Critique de l'anime Eureka Seven

» par Soren le
28 Décembre 2010
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Attention, il paraît que cette critique pourrait contenir de vrais morceaux de troll et de fanboy. Lunettes, masque et gants sont obligatoires.

Marre que l'on vous rebatte les oreilles avec les dernières itérations télévisées à moitié loupées de Gundam? Fatigués du hype assourdissant autour de Code Geass? Agacés par la danse des moephiles autour de Macross Failure, euh pardon, Frontier? Lassés des ersatz sans saveur d'Evangelion? Si vous vous avisez de parler d'anime de mecha, on va sûrement vous bombarder avec les titres précités. Ne vous faites pas avoir, ceux qui vous en parlent ne vous veulent pas forcément du bien. Moi par contre, je sais ce qui est bon pour vous. Ce qu'il vous faut, c'est Eureka seveN.

Désolé pour cette introduction digne d'un marchand de tapis, je voulais la faire. Maintenant critiquons.

La première chose que l'on remarque lorsque l'on regarde Eureka seveN, c'est bien sûr l'aspect visuel. Le seul mot qui corresponde est magnifique. Tout est extrêmement soigné, des personnages dessinés avec brio par Kenichi Yoshida aux méchas de Shoji Kawamori(le Nirvash, le theEnd ou encore le vaisseau Gekko-Go sont sublimes) en passant par les décors. Eureka seveN bénéficie de l'une des meilleures directions artistiques de la décennie. Bones oblige, l'animation est au niveau, les méchas se meuvent dans les airs avec une grâce incroyable. Non seulement Eureka seveN humilie ses contemporains comme Gundam Seed(Destiny) mais en plus la série mettrait presque tout le monde à genoux si elle ressortait telle quelle aujourd'hui. Ici on est dans la catégorie poids lourds, une série qui comme un Stand Alone Complex resplendit toujours des années après. Chapeau.

Mais si Eureka seveN n'était qu'une jolie coquille vide, je ne prendrais pas la peine de vous en parler. Bien loin de vouloir cacher le vide derrière une belle façade, les artistes de chez Bones ont juste voulu créer un écrin digne de leur joyau. Détaillons.

L'utilisation faite du format de 50 épisodes est brillante. Au lieu de s'étaler inutilement, de grappiller en répétant plusieurs fois le même schéma comme peut le faire un Gundam, l'équipe aux commandes fait le choix inverse: parce que l'on a 50 épisodes, alors on va en profiter pour varier les schémas, les genres, les tonalités. Ainsi on va trouver de l'aventure, de la comédie loufoque, du drame, de la tranche de vie, de la romance, sans oublier bien sûr les combats de méchas. Au lieu de se répéter, la série en profite pour être riche et variée, prenant le temps de nous dépeindre avec application les personnages et le monde dans lequel ils vivent. Aucun épisode n'est inutile ou gratuit. Bien loin du néant que recouvre aujourd'hui le terme, la tranche de vie d'Eureka seveN est un formidable outil au service du développement de personnages que l'on va petit à petit découvrir et aimer.

Les personnages, parlons-en. Le casting est riche et haut en couleur comme dans peu d'autres animés. Le héros Renton est le jeune garçon que nous avons tous un peu été à une époque. Vivant son train-train quotidien dans une bourgade tranquille, il rêve d'aventure et de lift, ce surf des airs que pratiquent son idole Holland et son groupe de dissidents, le Gekko-State. L'aventure viendra à lui lorsqu'il assistera au crash du Nirvash et de la jolie Eureka, membre du Gekko-State dont il tombera immédiatement amoureux. Grâce à elle, il va pouvoir rejoindre ce groupe qu'il admire tant, même si ceux-ci se révèlent assez différents de ce qu'il imaginait.

Renton est un personnage intéressant. Le suivre durant 50 épisodes va permettre de se lier à lui, à mesure qu'on le voit évoluer dans ses relations avec les autres personnages, et dans ses réactions vis à vis des évènements. On va ainsi voir son état d'esprit changer et passer de son état initial "je fais parti du Gekko-State parce que j'aime Eureka" à la désillusion "je fais parti du Gekko-State parce que je mène une guerre" et enfin à l'acceptation et à un nouveau choix "je fais parti du Gekko-State parce que je mène une guerre pour Eureka". Au contraire de certains héros d'animés qui terminent comme ils ont commencé, on voit vraiment Renton évoluer et devenir un adulte. Un procédé emprunté aux shonen et à Gundam, mais vraiment bien appliqué.

