Un anime d'excellente facture, c'est sans doute ce qui résume le mieux cette série à l'ambiance si particulière: à la fois calme et détendue, et ce malgré la gravité, la violence et l'absurdité des thèmes abordés.
Si les premiers épisodes se veulent plutôt orientés vers un humour léger et plein de délicatesse, mettant en scène la difficile cohabitation de Shinkuro avec sa jeune protégée, son voisinage et son travail, très vite on bascule vers une ambiance beaucoup plus dramatique. Voici deux jeunes personnes que tout semble de prime abord séparer: elle a été élevée dans une cage en or, il vit dans son propre appartement misérable de Tokyo; elle a toujours vécu seule, il côtoie un voisinage qui bien que particulier n'en demeure pas moins chaleureux (sans parler de sa patronne); elle est une petite bourgeoise fière et sûre d'elle, il manque d'assurance que ce soit pour son travail ou au lycée et dans ses relations avec autrui. Bref, ils forment le couple le plus improbable qui soit. Et pourtant, de part leurs différences, ils vont irrémédiablement s'attirer, chacun cherchant à protéger l'autre à sa manière selon les circonstances, d'autant qu'ils ont tous les deux très tôt perdus leurs parents, et cherchent à combler ce vide du mieux qu'ils peuvent.
Ajoutez à cela l'intérêt particulièrement morbide et malsain que semble porter la famille de Murasaki à la petite fille; ou les missions particulièrement violentes que Shinkuro se voit contraint de réaliser, et vous comprendrez aisément d'où l'anime tire son ambiance si tragique. Tragique, mais pourtant pas dénuée d'espoir, grâce à la naïveté et l'opiniâtreté dont le jeune homme sait faire preuve lorsque la situation l'exige.
Car c'est le second point fort de cet anime: les différents personnages possèdent tous un comportement sensé et réaliste, qu'on pourrait croiser à chaque coin de rue. Malgré son air pathétique et soumis (voire amorphe), Shinkuro se révèle être un personnage d'une grande maturité, mais qui se complait dans la solitude et cherche à éviter tant que possible les problèmes avec autrui, alors que son niveau en art martiaux pourrait lui permettre de régler les situations de conflit sans difficulté. Les autres personnages sont du même acabit, chacun d'entre eux ne montre en fait que ses côtés les plus médiocres (névrosé, solitaire, désabusé, traumatisé...). Même le personnage de Benika, à qui la vie semble avoir pourtant amplement sourit se révèle finalement n'être qu'une personne cachant une grande solitude.
Pris un par un, chacun de ces personnages semble donc peu engageant. Il suffirait pourtant d'un rien, d'une étincelle pour qu'ils sortent de leur isolement et découvrent que finalement la vie vaut d'être vécue et que certaines choses valent la peine qu'on se batte pour elles. Cet élément perturbateur, ce déclic, c'est Murasaki qui va l'apporter, en entrant dans leurs vies comme un rayon de soleil.
Si le scénario et les personnages sont réussis à bien des égards, on ne peut malheureusement pas en dire autant pour le côté technique de l'anime: les décors sont dans la moyenne de ce qui se fait actuellement, et les couleurs collent bien à l'ambiance sombre de l'histoire. Mais sur l'animation, de nombreux éléments sont à reprendre, car l'ensemble manque cruellement de fluidité. Il est également regrettable que hormis le héros et quelques personnages aux apparitions brèves, l'ensemble des protagonistes soient des femmes. Sans porter préjudice à la qualité de la série, on ne peut s'empêcher de penser que ce choix a été fait dans le but de ramener un maximum de public masculin (malgré l'absence totale de fan service).
Les thèmes musicaux sont agréables, mais j'aurais bien vu quelques morceaux de jazz ou de blues en plus (en même temps, je suis loin d'être un spécialiste).
Un dernier mots sur l'opening plein d'entrain et d'optimisme, bien loin d'annoncer la couleur en ce qui concerne l'histoire, mais dont le style graphique particulier m'a paru digne d'intérêt.
En conclusion, une très bonne série, qui aurait pu frôler la perfection si un peu plus de moyens avaient été donnés pour la réalisation. A voir malgré tout.