Bakemonogatari. Première partie de la saison 1 de Monogatari Séries, dont le découpage chronologique en embrouille plus d'un tant il est complexe.
Le scénario en lui même n'a rien de bien exceptionnel: un adolescent qui va aider des gens à lutter contre des problèmes surnaturels, gens qui seront tous de jolies demoiselles. On s'imagine donc le shonen harem basique.
Que nenni. Dès le premier épisode, c'est une baffe monstrueuse qui nous arrive en pleine figure...
Qu'on se le dise, Bakemonogatari repose essentiellement sur le dialogue. Amateur de bastons interminables, passez votre chemin. Cet anime a une réalisation très spécifique: décors minimalistes extrêmement contrastés, pas plus de trois personnages par plan et sont également intégrées des images réelles. Minimalistes mais extrêmement bien faits cependant.
Dans ces conditions, nous avons les personnages qui vont, pour 99% de l'anime, parler. Ennuyeux? Non, jamais. La finesse des dialogues pimentée des tics et caractères des protagonistes donnent un résultat stupéfiant, souvent drôle, dans lequel on est absorbés du début à la fin. J'ai rarement vu des épisodes de monologue passer aussi vite.
La façon dont "bouge la caméra" est aussi surprenante et typique du réalisateur (The Soultaker et Dance in The Vampire Bund en bénéficient aussi) notamment dans la façon dont elle tourne et zoom sur les personnages, dont on se rend compte que les charas classiques sont en fait extrêmement détaillés (les gros plans sur les yeux, les lèvres ou les mains sont impressionnants de précision).
Petite difficulté, les textes qui défilent, importants (voire même spoilant quand ils sont en début d'épisode) mais tellement vite qu'il faut généralement mettre en pause à chaque fois.
Les plans noirs non numérotés semblent être la pour marquer des ellipses et les rouges augmenter la violence d'un combat, mais ça sent surtout le petit budget.
L'animation est à couper le souffle. Peu d'anime, même de nos jours, peuvent se vanter d'avoir une telle fluidité et une telle beauté dans leur action. Je pourrais parler de la simple façon dont bougent les lèvres lorsqu'ils parlent, mais les (rares...) scènes de combat sont à vous scotcher dans votre chaise. Les effets de ralentis (avec les crayons ou les cahiers qui volent dans les airs) sont aussi extrêmement bien faits.
L'OST est bizarre, car aussi très minimaliste et répétitive. Un peu surprenante, on va vite l'apprécier et s'en souvenir. Notons qu'il y a un générique par arc, ce qui fait au moins cinq op et ed pour une série de douze épisodes. Ce n'est cependant pas ce qu'on retiendra le plus de l'anime.
Une histoire par deux ou trois épisodes, voilà le format proposé. Il permettra à Araragi, le héros, de faire la connaissance de la violente tsundere Hitagi Senjogahara (mais quelle tsundere, je vous prie. Elle agrafe les joues des gens et balance sur un ton très naturel des insultes du genre "je ne peux rien quant à ta médiocrité d'être humain"); de la petite Mayoi Hachikuji, avec laquelle les dialogues seront sûrement les plus drôles et riches en jeux de mots; la déléguée parfaite Tsubasa Hanekawa; la sportive extravagante Kanbaru Suruga et la timide Nadeko Sengoku dont il va, aidé soit de l'ex-vampire Shinobu soit de son ami l'expert en surnaturel Oshino, régler les problèmes, tous liés à des entités paranormales.
Bien que riche en personnages féminins, le côté harem s'évapore avant même d'avoir eu une chance d'exister et ce dès la fin du deuxième arc vu que nous avons le droit, miracle, à la formation du couple principal Araragi/Senjogahara. Un couple qui en surprendra plus d'un par sa retenue, et ce alors que les deux personnages affirment s'aimer de tout leur être. Bake nous offre avec ces deux là une romance à des kilomètres du classique shôjo et on l'en remercie.
Tous les personnages ont un caractère bien défini mais non stéréotypés et participent à l'ambiance totalement déjantée qui anime la série; et tous sans exception méritent une mention spéciale.
Alors au fond, le scénario, on l'oublie. Déjà parce que fondamentalement il ne se passe pas grand chose, malgré quelques retournements de situation pas toujours évidents à suivre et des explications sur les êtres surnaturels à des lieues des classiques Yokais de shônen. Mais ce n'est pas dans son histoire que brille Bakemonogatari, plutôt dans la façon où il l'interprète.
Pour résumer, je dirais que, qu'on aime ou qu'on aime pas, Bakemonogatari (et toute la série qui va avec) est unique. AUCUN anime ne lui ressemble. Après, a chacun de voir si c'est juste un OVNI ou si c'est véritablement une perle.
C'est 9.5