Critique de l'anime Kurenai

Le sujet traité est ici bien simple : un adulte protégeant un enfant. A l’heure où l’on commence à en avoir assez des histoires d’amour torturées mais où l’on ‘recherche encore un peu de douceur dans ce monde de brute’, ce thème convient parfaitement. Il faut dire que ce type de relation presque familiale ne faisait pas légion il n’y a pas encore si longtemps de cela.

Les précurseurs du style (comme Aishiteruze baby) composaient autours d’un scénario basic : la prise en charge d’un enfant encore irresponsable par un adulte inexpérimenté. Leur but principal était donc d’attendrir, mais aussi de faire rire, par conséquent on les classerait plutôt dans la catégorie shojo/tranche de vie. Seirei no Moribito a en quelque sorte renouvelé le genre en faisant peser un réel danger sur les épaules du mioche à protéger, ce qui a permis de rendre les choses beaucoup plus intéressantes et de fortifier le lien existant entre le protégé et le protecteur.

Pour ce qui est de Kure-nai, on se situe un peu à la frontière des deux. Car même si il est question d’un agent assurant la protection d’un enfant contre des personnes qui cherchent à le récupérer, l’animé n’en reste pas moins très 'tranche de vie' et même un peu trop à mon goût. En effet la série tourne autour de l’apprentissage par la petite d’une certaine autonomie dans un monde auquel elle n’a encore jamais eu accès.

Le danger qui pèse sur elle n’en est pas pour autant oublié mais leurs mises en application ne se fait quasiment pas. Et le problème est justement là car on ne ressent pas assez la présence du danger, du coup l’animé m’a paru assez ‘plat’.

On peut quand même remarquer que le caractère de la gamine est pas mal travaillé et plus complexe qu’on aurait pu le penser. Elle aurait pu être le parfait stéréotype de la princesse hautaine et vaniteuse mais il n’en est rien. Elle a évidemment ce côté ‘fille de bonne famille’ mais elle incarne aussi un réel paradoxe, celui de la femme-enfant. Son avidité à découvrir ce monde qui lui est encore inconnu et l’émerveillement qui en résulte fait parti de son côté enfantin mais sa puissance de décision et sa capacité à faire des compromis sont telles qu’elles dépassent de loin le raisonnement adulte. Ce tempérament fait de l’ombre à celui de son protecteur si bien qu’on a presque l’impression que l’arme implantée dans le bras de celui-ci n’est là que pour lui donner un semblant d’originalité.

Pour ce qui est de l’aspect technique : les graphismes et l’animation sont globalement réussis. Pourquoi globalement, parce que certains épisodes sont mieux animés que d’autres, les combats par exemple sont plutôt réussis mais on ne peut pas en dire autant de l’épisode musical (sans parler de l’horrible opening). Cette anomalie est peut être recherchée mais il est dommage que l’animation soit à ce point inégale pour une série de 12 épisodes.

J’en viens au plus gros défaut de la série. Pour moi, il s’agit du fait qu’elle ne répond à aucunes de nos attentes. La fillette fait exactement le contraire de ce que l’on voudrait qu’elle fasse tout en sachant que c’est elle qui a raison. On perd l’aspect divertissant sans pour autant en gagner un autre. Alors oui l’humour tout en finesse est plutôt sympa et atypique mais il n’est quand même pas assez conséquent pour combler les exigences du spectateur.

Malgré des qualités indéniables au niveau technique et un effort d’originalité, l’histoire de Kure-nai ne m’a vraiment pas emballé. Et cet animé reste moins réussi que d’autres construits sur la même base comme Nijuu mensou no musume ou encore Michiko to Hatchin.