Tout comme les loups , les hommes ont soif de liberté

Est ce que ça vous est déjà arrivé de tendre la main vers un rocher recouvert de mousse, une fleur où même un ruisseau, dans l'espoir de pouvoir toucher cette nature qui vous apparaît si belle qu'elle vous donnerait presque envie de devenir ermite et de vivre en communion avec la nature, avant de réaliser comme un idiot que vous êtes devant un écran recouvert des résidus de caramel laissés par votre main après avoir descendu un sceau de pop-corn ? A moi non plus, mais si je devais un jour saloper ma télé de la sorte, ce serait sans doute devant Les Enfants Loups.

Après avoir accouché de deux films sympathiques ( la traversée du temps et Summer wars), Hosoda Mamoru reviens à la charge avec une nouvelle production qui va quelque peu s'écarter du terrain narratif habituel du réalisateur. En effet, exit l'adolescence et bonjour le monde difficile et sans pitié des adultes et surtout des mamans . On nous plonge ainsi dans le quotidien d'Hana, étudiante qui tombe amoureuse d'un homme-loup, à qui elle donnera deux enfants ( loups eux aussi ) , qu'elle décidera ensuite d'emmener vivre à la campagne afin de préserver leur secret.

Après un début quelque peu abrupt, le film commence rapidement à prendre la teinte qui sera la sienne durant la majeure partie du récit, et nous vend un décor des plus bucoliques qui sera le cadre de vie de nos louveteaux. La narration avance à pas feutrés et prend son temps, dépeignant la vie de nos trois protagonistes, les difficultés qu'ils rencontrent et leur évolution aux fils des années, sans ne jamais oublier de saupoudrer ici et là un peu d'optimisme, d'enchantement et de drame. Si le scénario en lui même n'a rien de réellement transcendant et est même plutôt prévisible par moments ( beaucoup d'histoires se sont déjà attaquées à l’intégration et la différence) , c'est la manière dont celui-ci est traité et la tendresse suintante de certaines scènes qui font que le récit fonctionne, et plus important encore, touche.

Après la poésie des mots, attardons nous sur la poésie de l'mage et du son, et peu importe sous quel angle on regarde la bête, le verdict reste le même: Les enfants loups transporte le spectateur et se paye même le luxe d'arracher deux où trois rétines sur le chemin. Jamais une "fausse" nature n'aura eut l'air si vraie et surtout si envoûtante. Le film enchaîne les plans somptueux de grands espaces aérés et verdoyants et s'offre même une scène dans la neige tout simplement magnifique. Le tout porté par une composition musicale de premier ordre, donne un véritable hymne à la liberté criant de passion. On entendrait presque l'appel des grands espaces.

Les enfants loups , ou comment devenir en un seul film une valeur sure du long métrage animé. Hosoda Mamoru se surpasse et nous offre là sans doute son oeuvre la plus personnelle et sans l'ombre d'un doute, la plus réussie. Les visuels somptueux se succèdent et illustrent ce récit de la différence et de l'émancipation avec un brio certain. Seules ombres au tableau: une fin en demi teinte pas des plus satisfaisantes, et un éloge de la nature qui bien que très démonstratif, n'atteindra pas l'excellence lyrique du maître Miyazaki et sa princesse mononoké. Mais après tout n'est pas Hayao Miyazaki qui veut, et en l'état Les enfants loups côtoie l'excellence .