Tokyo Ghoul: Le steak au fond du congélo.

Avant de commencer cette critique, je tiens à préciser que je n'ai pas lu le manga et que j'ai regardé cet animé sans la moindre connaissance préalable du matériau de base, je ne comparerai donc à aucun moment l'adaptation et l'oeuvre originale.

Après avoir visionné les premiers épisodes de Tokyo Ghoul , je n'ai pas pu m’empêcher de faire le
parallèle avec un animé sorti cette année, étant donné la présence de certaines similarités au niveau du propos tenu. En effet Kiseiju à l'instar de Tokyo Ghoul aborde la question de la prédation et du rapport entre la morale humaine et la survie, tout en mettant en scène un personnage principal qui fera office de médiateur entre deux maillons de la chaîne alimentaire. Mais là ou Kiseiju présentait ses parasites comme des entités dénuées d'émotions, et dont la seule finalité était la survie, Tokyo Ghoul décide de brouiller cette ligne entre l'homme et son prédateur. Certaines ghoules décident de former une communauté pacifique, qui se nourrit sans prendre de vies humaines, alors que d'autres laissent
libre cours à toutes leurs extravagances culinaires.

Les premiers épisodes de Tokyo Ghoul sont réellement captivants , et c'est en grande partie du à la découverte des Ghouls et de leurs différents modes de vie. La lutte interne qui ronge le Personnage principal , tiraillé entre son besoin de se nourrir et son désir désespéré de s'accrocher à son humanité constitue également une très bonne entrée en matière, et donne lieu à certaines scènes très sympathiques. Malheureusement les humains ne sont pas traités avec autant de soin , et si l'animé à le mérite de ne pas être trop manichéen, certains personnages tombent néanmoins très vite dans la caricature et sont réellement difficiles à prendre au sérieux. L'exemple le plus probant étant le duo d'inspecteurs qu'on suit durant la majeure partie de la première saison, et qui est constitué grosso-modo d'un sadique générique, et d'un type dont j'ai oublié le nom et qui a à peu prés autant de présence qu'une pomme de terre.

Le maigre contenu d'informations distillées sur ces deux personnages à l'occasion d'un où deux flash-back ne suffisent pas à légitimer leurs manières de penser, ce qui a une conséquence catastrophique sur leurs dialogues qui s'avèrent aussi creux que leurs motivations. Mention spéciale à Pomme de terre dont la logique se résume à " Ghouls méchants, humains gentils, moi fort", et qui n’apparaît malheureusement pas tant comme un personnage étroit d'esprit que comme un idiot incapable de mettre à profit les deux neurones qui lui restent, et étant donné le propos de Tokyo ghoul, cela est incroyablement préjudiciable. Le récit perd du coup une part de son intérêt et cette capacité à susciter des sentiments contradictoires chez le spectateur et à le faire réfléchir s’évapore.On se retrouve alors par defaut du coté des Ghouls, non pas grâce à un plaidoyer sans faille de leur part, mais simplement parce que l'opposition n'a absolument rien à offrir.

J'aimerai également m'attarder sur le personnage principal qui souffre malheureusement du même problème que les deux gus cités plus haut. Très peu actif dans le contexte de l'histoire, la présence de Kaneki n'est réellement forte que dans les premiers épisodes, avant de s'estomper peu à peu. Plutôt que de raconter l'évolution du personnage par rapport au contexte dans le quel il progresse,Tokyo Ghoul décide de placer son personnage principal comme simple spectateur de l'action. Les moments en introspection se font rare et on se rend compte qu'on ne sait rien du personnage principal excepté qu'il ne veut pas manger les gens. C'est cette timidité dans l'avancement de la pensée du personnage qui laisse un arrière gout amer lorsque ce dernier est poussé à évoluer et à changer dans le dernier épisode. Il peut être marquant de voir les idéaux d'un personnage voler en éclat, mais seulement
si l'importance des dit idéaux pour le protagoniste est établie au préalable et légitimée.

Tokyo Ghoul était un animé prometteur, et les premiers épisodes me poussaient à penser qu'il avait réellement quelque chose à offrir, néanmoins la gestion maladroite des personnages, et la timidité consternante dans le développement des idées laissent un arrière gout très déplaisant. Ce qui aurait put être une lutte de point de vues très intéressante entre deux communautés d'une même société, finit en simple divertissement du dimanche soir.Il y'a bien quelques combats sympathiques ,l'ambiance horrifique est pas trop déplaisante, et Miyano mamoru a apparemment oublié de prendre ses médocs avant d'enregistrer, ce qui nous donne certaines scènes étrangement captivantes, mais en définitive on se retrouve avec un produit assez médiocre qui est sauvé de la fosse à navets par son portrait de l'intégration des Ghouls dans la société. Je modère donc mes attentes pour la saison 2, étant donné l'orientation purement action que l'animé semble prendre.