La paix appelle le sang et le sang coule pour la paix

Akame ga Kill! titre trompeur en un seul et unique point : ce nom faussement éponyme. Avant de commencer cette petite critique coup de gueule, il faut savoir quelques petites choses en se lanceant dans cette série. Premièrement, la fin de l'anime n'expose pas le même déroulement que son support orignal. C'est en fait le facteur crucial qui divise sèchement la tendance des opinions. Deuxièmement, il faut comprendre que cette adaptation assume pleinement ses prises de positions quant au couplage de l'horreur et de l'humour. Troisièmement, le scénario use d'astuces foncièrement exagérées mais va au bout de celles-ci sans une once d'hésitation. Une fois ces éléments posés, on peut définir clairement et simplement Akame ga Kill!.

Parlons vite, parlons bien. Dans la forme on discerne de la paresse, des combats manquant d'intensité, une gestion du son pas toujours efficace et des choix hasardeux, le plus flagrant étant sans doute le design de cet univers médiéval qui provoquera chagrin et tristesse chez les amoureux de ce cadre.
Pour revenir sur les différents affrontements, certains manquent cruellement de dynamisme et peinent à retranscrire la violence des coups portés et c'est le reproche principal que l'on peut faire, malgré l’acceptation de la démarche voulue. Au fur et à mesure que l'on avance, ce point noir est effacé jusqu'au combat le plus dantesque de cette série qui repose sur un passage que l'on attendait absolument pas mais qui en avait le potentiel. Au niveau sonore il n'y a pas de réelles fautes mais une mauvaise manière d'utiliser la BO, en plus du nombres assez limité de pistes qui marquent l'esprit. Donc mis à part quelques génériques qui font mouches dont le premier opening, on est pas gâté de ce côté. Je ne vais pas m'étaler sur le design complètement incohérent même si personnellement, je ne m'offusquerai pas pour ce genre détails tout en comprenant que ça puisse choquer lorsque l'on aime le genre traditionnel. Pour finir ce listing, si l'on peut parler de paresses c'est principalement à cause d'éléments qui auraient pu être raconter avec finesse sans que ça ne coûte plus de temps et qui auraient permis de rendre plus incisifs les retournements qui fusent au cours du déroulement.

On peut maintenant entamer la partie intéressante où quelques arguments vont vous montrer en quoi cette série mérite un visionnage, parmi les titres récents qui se limite à du simple divertissement. Alors oui, il s'agit bien de se détendre un peu sans prise de tête et encore je ne compare qu'avec ce qui se fait depuis ces quatre dernières années. Si l'animation contemporaine ne vous fait ni chaud ni froid, il y aura bien mieux pour vous dans les antiquités animesques.
Il n'y a en réalité que deux seuls petits axes qui me permettent de vous tenir un tel propos vis-à-vis de cet anime. Le premier renvoie au terme que j'aime employé en ce moment : l'Alchimie de l'oeuvre. Le dosage si vous préférez. La césure entre deux genres bien distincts est extrêmement bien gérée, malgré un côté souvent abrupte dans les transitions faites entre l'humour et l'horreur/gore. Pourtant, la cassure renforce la dimension simple de cette histoire dans laquelle il n'y a pas quarante possibilités pour arriver à remédier au principal problème posé par l'intrigue. A fortiori, la bonne ambiance au sein du groupe d'assassins est parallèle à l'idée que les sacrifices sont inévitables et que l'on ne se morfondra pas pour chaque soldat perdus, ou pas trop longtemps en tout cas. D'ailleurs, pour un spectateur souple, les quelques scènes tendres sont passables et ne font pas tâches. Bon, comme je vous l'ai dit plus haut, il y a des moments où le dosage n'est pas et où l'intensité n'arrive pas à percer le spectateur. Cependant proportionnellement aux nombres de passages bancales, nous avons des instants qui sortent carrément du random et du niveau moyen qui avait été instauré jusque là. Forcément le premier qui me vient en tête et le combat dont je vous ai parlé dans le premier paragraphe mais il y en bien d'autres. Pour la plupart, il s'agit de plot twist visant à choquer et déboussoler le spectateur, d'où la retenue de certains fans d'animation qui fuient cette technique comme on pourrait le faire pour les jump scare au cinéma.
D'où ma seconde arme pour convaincre les réticents : La surprise. Si au départ vos dons de prédilections vous permettent d'anticiper chaque twist, dites vous que ça ne durera pas longtemps. D'ailleurs, à ce titre, le tout premier vous arrive dans la face et pour peu que vous ne vous soyez pas renseigné sur le script, je vous donne ma parole ici et maintenant qu'il marque relativement bien la mémoire. A un moment cette manie peut devenir agaçante mais en fin de série, c'est poussé à un tel point que je n'ai pu qu'apprécier l'affirmation du choix pris par celui qui a décidé de changer la fin de l'histoire. Le mot de la fin a été le meilleur moyen de prouver que l'hésitation n'était pas de mise dans la construction de ce récit et ses différentes prises de risques.

De manière totalement détachée j'aimerai parlé d'un personnage qui aurait pu être développé dans un anime de tout autre qualité. Cette déesse sanguinaire dénommée Esdess est sans doute la chose la plus intéressante que j'aurais pu voir dans Akame ga Kill! Evidemment elle ne bénéficie pas d'assez d'attention pour étinceler mais apporte néanmoins un gros plus au casting de cette série et attise pas mal de curiosité pour le spectateur qui aurait perçu son potentiel. A la fois une bonne surprise de rencontrer ce personnage qui se découvre humaine au cours du récit et à la fois une grosse déception de la trouver dans une oeuvre sans ambition.

Pour être bref, il faut vous pencher sur Akame à partir du moment où vous chercher une série simple dans laquelle les combats et les pouvoirs sont assez bien conçus pour donner du rythme au récit. Puis avant tout si vous aimez la dimension dure et froide que permet l'utilisation du gore.
En conclusion je dirai que l'on a affaire à une série moyenne, voir passable qui se paye deux fulgurances concrètes et une fin qui s'assume avec brio.