ALLO? BIENVENUE CHEZ FAN SERVICE +++! QUE PUIS-JE POUR VOUS?

» Critique de l'anime Bakemonogatari par jinrho78 le
29 Mars 2017
Bakemonogatari - Screenshot #1

On en revient décidément encore et toujours à ce bon vieux fan service! Notre meilleur ennemi s'est débrouillé pour dégotter un siège permanent au conseil d'administration de la Japanimation et avec droit de veto s'il vous plaît! Il semble même être devenu l'actionnaire majoritaire du studio Shaft grâce à Bakemonogatari, son cheval de Troie.

D'ACCORD je conçois et j'admets que le fan-service, héritage Otaku inhérent au manga culturellement parlant, soit présent dans une oeuvre. C'est un moindre mal qui je considère avec la plus grande objectivité possible, le fan service peut même, dans un contexte précis trouver sa place et participer au propos. Ce qui me gêne dans Bakemonogatari c'est qu'il est trop central, voire qu'il est le sujet même du manga mais pas dans un sens critique, plutôt au contraire dans une forme qui l'enjolive pour le plaisir de ces adorateurs. L'anime mise en effet grandement sur ses dialogues, véritables monologues bourrés de référence, qui mettent en évidence les joies du Ecchi et taquinent les besoins primaires de l'adolescence dans son parcours passionné! "Donner du pain et des jeux au peuple puisqu'il aime ça!", c'est un peu le message ici.

Bakemonogatari - Screenshot #2L'ambiguïté constante des conversations de Bakemonogatari qui s'échine à trouver un double sens, afin de surenchérir sur le paradoxe du tabou sexuel au Japon est à saluer. Il n'empêche que de tout miser sur ça rend l'anime pénible à regarder par moments, et dire qu'on a l'impression d'avoir les enseignes lumineuses de Broadway en pleine tronche serait un euphémisme. Surtout quand on se rend compte que ce sera manifestement le plat quotidien jusqu'à la fin de la série...
Araragi notre protagoniste semble conscient de son rôle stéréotypé. Ici notre pervers considère pleinement sa position de masochiste ce qui lui permet d'en débattre quitte à l'assumer selon ses moyens. Notre apathique héros maintient ainsi l'illusion d'avoir du répondant même si au final le dialogue est souvent à sens unique, retrouvant cette relation privilégiée que le jeune soumis peut avoir avec ses antagonistes féminins ( protagonistes? En fait ce n'est pas clair mais ce flou me plaît bien).

Il est au final assez secondaire, laissant la part belle aux personnages féminins. D'ailleurs même si ces demoiselles prennent leurs scripts à coeur, lui donnant une certaine crédibilité, elles restent encore et toujours encrées dans leurs rôles (fan service encore: le girlsband Tsundere, Kudere Yandere and co), osant rarement en sortir à l'exception peut-être d'une miss qui reste en dilettante. La narration quant à elle, c'est du Amagami SS, un arc, une rencontre, une ouverture, un harem qui n'en est pas vraiment un( C'est pratique ça! J'aurais aimé en bénéficier! Ah mais oui suis-je bête, j'oubliais le titre de ma critique).
La touche fantastique trouve sa place dans l'anime et les intrigues folkloriques donne même un rythme, mais comme les dialogues sans queue ni têtes viennent buter contre cela, notre intérêt en pâtira. Je note les flashs intempestifs colorés appuyés par des images subliminales dévoilant des indices sur l'arc présenté et sa thématique. L'idée est pertinente au vu de la nature de Bakemonogatari, même si cela a un effet à double tranchant. Car le message et la compréhension globale en sont brouillés, ce qui est également propre au concept même de l'anime :
Vous coupez l'herbe sous le pied sans arrêt.

Bakemonogatari - Screenshot #3 Je terminerais finalement par l'animation et les graphismes qui eux, offre des vues intéressantes et résolument contemporaines. Des couleurs saturées et unies jusqu'à l'extrême, une identité graphique forte voire publicitaire avec son délire de Sémiologie des pictogrammes sur les arrières-plans. La série invente son propre jeu d'ombres et de lumière, respectant la mimesis de la nature quand ça l'arrange. Le sang rose flashy, qui contraste avec une pièce vert pomme, tout ça, tout ça quoi, c'est d'un bel effet et ça fait sens avec le reste. L'animation elle, se veut nerveuse quand ça bouge, ce qui arrive trop rarement à mon goût, en l'occurrence uniquement dans les quelques passages d'actions qui sont appréciables visuellement et techniquement.
Je regrette cependant que ce style graphique soit mis au service d'un anime dont le manque d'enjeu est si flagrant et qui présente une lecture faussement complexe permettant surtout d'ouvrir la voie aux délires de l'auteur en toute impunité. Bakemonogatari apporte indéniablement sa pierre à l'édifice des créations stylées, toutefois ses ambitions sont finalement moindres face à d'autres oeuvres du même registre (Kuuchuu Baranko, Mind Game...)qui ont elles, su tirer leurs épingles du jeu. La faute à la lourdeur des sempiternels dialogues nippons qui eux n'ont strictement rien de nouveau, au regard de quoi, l'anime nous blase et des fournitures scolaires dangereuses ou des oreilles de chat n'y changeront rien.

Le studio Shaft a des capacités mais ses vues sont petites et mesquines, ce qui me déçoit au plus au point, même si en considérant ses choix marketing on peut y voir la trace d'une stratégie cohérente. Un anime donc, où tout n'est pas à jeter loin de la mais qui est grandement surestimé et qui bénéficie d'une véritable anthologie consumériste qui me tape sur le système. À raison d'une production Monogatari tous les ans depuis 2009... Je ne salue pas du tout cet avènement que je n'ai survolé que brièvement pour être honnête. Que le studio Shaft continue sa conquête mais avec un anime qui hériterait de sa charte graphique tout en étant à la hauteur de celle-ci. Un véritable enjeu, une vraie innovation qui ne conforterait pas la Japanimation dans ce qu'elle est, mais plutôt de montrer qu'elle n'a pas de limite et peut émerveiller jusqu'au parfait amateur.

Verdict :5/10
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A propos de l'auteur

jinrho78, inscrit depuis le 13/04/2014.
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