A l'occasion de la "suite", Astral Ocean, qui va sortir ce printemps 2012, j'ai décidé de revoir la série de 2005 à l'occasion de l'achat des DVD. Eureka Seven est une série qui a eu droit à une sortie presque discrète ou en tout cas mitigée. La série aurait été prévue pour durer 26 épisodes. La durée doublée, il est vrai qu'elle s'étiole par endroit aussi bien techniquement que l'intérêt de l'histoire. Pour autant, cet accueil presque indifférent sonne cruellement avec la copie rendue. Eureka Seven reste l'une des séries de boîtes de conserve parmi les plus originales depuis Evangelion. Après que la série de Anno est prétendument tuée le genre, Bones et Dai SATO ont réussi l'ambition folle de réenchanter le super robot.
L'idée trippante de robots qui surfent dans l'air sur le "souffle de la planète", le trapar, est l'occasion de mettre en scène une tripoté de combats aériens qui donnent le vertige. Le dynamisme de ces scènes donne le là d'une animation de qualité. J'ai regretté parfois qu'il n'y ait pas de soin particuliers aux décors terrestres mais c'est peut-être le prix à payer pour mettre en valeur l'architecture atypique et très identitaires de certains lieux marquants. De plus, les cieux de Eureka Seven sont la véritable scène principale de la série. Dans un style 2D, ils ne font pas pâle figure - quoiqu'un cran dessous - de ceux de Last Exile qui restent un modèle du genre.
Le mécha design des LFO marquent en revanche le pas, les artistes ont réussi le pari de leur donner une physionomie qui n'est définitivement pas anthropomorphes, caractéristique remarquable, mais ils ne sont pas spécialement beaux pas plus qu'ils ne donnent l'impression d'être des armes mais ce dernier point vient peut-être de leur nature profonde...
Ceci m'offre une transition toute trouvée pour aborder le scénario. Il va m'être contraignant de la mettre en valeur sans dévoiler tous ces ressorts. Aussi vous-faudra-t-il me croire sur parole quand j'annonce que le monde de Eureka Seven est bien plus riche qu'on ne le croit au premier abord. Rétrospectivement, que la série ait eu droit à des prolongations est un moindre mal. Certes, certains épisodes sont très fortement dispensables mais 26 auraient été bien trop peu pour être en mesure d'en mettre en valeur toute la densité sans perdre le spectateur. L'histoire de Dai SATO n'a là encore rien à envier au meilleur de la SF. J'entends et comprends les critiques sur le sentimentalisme parfois exacerbé mais ce qui m'aurait en temps normal arrêté moi aussi prend ici tout son sens.
L'amour, ce mot au sens souvent tant dévoyé ou tourné en dérision, est le thème transversal de Eureka Seven tout comme les relations des personnages construisent la série plus sûrement que des twists scénaristiques douteux. Qui est l'autre ? Comment communiquer avec quelqu'un dont on ne saurait comprendre le moindre instant de sa vie. Comment atteindre l'empathie quand on ne peut se mette à la place de l'autre, quand s'identifier à lui ou à elle est tout bonnement impossible.
La vérité de l'histoire est amenée subtilement, non dans de longs monologues ou par des revendications fracassantes qui tombent du ciel : la série se construit dans les détails. Malheureusement, elle se perd parfois en route et certains protagonistes dans l'équipage du Gekkostate ne semblent là que pour faire le nombre. C'est le risque d'un grand récit d'aventure qui se cherchent et qui ne veut surtout pas aller en ligne droite pour arriver trop vite à un dénouement qui brise le rêve.
Les différents génériques rythment cette série généreuse, trop parfois. Cependant, je garderai un bon souvenir des tribulations de Renton et Eureka et autant la fin conclue probablement leur épopée, autant j'ai envie de voir Bones revenir dans cet univers dont on n'a probablement pas encore fait le tour. A suivre.