grande qualité. Pourquoi ? Parce que la critique intelligente ne vend pas. Nous ne parlons même pas ici de critique universitaire, nous savons tous qu’elle n’a jamais vendu. Cela donne malheureusement des textes plats et paraphrastiques rédigés par des personnes qui pourraient être intéressantes à lire. Cette situation doit être difficile à vivre, être obligé de rester à la surface des choses alors qu’on pourrait ou voudrait faire mieux n’est jamais agréable.
Reprenons : le Manga Building est porteur de paradoxe. Le savoir y avance masqué, comme si les organisateurs, Julien Bastide en tête probablement, cherchaient à contaminer par hasard quelques gremlins errant dans l’exposition Mizuki, à leur inoculer le savoir pour ainsi dire, tout en contentant un public exigeant qui doit probablement être présent lui aussi, mais qui reste toujours trop discret. C’est une pratique typique que l’on pourrait employer pour enseigner à des classes difficiles, et c’est assez bizarre de la retrouver dans un contexte plus « festif ». Elle est d’autant plus paradoxale que le Manga Building donne d’une main ce qu’il est obligé de reprendre de l’autre : les gamins veulent voir du Bleach, du Death Note, du Soul Eater, ils ne savent jouer que d’un instrument, c’est à la fois leur force et leur faiblesse. Le problème est qu’ils sont en surreprésentation et qu’ils pèsent extrêmement lourd dans le milieu de la presse manga, qui ne peut pas se suicider commercialement en leur demandant de se mettre à lire des articles plus exigeants. Et le Manga Building suit cette logique : il affiche une superficialité qui lui sied peu (bien sûr, qui sommes nous pour dire ça ?), surtout quand on voit ce qu’il peut avoir dans le ventre. Le premier réflexe que l’on a dès le départ quand on connaît un peu le monde du manga en France, c’est d’associer directement le Manga Building à Animeland. Rien d’étonnant à cela, puisque Meko est à l’origine de la jolie typographie du titre de la revue et du panneau du bâtiment d’exposition. Dès le premier signe que l’on perçoit, on associe donc un type de BD à une ligne éditoriale, ce qui fausse les attentes et donne l’impression que l’on rentre dans un endroit à l’image du contenu actuel d’Animeland. Et ce n’était pas le cas. Le hall renforce cette impression, avec ses magasins inutiles pour le savoir, mais essentiels pour l’économie du manga en France. Naturellement, on peut dire que c’est le personnel d’Animeland qui a le plus mouillé sa chemise dans cette affaire, qui s’est démené pour la scénographie, qui a veillé à ce que tout soit parfait techniquement pour les performances des artistes, qui a su rester dans les coulisses tout le long, et qu’il est juste qu’il retire un petit salaire en s’appropriant symboliquement le building (nous faisons de la mauvaise sémiologie). C’est très juste, on ne peut que respecter ces personnes pour ce travail accompli, mais malheureusement, il est dommage de confondre ainsi tout le genre « manga » avec un magazine qui semble de ce fait dire implicitement, et involontairement, que le manga en France lui appartient, et que c’est cette revue qui possède finalement la vérité sur la façon d’aborder les mangas, puisqu’on retrouve toujours le même logo familier partout où se porte notre regard. Indirectement, cela contribue peut-être à cloisonner l’univers manga, et tue dans l’œuf toute autre entreprise de traiter du manga de façon plus professionnelle. Certes, ce n’est qu’un symbole, mais il a une valeur forte. Finalement, ce qui manque à Animeland pour évoluer positivement, ou plutôt pour se libérer de son carcan, c’est peut-être l’émulation que pourrait lui fournir un autre titre ayant un tirage aussi important, et capable de participer aussi à des activités telles que le festival d’Angoulême. Dans le meilleur des mondes, ces deux titres devraient très bien vivre tous les deux, et se nourrir de leurs différences, jusqu’à ce qu’un troisième, puis un quatrième arrivent, finissant par ressembler un peu à, disons, la presse cinéma, chaque lecteur pouvant choisir une ligne éditoriale à sa convenance. Soit dit en passant, cela relèverait certaines revues (les plus intellectuelles comme les plus grand public) de l’obligation de raconter parfois n’importe quoi sur l’animation japonaise. Malheureusement, il n’y a pas à se leurrer : un concurrent dans un marché aussi désordonné impliquerait probablement la mort des deux revues. La presse spécialisée de BD franco-belge rencontre elle-même des difficultés, alors que la BD vend plus que jamais, c’est dire…
Alors, quelle serait la solution pour régler ce paradoxe ? Ce n’est pas à nous de répondre, ce serait donner des conseils à des gens plus expérimentés que nous, et passer de l’impolitesse à la muflerie. Simplement, on ne peut pas nier qu’il existe une incroyable différence de niveau entre ce que l’on peut lire dans la presse spécialisée et ce que l’on peut entendre de la part des tenants de cette même presse : le Manga Building en est la manifestation flagrante. Nous ne demandons qu’à apprendre de ces personnes. Malheureusement, nous sommes peut-être trop peu nombreux à le vouloir.
