Tokyo ghoul, adaptation du manga du même nom d’Ishida Sui et réalisé par Morita Shuhei, nous propose les aventures cauchemardesques du jeune Kaneki Ken. Un anime pour lequel, sa réception, fut et est encore, mitigée. Nous avons là, malgré l’attente, un anime différent du manga qui propose une autre vision de l’œuvre originale. Mettant en avant l’aspect psychologique et philosophique de l’histoire. Qu’en est-il donc ?
Pour ce qui est de l’aspect technique de la réalisation, forcé est de constater que c’est très bien réalisé.
L’animation est de qualité, nous avons le droit à de magnifiques éléments. Les Kagunes qui sont tous plus ou moins jolis à voir ce qui rend les affrontements assez intenses, sans parler de l’animation fluide permettant à ceux-ci d’être encore plus marquants.
Là où l’animation se démarque le plus c’est pour son initiative à renforcer ses personnages et leur importance dans les scènes où ils apparaissent. Ce point paraît peut être évident mais le travail qui a été fourni n’est pas négligeable. On a donc un Kaneki à l’aspect volontairement banal (cheveux noirs, couleur des yeux ternes) qui vient compléter ses comportements hésitants et son attitude neutre. On a également une Lize, personnage fondamentalement attirante, par ses comportements mais aussi par son design (cheveux et yeux violets clairs) et cette volonté de la rendre attirante aura toute son importance dans les scènes où elle intervient. Elle parait extraordinaire dès sa première apparition et représentera par la suite la Ghoul par excellence selon la vision d’un humain, dépourvu d’humanité qui cherche seulement à assouvir ses envies. Même la façon dont on racontera comment elle est apparue renforce son côté extraordinaire au sens propre. D’où l’idée d’une opposition claire entre banalité et extraordinaire, pour les personnages de Kaneki et de Lize, qui accompagne le récit. Je ne m’étendrai pas sur le design des autres personnages (principaux et secondaires) qui sont tout aussi bien mis en avant par leur chara-design.
L’animation offre également un jeu, de couleurs et de nuances, qui apporte l’effet voulu dans chaque scène, là encore cela paraît évident mais c’est toujours aussi bien fait. Les scènes de tension, d’horreur, de psychologie, de combats et j’en passe, proposent toutes une ambiance différente alimentée, en parti, par ce jeu, qui nous laisse paraître des oppositions de couleurs pour une symbolique intuitive.
La mise en scène est aussi très bien utilisé, globalement, on n’éprouve pas de vide dans chaque épisodes, ils ont tous leur utilité propre, ce qui rend chacun d’eux intéressant à suivre. Ils sont tous complets et apportent leur part du gâteau.
La densification des éléments scénaristiques du manga permet à l’anime de rester un plaisir jusqu’au dénouement final. Le format de 12 épisodes nous épargne à fortiori des épisodes bancales et sans intérêts.
Pour ce qui est de la censure, crié comme désagréable et inutile, n’est en réalité pas si bête que ce que l’on peut croire. Outre le fait qu’il sortira sûrement une version non censuré de l’anime pour ramener un peu plus d’argent, chose assez irritable, ici la censure offre néanmoins des avantages.
En effet, la plupart du temps elle est là pour cacher « l’horreur », sous écran noir où écran négatif (dont on notera d’ailleurs l’originalité) mais on peut voir un aspect plus utile à celle-ci (et oui). Elle permet de ne pas faire passer l’horreur par-dessus l’effet psychologique qui est entretenu par l’animation et les dialogues présents même dans les scènes d’actions, point sur lequel on reviendra. L’anime ne veut pas passer pour un « Tortur Porn » (sous genre du cinéma d’horreur) qui ne porterai d’importance que pour les scènes gores, ce qui n’a pas d’intérêt pour l’anime. L’intention n’est pas de focaliser le lecteur sur le gore mais sur la scène en elle-même et sur les éléments qui y sont mis, l’intention est donc pour la psychologie et non pour le fun du gore ce qui est cohérent avec l’anime.
A noter que le réalisateur s’est donné un peu de mal pour nous donner une censure assez variée. Elle apparait dans une scène avec un rayon lumineux, dans plusieurs avec un effet négatif, qui ne dérange pas plus que ça pour ce genre de scènes et dans d’autres avec une censure plus classique, en noir. C’est donc dommage de crier tout de suite au scandale sans prendre le temps de voir le « pourquoi ? », outre le fait de gagner de l’argent avec une future version.
Le scénario, en lui-même, n’est pas le point fort de cet anime mais ne le décrédibilise pas pour autant. Autant dire tout de suite que ce n’est pas une prouesse de ce côté-là mais il reste complet et sans incohérences. La présence de background fait plaisir à voir et a son utilité au cours de l’anime sans la rendre trop importante pour éviter toutes scènes inutiles.
Cependant les personnages sont bien exploité et offrent une réflexion sur plusieurs thèmes, ils sont la base de tout le développement psychologique de Kaneki et de toutes questions/réflexions philosophiques dans l’anime.
De ce côté-là, l’anime cherche à faire réfléchir son spectateur sur des problèmes de discrimination et d’appartenance qui peuvent se transposer dans notre vie quotidienne. D’où la discrimination engendre de la discrimination, la haine engendre de la haine et la vengeance engendre de la vengeance. Avec subtilité, puisque ces problèmes sont une métaphore et une exagération de ce qui se passe ou de ce qui s’est passé dans notre monde.
Pour en revenir aux personnages, le travail du casting pour les voix est une vraie réussite, on a des voix qui conviennent très bien à leur personnage. Kaneki a une voix ni trop aigüe ni trop grave ce qui, au passage, accentue le côté neutre et banale de ce personnage, Lize en possède une qui vient dans la continuité de l’idée d’attirance et je ne décrirai pas les autres pour la bonne surprise ;).
Et pour finir, l’OST, il s’apparente plus à un OST de film ou de série et donc ne se remarque pas particulièrement, sauf pour quelques pistes. Mais du coup il porte bien l’anime sans que la musique devienne plus intéressante que celui-ci, il est donc présent intelligemment pour bien renforcer la sensation de chaque passage. L’opening est, lui, un peu à l’image de l’anime, un peu spécial mais il a beaucoup de charme et ouvre plutôt bien chaque épisode. Du côté de l’ending on a plutôt une musique reposante qui remplit bien sa mission de conclusion d’épisode.
Ainsi, tout le travail de la réalisation est présent pour valoriser l’aspect psychologique de Kaneki (et philosophique) et les personnages. L’anime remplit son but qui était d’amener son personnage principal à la fin de son développement psychologique et de sa prise de décision. Un développement qu’on suivra pendant 12 épisodes sans fautes.
Au niveau de l’adaptation, il est clair que l’anime est différent mais il procède à un véritable travaille qui porte ses fruits, notamment au niveau de l’animation/réalisation qui dépasse l’œuvre d’origine. On criera à l’adaptation scandaleuse pour les différences qui s’y trouvent mais l’anime se porte très bien avec et même mieux que si il avait été plus fidèle. C’est une bonne adaptation également. Un sept chaleureux donc pour Tokyo Ghoul qui le mérite amplement même si j’ai arrondi ma note qui était de 7,5.
Petit plus : la coïncidence me semble amusante mais lors de l’ouverture de l’anime dans le premier épisode, la musique qui passe est de registre tragique ce qui est le nom du premier chapitre du manga Tokyo Ghoul. Surement une coïncidence mais il est amusant de faire le lien.