Pour faire la paire avec Renton, nous avons donc Eureka. Un peu étrange, mystérieuse et renfermée, la jeune fille n'est pas sans rappeler au premier abord Rei Ayanami, tant pour ces traits de caractère que pour certains détails physiques. Heureusement, elle va se différencier de son modèle pour se révéler un personnage à part entière. Son background fait l'objet d'un soin tout particulier et tient une place importante dans le scénario. Sa relation avec Renton, loin de me donner des boutons comme je m'y attendais, m'a touché. On peut dire que ces deux là forment un beau couple. De même l'amour maternel qu'Eureka porte à Maurice, Maeter et Link, 3 enfants qu'elle a recueilli sur un champ de bataille, donnera certaines des scènes les plus émouvantes de la série. On découvre peu à peu l'humanité et les sentiments derrière la froideur apparente de la demoiselle.

Derrière ce couple star on trouve bon nombre d'autres personnages tout aussi réussis. L'équipage du Gekko-Go est un regroupement d'individus hauts en couleur et au capital sympathie élevé. Certains bénéficient d'une développement qui n'a rien à enlever à celui de nos deux amoureux. Je pense particulièrement à un autre couple important, celui formé par Holland et Talho. Idole de Renton, Holland se révèle être un homme torturé, au caractère difficile et également moins classe et modèle que l'image que s'en faisait l'adolescent. Les raisons de cette personnalité troublée et le passé de Holland et de ses camarades joueront également un rôle important dans l'histoire. A ses côtés Talho, atout charme de la série, est un personnage beaucoup plus travaillé que ce que ses allures de bimbo peuvent donner à penser. Elle est indispensable par ses compétences et par le soutien qu'elle apporte à Holland. C'est un couple différent de celui formé par Renton et Eureka, moins fantasmé, plus réaliste mais avec aussi son lot de problèmes. La relation entre ces deux couples est également très intéressante.
Restons sur les couples et abordons le 3eme couple important. Le plus difficile et torturé, celui formé par Dominic et Anémone, qui font parti des adversaires du Gekko-State. Ici il s'agit d'un amour à sens unique, celui de Dominic pour Anémone, super soldate à la psyché instable, contrainte de se droguer pour échapper à ses crises, véritable psychopathe aux commandes du theEND. Ces deux personnages, si on les voit moins que le Gekko-State, ne manquent pas de captiver à chaque apparition. On se prend à admirer Dominic pour sa détermination à prendre soin de cette jeune fille qui ne peut pas lui rendre son affection, bloquée dans sa condition pitoyable pour laquelle on compatit. A l'image du couple principal, leur évolution est visible, bien écrite et marquante.

Il est difficile de parler de l'histoire sans se répandre en spoil, mais elle est très riche. L'une des prouesses d'Eureka seveN a été de résoudre enfin la question qui se posait depuis 1996: comment faire du Gundam/Macross tout en intégrant l'héritage d'Evangelion? Ainsi la série mixera ces influences tout en affirmant sa différence. Eureka seveN est l'une de ces séries qui s'inscrivent dans une tradition tout en ajoutant une pierre à l'édifice. L'histoire qui nous est contée ici est riche, parfois surprenante, variée, riche en émotion, en action et en rebondissements. Elle est à la fois honnête et intelligente, ne prenant jamais le spectateur pour un idiot tout en ne lui lançant pas du blabla pseudo-philosophique pour donner l'illusion de la profondeur. C'est une histoire d'aventure et d'amour, ni plus, ni moins, mais c'est déjà beaucoup, parce que c'est bien fait. L'idéalisme fleur bleue qui parcourt la série fera peut-être grimacer certains, mais si vous aimez ça ou que vous passez outre, c'est un monde merveilleux qui vous attend. Parce que c'est l'un des meilleurs animés des années 2000. N'attendez plus. Get it by your hands

Verdict :10/10
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A propos de l'auteur

Soren, inscrit depuis le 06/12/2010.
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