Critique de l'anime Monster

Deux maximes me viennent à l'esprit après avoir enduré Monster pendant près de 3 mois:

- Trop de cliffhanger tue le cliffhanger (mais non ce n'est pas une citation de Stallone...)

- Le Monstre c'est les autres (mais non c'est pas un spoil...)

Bon autant l'avouer dès le début de l'interrogatoire. Oui je plaide coupable: J'ai pas aimé Monster l'anime! Et je revendique!

Mercredi 27 août 2008, 20h32, Toulouse, Haute-Garonne:

Le prévenu s'ennuie chez lui, il pleut et on lui parle depuis longtemps d'un thriller animé particulièrement réussi. Peu demandeur de ce genre de programme, le prévenu, d'habitude enjoué, s'élance pourtant avec confiance vers ce monstre sacré (hohoho! on peut être flic et avoir le sens de l'humour...)de la japanimation.

Lundi 24 novembre 2008, 00h57, Banlieue Parisienne:

C'était visiblement une erreur, le prévenu, désormais noir (mais non ce n'est pas Obama...[mais non ce n'est pas une blague à Berlusconi...]) et aigri, est surpris chez lui en train de déverser le contenu de l'anime dans sa corbeille informatique après un visionnage long et douloureux.

Afin de reconstituer les 3 mois qui ont transformé cet homme affable en un personnage cynique et manipulateur (mais non c'était pas déjà le cas avant), je dois rentrer dans la peau du personnage: "Je suis le prévenu. Je ne sais pas où aller. Je suis le prévenu..." *tapotement d'ordinateur mimé*

"Je suis le prévenu et je me penche sur la réalisation technique. C'est beau et c'est bien foutu. L'atmosphère souvent oppressante est bien retranscrite et les personnages, même s'ils semblent souvent dessinés à partir d'un même patron, sont plutôt réussis. De plus la réalisation a pensé que les ans qui s'écoulent modifient parfois l'apparence des humains.

C'est simple mais bien vu et toujours le bienvenu dans une production qui se veut assez réaliste.

L'animation en elle même est tout à fait satisfaisante voire de très bonne facture en veillant souvent à ce que les déplacements et attitude de tout un chacun n'apparaissent pas trop saccadés. Un petit bémol concerne cependant l'utilisation répétée de plans fixes mais pour une série de 74 épisodes on peut comprendre.

Je suis le prévenu et j'ai aimé l'aspect technique de Monster."

"Je suis le prévenu et je me dirige maintenant vers l'aspect sonore de la série. Là encore, la réalisation semble avoir tenu à faire de cette partie de la production un acteur à part entière du déroulement de la trame et il est possible de remarquer que dès le générique (dont le thème revient souvent au cours des épisodes en eux-mêmes) l'ambiance générale de la série est mise en place.

Le doublage est bien assuré par les comédiens même si certains ont encore de ces voix caricaturales pour lesquelles on sait déjà que le doublage français ne pourra pas trouver de caractère similaire (cf Baby notamment).

Je suis le prévenu, j'ai apprécié la cohérence d'ambiance dans laquelle s'est intégré l'aspect sonore de Monster."

"Je suis le prévenu, je m'intéresse désormais au scénario de Monster. Je m'inquiète de savoir comment on va nous tenir en haleine pendant 74 épisodes. J'ai ma réponse assez rapidement. On ne va pas nous tenir en haleine pendant 74 épisodes, 50 tout au plus. Le reste sert à alimenter notamment la galerie de portraits que possède la série. Le scénario parti sur des bases alambiquées (et prometteuses) s'étiole vers la moitié de la production avant de se terminer dans une intrigue tout ce qu'il y a de plus banale malgré une tentative de redynamiser l'enquête dans les 15 derniers épisodes. Finalement le dénouement paraît forcé et précipité comme si on avait forcé l'auteur à en terminer coute que coute. Dommage notamment car tout le décor de l'affaire dans cet Europe Centrale de fin de XXème siècle est bien trouvé, documenté et intéressant.

Je suis le prévenu, j'ai trouvé que l'intrigue de Monster était une grosse mascarade malgré un emballage attrayant. Je suis le prévenu, j'ai été fatigué de ces fins d'épisodes sur des soi-disantes révélations et ses prétendus retournements à répétition."

"Je suis le prévenu, je termine mon exposé des constatations par un succinct et non exhaustif tour de vue des personnages de la série. En marge des personnages principaux fouillés, détaillés et avec une psychologie qui leur est propre que l'auteur développe tout au long de l'œuvre, on retrouve un ensemble de personnages divers mais malheureusement inégaux tant par leur traitement que par l'intérêt qu'ils apportent à l'histoire. C'est notamment à cette abondance de portrait que Monster doit sa durée sans doute excessive et son faux-rythme. Mais certains de ces sujets sortent cependant du lot et viennent nourrir parfois l'intérêt du spectateur quant à leur sort.

Je suis le prévenu, j'ai trouvé louable l'intention de multiplier les acteurs mais je regrette que l'auteur se soit finalement égaré dans sa galerie des glaces.Je donne notamment une très mauvaise appréciation concernant le pantin automatisé qui tient lieu de policier fédéral et à qui on a donc du attribuer un concours d'état malgré son autisme patenté."

"Je suis le prévenu, je tente de conclure le rapport qui m'a mené à la folie destrutrice qui a coûté la vie informatique à une série. Je n'ai pas réussi à discerner la pression insoutenable du suspense qui aurait du être intrinsèque à ce genre de série. Je reconnais que l'entrée en matière est réussie mais la production n'a pas su tenir la distance malgré une présentation sonore et visuelle plus qu'appréciable.

Je ne laisse qu'une note mais personne ne sera là pour la lire. Quel dommage! c'était pourtant une si jolie note. Trois."