Trigger.
Aaaah, Trigger.
Studio créé via Gainax, suite à de la hype qu'était Tengen Toppa Gurren Lagann. Une série folle, décalée, mais néanmoins non sans ambitions scénaristiques et thématiques malgré un premier tiers un peu trop fou pour être engageant, la série aura eu l'effet d'une bombe nucléaire sur les fans d'animation japonaise, certains la considérant comme un messie, d'autres la considérant comme étant le seul mécha qu'ils ont pu apprécier.
Et ainsi vint Kill la Kill. Composé en grande partie de la même équipe que son ainé, dont le perché réalisateur Hiroyuki Imaishi, elle fut attendue comme l'ont attend la providence, comme véritablement une série de la hype.
Mais la question est là. Est-ce que Kill la Kill réussit à rattrapper l'excellent Gurren Lagann ? A le dépasser ?
La réponse est un peu complexe.
Kill la Kill, c'est avant toute chose une série jouissive.
Un concentré d'action complètement barré, un véritable défouloir saupoudré d'une animation aux petits oignons, donnant ainsi de nombreuses rixes violentes, bourrines, mais dotées d'un style redoutablement efficace et accompagnée par une pléthore de personnages charismatiques.
ça bastonne beaucoup, ça se fout régulièrement à poil et ça s'envoie des patates de forains.
Parfait pour se détendre le soir lors d'une journée éprouvante, encore mieux quand c'est vu avec l'une des personnes les plus importantes qui soit pour vous.
Ce qui attire aussi, dans cette série, c'est sa folie.
Kill la Kill est une série folle. Complètement timbrée.
La série est à l'image de son réalisateur, qui ici part complètement en roue libre. Entre le rythme ultrarapide et presque asphyxiant, les nombreux gags visuels, dont la nature souvent sexuelle fait d'ailleurs méchamment lorgner la série du côté d'un Panty & Stocking, accompagnés par une animation ultra minimaliste à la Inferno Cop, qui fonctionnent souvent grâce au décalage avec la fluidité de l'animation lors des rixes ou encore via l'hilarant personnage de Mako, toujours en décalage quasi-total avec l'action, apportant une bonne dose d'absurde avec elle.
Malgré tout l'efficacité de l'humour est parfois remise en cause à cause du côté bien trop fou de la réalisation, faisant parfois tomber quelques blagues au mauvais moment, en cassant un build-up dramatique ou n'ayant strictement aucun effet quand ledit build-up est trop imposant.
Mais tout cet humour, toute cette folie, au final, ça apporte à la série un vent de fraicheur, un vent de liberté. Liberté qui est l'une des caractérisations même de l'héroïne. Ryuko, bien que motivée par la vengeance au premier abord, est libre. Complètement libre. Elle s'affranchit des règles créées par l'école et fait ce qu'elle veut en allant littéralement envers et contre tout, et n'est retenue éventuellement que par sa seule motivation, à contrario de Satsuki, qui elle propose un système complètement totalitaire pour divers desseins.
Les deux personnages se battent pour leur propres raisons, mais sont complètement opposées, se complétant et se repoussant à chaque instant, au point où leur antagonisme devient le point d'encrage des deux tiers de la série, comme deux visions s'affrontant sans arrêt sans jamais créer de réel vainqueur en premier lieu. Au final, chacune possède une certaine vision de la liberté et use de méthodes bien différentes pour parvenir à l'atteindre, même si la série commet l'immense maladresse d'invalider assez souvent les changements concernant le personnage de Ryuko au bout d'en moyenne 3 épisodes, et d'invalider temporairement tout le focus sur elle passé les deux tiers de la série, en plus de ne régler l'antagonisme entre elle et Satsuki d'une manière que trop convenue, là où un affrontement final uniquement idéologique et brutal aurait pu conclure ça d'une manière beaucoup plus pertinente.
Mais au final, Kill la Kill, malgré ses quelques tares narratives et scénaristiques, c'est la folie, c'est le manque de sens commun, c'est la liberté. La liberté de porter ce que l'on veut, de faire ce que l'on désire, de s'affranchir de la route qui aura été tracée pour nous et qui ne correspond pas à ce que l'on est.
La série nous présente des personnages qui font des erreurs, qui échouent, qui trahissent, qui deviennent fous, mais tout ça pour se battre pour une liberté de conscience et de mouvements qui est au final bien possible.
C'est en ça qu'elle arrive à compléter le propos de son grand frère, qui appelait sans cesse à avoir la volonté d'atteindre ses rêves. Kill la Kill, elle, invite à nous affranchir de ce qui nous bloque, de ce qui nous enferme, pour pouvoir ainsi atteindre un véritable sentiment de liberté, un véritable sentiment de bonheur.