Guilty Crown ou comment un démarrage quelconque, un développement intéressant peuvent finir en une machine vaseuses. Chronique d'un déraillement...
L'apparence et la gestion de l'ensemble du point de vue animation, palette de couleurs et cadrage est propre voire très bon. Je n'ai vu rien de bien précis à reprocher sur ces points de vue, on reste sur les rails du début à la fin sans mauvaise surprise.
Là où cela commence à partir sur de mauvaises voies c'est l'aiguillage approximatif que connaît cette histoire. A l'entrée en gare, on se retrouve avec un personnage à peu près lambda, Shû, qui par un concours de circonstances reçoit des pouvoirs substantiels. Bon on a notre ticket pour le voyage, il n'est pas encore écorné et bien assis dans son siège on attend que le train parte.
Le voyage se fera en trois changements de gare parfois un peu impromptus. La première partie bien jalonnée par les standards et stéréotypes reste plaisante et suit aussi bien les rails. La galerie des personnages secondaires corrects passe en coup de vent ou s'installe dans la rame avec le spectateur. Il y a même des concepts intéressants qui sont visibles dans cette partie du voyage.
La fin du premier segment se voit ponctuée par quelque chaos et accrochages mais on finit aiguillé sur une nouvelle voie qui n'est pas si déplaisante que cela (le collège).
Le second parcours commence de façon agréable, mais comme toute voie de chemin de fer en montagne, il y a beaucoup de tunnels et l'ascension commence à taxer le moteur scénaristique. L'inquiétude commence chez les passagers. Pourtant pas de panique, Shû est là et il va prendre la casquette de chauffeur pour tenter de maintenir le convoi. Las, les errances du scénario et les changements de caractères d'Inori et Gai perturbent la bonne marche du train. On sent la première dérive ; les signes de fan-service auraient dû avertir le voyageur spectateur des problèmes à venir...
Passé le point culminant de la voie comme du récit, la locomotive de l'histoire part en roue libre sans plus de freins... La confusion entre épidémie, individu zéro d'une contamination, évolution, inférons du code génétique, Eve-Adam, nouvelle genèse, a chaque perle qui s'enfile la vitesse s'accélère. A cela on couple de mauvais ressorts scénaristiques et les freins du train finissent par lâcher. Et c'est le drame.
Le train Guilty Crown sort des rails et finit dans un ravin.
Si il y avait des survivants, leur réflexe légitime serait d'aller se plaindre au bureau des réclamations : ils avaient acheté des billets pour un Guilty Crown ; pas pour une imitation d'Evangelion... Si seulement.