Et nous ne sommes pas des professionnels. Nous ne sommes « que » des fans…
22 commentaires
"Et curieusement, ce sont peut-être ces mêmes personnes qui nourrissent, bien malgré eux, le climat d’inculture qui règne dans le milieu du manga, alors même que la France bénéficie d'un catalogue très développé et de grande qualité. Pourquoi ? Parce que la critique intelligente ne vend pas."
Tout est dit.
Sinon je m'abstiens de donner un quelconque feedback sur le sujet : je ne lis pas la presse écrite, et n'ai encore jamais mis les pieds dans un festival / une convention manga.
La concurrence pourrait aussi entraîner un journalisme à deux vitesses entre spécialistes et grossistes comme pour le cinéma ce qui n'est pas non plus forcément souhaitable. Ceci dit les sommes mises en jeu sont aussi différente.
Autre point : petit gremlin deviendra grand. Tu commences avec du Bleach et du Naruto mais en vieillissant tu deviens de plus en plus exigeant. C'est peut être la stratégie d'Animeland : rendre le manga et l'anime attrayant pour les plus jeunes, leur faire passer le virus "en masse". Plus vieux, ils répandront une vision différente du manga.
Je me rappelle être tombé dedans avec Dragon Ball. Ma mère reste persuadée que le manga est simplement hyper-violent. Mais je vois les choses différemment.
Je sais pas si je suis clair mais je trouve que ça se défend...
j'assiste, notamment au niveau du type de public...
Personnellement je deviens habituée aux free huggeurs et autres modes
moutonnantes (Death Note/One Piece/Bleach/Naruto par exemple), mais cette
standardisation m'agace toujours.
Bref, moi aussi j'aurais voulu y être :(
A la Japaex Expo, c'est exactement ça : une majorité de gremlins - je me demande même parfois s'ils ne sont pas rentrés car ils avaient vu de la lumière - 5 séries sur-représentées en terme de goodies, un stand Ankama bondé (Dofus inside), etc... Parallèlement, la superbe exposition présentant des planches originales de Tezuka, Ishinomori, Nagai, ou encore Hara (*bave*) n'a pas attiré grand monde, et c'était un des rares endroits où il était possible de respirer.
Seulement, il y a un point contre lequel je m'insurge dans cet article.
Cela semble presque dire que les narutards et consort n'avaient pas leur place au Manga Building, mais il y a un problème : ils sont majoritaires. Et la loi du nombre implique que c'est nous, les "vieux cons" élitistes, qui n'avons pas notre place ici.
Naruto se vend à 220.000 exemplaires, mais il n'y a pas 220.000 fans de manga en France. Le manga est un phénomène qui a échappé aux fans purs et durs, tout comme le jeu vidéo est passé très grand public avec la Wii.
Les manga "haut de gamme" (je n'aime pas ce terme mais il reflète bien ma pensée) qui se vendent le mieux, ce sont ceux de Jiro Taniguchi ; 50.000 exemplaires pour le Promeneur. Mais même là, je ne crois pas que 50.000 mangaphiles achètent du Taniguchi ; la personne qui lit le Promeneur ne lit pas un manga, il lit du Taniguchi, et plus sûrement il lit une BD !
Nous, dans tout cela, nous n'avons rien à dire, notre avis n'intéresse pas grand monde ; en tout cas pas les gremlins, ni les éditeurs qui veulent dépasser les 4.000 exemplaires vendus par manga... Bien sûr, comme les éditeurs renferment un ou deux fans comme nous, le marché se retrouve avec un "Au Bord de l'Eau" de Yokoyama, par exemple ; mais à part pour se faire bien voir de Télérama, et être nomminé à Angoulême, ces titres n'apportent pas grand chose à l'éditeur sinon une certaine forme de satisfaction.
Bref, les fans pseudo-élitistes ne sont pas assez nombreux pour peser, et ne peuvent compter que sur les autres fans pseudo-élitistes pour être considérés.
En écrivant cette phrase je voulais justement dire que ces "ptits jeunes" ont tout à fait droit de cité, d'ailleurs il y a un ou deux passages ou j'essaie effectivement d'infléchir la machine critique un peu trop bien huilée que j'ai lancée. En fait je pensais aussi au manga Bleach (que j'aime beaucoup) en tapant cette phrase. Je lis souvent les mêmes mangas qu'eux, hein, et je suis tout sauf élitiste dans mes goûts en général. D'ailleurs, c'est la raison pour laquelle je travaille sur ce site. J'ai par ailleurs souvent l'occasion de côtoyer des gremlins, et je ne les ai jamais détestés. A nous d'en faire des Gizmo o_o
Et le Manga Building, dans l'état actuel des choses, y participe, j'ai beaucoup de respect pour les organisateurs, et je ne pense pas que c'est à eux que l'on doive imputer la mauvaise réputation du manga. Du moins, c'est plus un problème de cercle vicieux.
