Guilty Crown c’est un peu comme une rupture amoureuse. Au début on ne veut pas y croire, on refuse d’affronter la réalité, on nie l’évidence. Puis on est bien obligé de prendre acte que oui, c’est fini.
Et bien là c’est pareil : on ne veut pas croire que c’est de la daube, on se dit que c’est nous qui sommes blasés, que ça va sûrement s’améliorer. Jusqu’au moment où l’on est obligé d’admettre que oui, Guilty Crown est un navet.
Un navet qui était pourtant promis à un destin brillant. Produit par le studio Production IG qui y a visiblement mis les moyens, la série s’était octroyée deux saisons consécutives dans la case NoitaminA, afin de s’assurer une visibilité à l’international. Le chara-design original et les génériques furent produits respectivement par Redjuice et Ryo, deux artistes du collectif Supercell et très connus des otakus. Tout était fait en amont pour que Guilty Crown soit un succès. Un gros succès. Ce qu’il a sans doute été, d’ailleurs… Mais auprès du mauvais public.
En effet, ce qui a pris tout le monde de court, c’est que la cible de Guilty Crown n’est pas, comme on aurait pu le penser avec le label noitaminA, les jeunes adultes ou les otakus un peu expérimentés. Non, Guilty Crown est une horreur de série mainstream, niaise et vulgaire, visant ostensiblement les gamins boutonneux qui n’ont jamais vu de japanime de leur vie.
Guilty Crown se déroule dans un futur imaginaire où le Japon a été touché par une mystérieuse épidémie. Devant l’ampleur de la catastrophe, une organisation appelée le GHQ prend le contrôle du gouvernement et de toute l’administration. Mais ce pouvoir est contesté par les Undertakers, groupe rebelle qui mène une lutte sans relâche. L’histoire commence lorsque Inori, jeune demoiselle habillée telle une strip-teaseuse et travaillant pour la rébellion, rencontre Shû Ouma, lycéen insouciant aux cheveux sales. Le jeune homme est entraîné au sein des Undertakers et est éveillé au Pouvoir du Roi. Celui-ci lui permet d’extraire l’âme des gens pour s’en servir comme arme (le Void). Dans les faits, Shû va fourrer sa main entre les seins de Inori pour en retirer une grosse épée bien dure et bien longue, le tout souligné par les gémissements de la susmentionnée. Cette arme servira à Shû pour détruire les robots géants qui regardaient la scène sans rien faire.
Si vous avez un minimum d’expérience, vous aurez vite vu que le pitch de Guilty Crown est un plagiat éhonté de Code Geass et de Scryed. Un peu plus loin dans la série, on aura un passage où les personnages seront confinés dans leur lycée et mettront en place une hiérarchie : ce qui n’est pas sans rappeler Infinite Ryvius, sorti quinze ans plus tôt.
Ainsi non seulement cette série pille sans vergogne le patrimoine de la japanime, mais elle pousse le bouchon en nous servant un catalogue entier de personnages clichés : la coodere, la tsundere, la loli, la MILF, l’amie d’enfance, la déléguée de classe un peu coincée, et la présidente du conseil des élèves de bonne famille. Guilty Crown contient plus de stéréotypes que n’importe quelle série harem de seconde zone. Et je ne parle pas du proitagoniste Shû Ouma, véritable sac de sable sur pattes dont la seule utilité est de se laisser bringuebaler par les errements du scénario.
Parce que oui, le scénario de Guilty Crown est nul à chier. Vraiment.
L’histoire mélange science-fiction, fantastique, romance, post-apocalyptique, sans que rien n’ait de cohérence ni de direction. Les épisodes s’enchaînent sans logique et les dialogues sont si piètrement écrits qu’ils arrivent à se contredire d’une scène sur l’autre. Les coups de théâtre se suivent à un tel rythme qu’il devient tout simplement impossible de comprendre quoi que ce soit, sans parler des flash-backs interminables qui viennent contredire l’histoire racontée juste avant.
En général les rebondissements servent à maintenir l’intérêt et à accrocher le spectateur. Sauf que dans Guilty Crown, tout est tellement grossier qu’au bout d’une demi-douzaine d’épisodes, le spectateur décroche, le spectateur s’ennuie, le spectateur facepalm. Et malheureusement ce n’est pas la qualité du chara-design, de la direction artistique ou de la musique qui le réveilleront. Comme qui dirait, on a l'impression en regardant cette série que chaque épisode a été écrit par un scénariste différent et qu'ils ne communiquaient pas entre eux. A ce point-là.
Il y aura toujours des noobs qui vous convaincront que Guilty Crown est la meilleure série de ces dernières années, voire de tous les temps. Pour ma part cette série est une illustration de la fable de la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf, et qui finit par en éclater. Fruit de l’association entre des réalisateurs dénués de talent et des producteurs avides de succès, Guilty Crown est un produit immature et opportuniste, qui sera tenu éloigné de toutes les animéthèques des otakus ayant un minimum de bon goût.
Les plus
- Chara-design raffiné
- Direction artistique maîtrisée
- Musique et doublages sans défauts
Les moins
- La japanimation mainstream pour les nuls
- Univers et background incompréhensibles
- Scénario M-I-N-A-B-L-E
- Personnages clichés et sans réel charisme
- Vulgarité gratuite
- Le pétard mouillé de l'année 2011/2012