Désolé de t'avoir donné cette impression Gemini.
http://www.forum-mangaverse.net/viewtopic.php?t=6381
L'intérêt ? Julien Bastide y est présent et parle un peu des choix qu'il a fait (à lire dans les dernière pages). Ainsi que d'autres.
De toute façon, je vais mettre l'article en lien là-bas aussi.
Je voudrais relever une erreur extrêmement courante que Gemini a fait dans son commentaire. Il a écrit "Naruto se vend à 220.000 exemplaires". Faux ! Naruto tire actuellement à 220 000 exemplaires, nuance. Ceci dit, il se vend très bien, mais "seulement" à 130 000 (source du9.org.
J'aimerais bien avoir l'avis d'un de ces "gremlins" moi, peut-être qu'il ne s'arrêterait pas sur les mêmes constats =)
Par contre, je réfute totalement votre analyse concernant le rôle joué par AnimeLand dans cette affaire. Il est exact que de nombreux animateurs du lieu, à commencer par Yvan West Laurence, fondateur de la revue, collaborent ou ont collaboré à AnimeLand. Mais il s'agit là plutôt d'affinités personnelles, liés à un parcours et des passions communes. Ceci dit, je prends bonne note que dans votre esprit, Manga building et AnimeLand se sont télescopés et je veillerai à ce que désormais ces deux entités apparaissent comme parfaitement distinctes.
Et je citerai la même phrase que Valmy, en ajoutant un petit bémol cependant :
"Et curieusement, ce sont peut-être ces mêmes personnes qui nourrissent, bien malgré eux, le climat d’inculture qui règne dans le milieu du manga, alors même que la France bénéficie d'un catalogue très développé et de grande qualité. Pourquoi ? Parce que la critique intelligente ne vend pas. [...] Cette situation doit être difficile à vivre, être obligé de rester à la surface des choses alors qu’on pourrait ou voudrait faire mieux n'est jamais agréable."
Ça doit en effet être très frustrant pour les journalistes d'AnimeLand notamment, de rédiger des numéros comme celui du mois de février 2009 et qui est d'une qualité d'écriture et d'un contenu incomparables avec ce qui se faisait il y a encore 5 ou 10 ans dans le même magazine et avec la même équipe (plus peut-être Ilan N'Guyen qui a toujours été un journaliste très talentueux et cultivé quand il participait activement au magazine), et d'être irrémédiablement rattrapé par d'excellents nouveaux venus comme Coyote (certes trimestriel).
Mais malheureusement, une des réalités du marché, c'est que comme l'immense majorité des acheteurs d'animes, de mangas, et par extension de journaux spécialisés, est dans la tranche des "gremlins" comme vous dites, AnimeLand (pour ne citer que ce magazine) est obligé de se mettre à la page et de proposer un contenu qui correspond à cette cible, sans oublier les pressions extérieures des éditeurs qui financent la pub dans le magazine et veulent placer leurs produits etc... (sans compter qu'AnimeLand appartient au plus gros éditeur français d'animes).
Si les compliments font plaisir (sans cela nous n'écririons plus rien), je dois dire que je suis surtout soulagé de voir que ce texte est reçu avec bienveillance... et politesse. Nous nous attendions en partie à des réactions indignées.
Concernant l'amalgame entre Animeland et le Manga Building, je me doutais que ce n'était pas choisi, d'ailleurs il ne doit pas sauter aux yeux de la majorité des visiteurs. Il s'agit plus d'une interprétation que nous avons faite en voyant le panneau et les quelques pancartes. Merci à vous de l'avoir précisé clairement, et d'avoir eu la modestie de nous répondre.
Quant au volume de Manga 10 000 Images, nous le chroniquerons ici-même, nous n'avons pas l'habitude de profiter gratuitement des gens.
Je n'ai pas compris la remarque. Peux-tu préciser le reproche ?
Désolé si ça donne des intonations moralisantes à mes propos (moi qui déteste les leçons de morale...).
Pour en revenir au sujet, le lien entre AnimeLand et le building n'est peut-être pas volontaire mais j'avoue que, sans être allé à Angoulème, c'est bien la première réflexion qui m'est venue à l'esprit en voyant la première photo de cet article : "Tiens, Animeland a investi dans l'organisation du Festival ? Encore de l'indépendance relative qui part en fumée et une raison de ne pas regretter de n'être pas venu".
M'enfin, je suis prêt à reconnaitre que c'est quand même une remarque de vieux con.
[…] taille humaine, convivial et proposant des activités accessibles à tous. Nous parlions en 2009 du Manga Building, qui est resté le même pendant plusieurs années, avant de finalement garder le nom […]